La Chronique de 16h16
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Comment s’est décidée cette postface pour le recueil « Aucun souvenir assez solide » d’Alain Damasio ? Comment avez-vous appréhendé l’écriture de cette postface ? J’ai appris, un vendredi midi, par Mathias Echenay, que c’était moi qui devais « m’y coller », alors que je venais de demander à Transhumain, deux heures auparavant: « Au fait, c’en est où, le projet de recueil d’Alain? ». Dans l’après-midi, Alain m’envoya un mail qui allait dans le même sens. Je vous laisse le soin de demander à l’auteur et à l’éditeur pourquoi leur choix s’est porté sur moi pour rédiger une postface. L’idée était de commenter le recueil en mettant l’accent sur la présence d’éléments philosophiques. C’était intéressant, dans la mesure où les références privilégiées d’Alain Damasio ne sont pas tout à fait les miennes (monade vs nomade, pour faire vite!), et où j’ai donc eu à commencer par un petit « dépaysement » en me replongeant dans Deleuze, par exemple. La postface a été écrite avec un sentiment d’urgence, l’envie de rendre quelque chose de convenable en temps et en heure. J’ai commencé par quelques lectures et relectures roboratives des auteurs de philosophie préférés d’Alain – Nietzsche, Deleuze, Sloterdijk… – en même temps que je découvrais, au fur et à mesure, les dix nouvelles. La lecture de philosophie pure a donné le climat général de l’écriture, et certaines grilles d’analyse importantes (même si le lecteur a échappé à des développements interminables sur la philosophie du jeu, le thème du « jeu du monde », et sur la théorie aristotélicienne du mouvement!); et chaque nouvelle, annotée dans les marges, son lot de petites remarques, parfois fécondes (le gambit, par exemple), parfois abandonnées. Peu à peu, les deux champs – textes d’Alain, philosophes de référence – ont convergé. Ensuite, j’ai pris la décision de parier sur l’unité du recueil, et de commenter les nouvelles dans l’ordre qui servirait le mieux la démonstration que je voulais proposer, le but de celle-ci variant parfois, au fil de l’écriture de C@PTCH@ notamment… Le risque était d’écraser l’originalité et la valeur propres à chaque nouvelle. Mais j’ai pris le parti de tenter l’exercice de conciliation entre l’unité du propos, et l’attention aux qualités propres à chaque nouvelle. Voilà, maintenant vous savez comment, après les dix bouteilles de Bord(amasi)eaux, c’est moi qui ai le plaisir de servir au lecteur un (Syst)Armagnac… |