Une nouvelle inédite d'Alain Damasio dans Le Monde diplomatique

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Dans l'interview accordée à ActuSF, Alain Damasio nous parlait de Fusion, son projet transmédias en cours qui réunit également Kostadin Yanev, Catherine Dufour et Norbert Merjagnan.
 
Dans Le Monde diplomatique, l'auteur de La Horde du Contrevent partage Vos souvenirs sont notre avenir, une nouvelle inédite qui s'inscrit dans ce projet.
 
En voici un extrait :
 
« Une sentinelle mémorielle est pure surface d’inscription. Elle ne doit rien interpréter. Pas regarder : juste voir. Pas écouter : juste entendre. Ne rien ressentir : juste recevoir. Une sentimem est un disque de cortex sur lequel le laser du réel vient graver ses exactitudes. » J’aime la poésie bizarre d’Argus, mon mentor. Hier, il m’a dit : « Ava, je t’ai prise parce que tu es la plus brillante hypermnésique que j’aie pu former. Ton pouvoir de restitution est d’une précision hors norme, avec des taux de fidélité aux discours supérieurs à 99 %. Mais tu as un défaut très pénible pour ceux qui s’injectent tes souvenirs : tu n’arrives pas à éliminer ta subjectivité. Quand j’ingère une réunion secrète en relife, je veux juste pouvoir restituer au client ce qui s’est dit, pas revivre deux heures de réflexion et d’émotions — aussi passionnantes soient-elles. Car tu es passionnante, Ava. Mais de toi, je veux juste des mots exacts. Une rétine qui imprime. Des faits. S’il te plaît, évite de me polluer avec tes sensations ! »
 
La nouvelle est disponible intégralement ici.
 
 
Alain Damasio était aussi chez Les Inrocks pour parler de son rapport au web. Alors que l'auteur poursuit depuis quatre ans l'écriture de son roman Les Furtifs, qui traite de la société de contrôle, le lien avec Internet est justement n'est pas purement fortuit. Les nouvelles technologies sont d'ailleurs une source d'inspiration pour Damasio, qui en évalue les effets, notamment sur la communication comme dans sa nouvelle "So phare Away" où le monde ne communique plus que par les signaux délivrés par les phares mais où justement la saturation des signaux lumineux, des modes de communication rend finalement impossible la compréhension.
 
 
L'auteur s'interroge sur la manière dont ces nouveaux éléments techniques et technologiques, dans la communication mais surtout dans le quotidien, doivent être perçus : émancipation ou aliénation ?
 
Voici un extrait de l'interview disponible dans son intégralité sur le site des Inrocks :
 
" La question à mes yeux se pose donc moins en terme d’aliénation que de pouvoir. L’onoto (l’o(bjet) no(made) to(talitaire)) nous offre énormément de pouvoirs : appeler, agir, s’organiser, se divertir, se cultiver, donner des ordres, acheter, archiver, prendre des images, nous géolocaliser… Il en offre même tellement que je me demande si l’une des causes mal perçues de la désaffection politique, du déclin des engagements, ne vient pas de ce que le pouvoir se vit désormais au creux de la paume, par délégation machinique, à travers l’onoto qui nous télécommande le monde, fait régie ou console, est notre salle de contrôle : on pilote nos existences à partir de lui. On sonne et filtre les gens, on les harcèle ou s’en protège, on leur envoie des ordres ou des mots doux, on drague ou on engueule, alternativement par la voix et par SMS. C’est virtuose et jouissif, déprimant et tuant. Mais c’est là qu’on vit, dans cet espace mental."
 
 
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