Grande-Bretagne. Futur proche. La monarchie constitutionnelle parlementaire a laissé place au Système, un mode de démocratie directe où le citoyen est fortement incité au vote. La population est surveillée en permanence par le Témoin : la somme de toutes les caméras de surveillance et de tout le suivi numérique que permettent les objets connectés.
Au cours d’un interrogatoire par lecture mentale, la dissidente Diana Hunter décède. Pour mener l’enquête, Mielikki Neith, une inspectrice du Témoin, doit explorer la psyché de Hunter. Mais à la place, elle se retrouve confrontée à trois mémoires différentes : celle d’un financier grec attaqué par un requin, celle d’une alchimiste et celle d’un vieux peintre éthiopien. Pour Neith, dont les certitudes commencent à s’effriter, un incroyable voyage au cœur de la pensée humaine commence. Aussi déroutant que dangereux.
Voyage au bout de la condition humaine
L’inspectrice Mielikki Neith continue d’explorer la conscience de Diana Hunter ainsi que des trois personnalités qu’elle s’est fabriquée : un peintre éthiopien, Berihun Bekele, un banquier grec, Cosntantin Kyriakos, hanté par la mort de son grand amour Stella (et un grand requin !) et une alchimiste antique, Athénais, ex-compagne de… Saint-Augustin, auteur de La cité de Dieu, lui-même. Au fur et à mesure, l’inspectrice, de plus en plus épiée, finit par se poser des questions sur elle-même, le système tout-puissant – Le Témoin - qui surveille l’Angleterre démocratique. Et qui est-elle réellement au fond ? Mielikki Neith entame donc un voyage peut-être sans retour. Et pour découvrir quoi ?
Un récit plein de pièges et de chausse-trappes
Ce second tome de Gnomon confirme ce qu’on avait pensé de la lecture du premier : le roman est ambitieux mais touffu. Très compliqué aussi. On a donc ces trois récits qui s’entremêlent, souvent intéressants, dont on se demande parfois s’il n’aurait pas fallu les élaguer un peu. Car, au final Gnomon est autant une dystopie qu’une interrogation sur la conscience de soi : à partir de quel moment suis-je un individu ? Gnomon renvoie à la gnôsis en grec, c’est-à-dire la connaissance de soi et du monde. On pourrait presque y voir aussi une référence aux anciens gnostiques, un courant mystique passionnant. Force en tout cas est de constater que, pour arriver à cette connaissance, le lecteur doit se révéler patient car ce roman souffre de beaucoup de longueurs. Toutefois, Gnomon reste un livre ambitieux qui fera les délices des amateurs de dystopie et de romans (compliqués) à clefs. A lire.
Sylvain Bonnet