Gnomon

Gnomon t.1 de Nick Harkaway, une dystopie descendant en droite ligne du 1984

Une enquête très spéciale

Bienvenue en Grande-Bretagne quelque part dans un futur proche. La monarchie a été remplacée par une République basée sur la démocratie directe et surtout par le « Témoin », qui surveille en permanence chaque citoyen et citoyenne grâce aux caméras et micros qui parsèment le territoire. Certains s’y opposent comme l’écrivain Diana Hunter. Au cours d’un interrogatoire par lecture mentale (on ne badine pas avec les opposants), elle perd la vie… L’inspectrice Mielikki Neith est chargée de mener l’enquête sur sa mort en explorant le psychisme d’Hunter (malgré sa mort) avec l’aide du Témoin. Or, l’esprit de Diana Hunter cache trois mémoires différentes : d’abord celle d’un trader grec, ancien petit génie des mathématiques, qui a croisé un grand requin blanc ; celle d’une alchimiste carthaginoise, ex-compagne de Saint-Augustin ; enfin celle d’un vieux peintre éthiopien réfugié à Londres, qui découvre peu à peu la naissance d’un système informatique chargé de contrôler la pensée des gens (tiens tiens). Mielikki Neith va devoir peu à peu remettre en cause toutes ses certitudes concernant ce monde…

Un roman très ambitieux

Auteur de Gonzo Lubitsch ou l'Incroyable Odyssée (Robert Laffont, 2010), Nick Harkaway avait jusqu’ici peu fait parler de lui dans nos belles contrées francophones. Avec Gnomon, qui veut dire en grec ancien indicateur ou instrument de connaissance, il livre une dystopie descendant en droite ligne du 1984 de George Orwell. Contrôle social, contrôle des esprits, oppositions réprimées… Le monde contrôlé par le Témoin angoisse le lecteur. Ce premier tome promet beaucoup en tout cas. On regrette par contre un trop grand nombre de dialogues dans les passages consacrés aux trois « mémoires ». On attend surtout le deuxième tome pour comprendre de quoi il en retourne. A essayer.

Sylvain Bonnet