Starbone

Starbone

Robert Silverberg n'a jamais caché sa tendresse pour les thèmes classiques de la science fiction, comme le voyage dans l'espace. Mais Robert Silverberg n'a jamais caché, non plus, le cynisme mercantile dont il peut faire preuve dès lors qu'il s'agit de payer les factures. Ainsi n'hésite-t-il jamais à recycler une idée, dès lors que l'opportunité s'offre à lui de la vendre une seconde fois. C'est le cas de Starborne, banale émulsion à base d'une de ses nouvelles datée de 1973, qui figure d'ailleurs dans le deuxième tome des Nouvelles au fil du temps et qui s'intitule Nef ma sœur, Etoile ma sœur.

A la recherche d'un monde terracompatible

On y retrouve les mêmes personnages, embarqués à bord du Wotan, et parti à la recherche d'un monde terracompatible. Là encore, la principale raison d'être de ce long périple est de divertir une Humanité qui s'ennuie ferme sur sa petite planète bleue.

Vingt-cinq hommes et vingt-cinq femmes dans le tunnel gris de l'hyperespace, ne communiquant plus avec la Terre que par le lien télépathique que la troublante Noelle entretient avec sa jumelle, Yvonne, restée à quai.

Quotidiennement, les deux jeunes aveugles entrent en contact, par delà les éons. Jour après jour, Noelle transmet son rapport, et reçoit les nouvelles du monde. Entre les deux sœurs, s'étire le long cordon ombilical qui relie encore l'équipage du Wotan à la planète mère.

Jusqu'au jour où, brin par brin, le cordon commence à s'effilocher…

Ennui

A sa nouvelle, Silverberg s'est contenté que de rajouter, sans grande originalité, quelques explorations planétaires. Il a étoffé sans passion l'histoire d'amour qui s'ébauche entre Noelle et le capitaine, faisant de leurs rapports sexuels, le contrepoint de cette quête de l'Eden.

Evidemment, ce qui fonctionne sur un format court, cette ambiance délétère, cet ennui diffus qui marquent toute la nouvelle d'un charme étrange, ne donne guère, développé sur 309 pages, qu'un long et terne périple vers un climax que l'on n'attends plus vraiment.

Vingt-trois ans après la belle nouvelle qui l'a inspiré, Starborne nous floue, mais tape juste sur un point. Vu de notre bille bleue accrochée dans l'infini, ce voyage est impuissant à nous divertir.