Dans un monde qui n’est plus qu’un vaste no man’s land fourmillant de dangers, l’humanité ne subsiste qu’en quelques cités-États décadentes, où la violence fait loi. Quand Mathian, soldat dans l’armée de Salina, apprend que son frère Raul a été banni de la ville, il déserte et part à sa recherche. Avec son ami Blaine, il sait qu’il devra affronter des adversaires aussi mystérieux qu’insaisissables : les blafards. Dans sa cabane perdue au milieu de nulle part, Alej, hanté par les souvenirs, se pense à l’abri. Mais le passé n’en a pas fini avec lui. Il suffira qu’on frappe à sa porte pour qu’il reprenne la route, déterminé à défier ce qu’il fuit depuis trop longtemps. Le cauchemar doit s’achever, quel que soit le prix à payer.
On connait bien Franck Ferric, nouvelliste passé au roman avec notamment Trois oboles pour Charon (Denoël, 2014) et Le chant mortel du soleil (Albin Michel, 2019). Il a un peu disparu des écrans radars depuis quelques années et cette publication en un seul volume de deux romans, se passant dans le même univers, est plutôt à saluer.
Un goût de fin du monde
Avec La loi du désert, on découvre un monde où le désert gagne du terrain un peu plus chaque année et où l’humanité est en guerre avec une autre espèce, les blafards. Mathian est un soldat depuis plus de quatre ans. Il déserte lorsque son frère Raul est condamné et déporté dans le désert. Avec l’aide d’un vieux mécanicien, Blaine, Mathian part à sa recherche tandis que Raul est sauvé par une femme blafarde, Riot, qui lui apprend comment survivre. Mathian et Blaine sont sauvés par des pirates et emmenés à la cité de la lanterne, où Mathian retrouve son frère. Dans Retour à Silence, on fait la connaissance avec Alej, un jeune métis humain/blafard hanté par ses souvenirs et surtout par Ana, morte à cause de lui. On le recherche, Alej va régler ses comptes et aussi affronter son destin.
Un recueil très noir
Déjà paru aux éditions Critic en 2021, ce volume réunit deux cauchemars éveillés se déroulant dans un monde qui descend visiblement du nôtre (le réchauffement climatique et une guerre nucléaire ont tout déglingué apparemment). Notons un petit côté western crépusculaire à la Sam Peckinpah, renforcé par l’ambiance hispanique, notamment avec les noms des personnages et des villes : c’est plutôt plaisant et renforce le côté fin du monde. On vous recommande donc ce recueil et on attend impatiemment des nouvelles de Franck Ferric.
Sylvain Bonnet