The Witcher
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La conscience est toujours aussi incompréhensible. Le fait que la production du comportement doive s’accompagner d’une vie intérieure subjective demeure tout à fait mystérieux. Nous avons de bonnes raisons de croire que la conscience provient de systèmes physiques, les cerveaux, mais nous ne savons pas comment cela se produit, ni pourquoi elle existe. Comment un système physique comme un cerveau peut-il également être un sujet d’expérience ? Pourquoi cela fait-il de l’effet d’être un tel système ? Les théories scientifiques actuelles ont du mal à aborder les questions réellement difficiles relatives à la conscience. Ce n’est pas seulement qu’il nous manque une théorie précise ; nous ignorons tout de la façon dont la conscience s’intègre dans l’ordre naturel. (…) Dans ce livre, j’ai supposé que la conscience existe : redéfinir le problème et prétendre qu’il s’agit d’expliquer comment sont accomplis certaines fonctions et certains processus cognifits ou comportementaux est inacceptable. Voilà ce que j’entends par prendre la conscience au sérieux. Certains disent que la conscience est une « illusion », mais qu’est-ce que cela pourrait bien signifier ? Il me semble que nous sommes plus assurés de l’existence de l’expérience consciente que de l’existence de n’importe quoi d’autre en ce monde. J’ai plusieurs fois tenté de me convaincre qu’il n’y a rien, que l’expérience consciente est vide. Cette idée est séduisante et les philosophes l’ont exploitée de tout temps mais, en fin de compte, elle est parfaitement insatisfaisante. Je suis absorbé par une sensation orange et quelque chose se passe. Cela requiert une explication, même après que nous avons expliqué les processus de discrimination et d’action : l’expérience. Il est vrai que ne peux pas prouver l’existence d’un problème supplémentaire, précisément parce que je suis incapable de prouver l’existence de la conscience. Nous connaissons la conscience plus directement que tout autre chose de sorte qu’une « preuve » est inutile. Je ne peux rien faire de mieux que produire des arguments chaque fois que cela est possible, tout en réfutant les arguments adverses. Je ne nie pas qu’il faille pour cela recourir parfois à l’intuition, mais tous les arguments impliquent ici ou là des intuitions, et je me suis efforcé d’être clair à propos des intuitions impliquées par les miens. On pourrait considérer cela comme une ligne de démarcation dans l’étude de la conscience. Si vous soutenez qu’une réponse aux problèmes « faciles » (la liaison entre conscience et action) explique tout ce qu’il y a à expliquer, alors vous obteniez un type de théorie ; si vous soutenez qu’il existe en plus un problème « difficile » (la nature qualitative, presque ineffable, de l’expérience subjective), vous en obtenez un autre. Au-delà d’un certain point, il est impossible d’argumenter en passant outre cette division. L’existence d’un problème supplémentaire me semble évidente ; d’autres pensent le contraire. Nous devons simplement apprendre à vivre avec cette division fondamentale. Ce livre peut intéresser les partisans de la seconde position ; en réalité, il s’adresse à ceux qui ressentent le problème jusque dans leur chair. |