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L'Homme programmé

Aux éditions : 
Date de parution : 31/12/07  -  Livre
ISBN : 9782070321124
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Eric   - le 20/09/2018

L'Homme programmé

En 1971, Silverberg inaugure avec L'Homme programmé une série de romans très portés sur l'introspection. Si c'est pour lui une période particulièrement productive, c'est aussi une période de doute intense, qui se traduit parfaitement dans son écriture. Une âpre quête intérieure qu'il va aborder cette fois, par le biais de la dislocation de la personnalité. Un des thèmes récurrents de son œuvre, en l'occurrence, illustré par l'effrayante banalité de Paul Macy, qui vole doucement en éclat. Parfaite métaphore du doute.

Car si Paul Macy est effroyablement normal, il n'en est pas moins une fiction sociale. Il est né lentement pour occuper l'esprit oblitéré de Nat Hamlin.

Artiste et violeur


Dans cette Amérique policée à l'envi, le crime n'est plus une tendance sociale à réprimer, mais une inclinaison pathologique que l'on se doit de soigner. Mais lorsque le crime est au-delà de la guérison, on oblitère totalement la personnalité du criminel, ne laissant de son esprit qu'une page vierge, qu'il va falloir noircir de nouveau.

C'est ce qui est arrivé à Nat Hamlin, artiste de génie, mais aussi violeur en série. Ainsi, patiemment, fût inventé Paul Macy. Son enfance, son adolescence, et même ses blessures secrètes. Toute l'illusion d'une vie. Lorsqu'enfin il rejoint le monde, Nat Hamlin est mort. Le lifting ne craquera pas. On le lui a garanti…

L'homme ne peut être, que s'il est dual

Encore une fois, le héros de ce roman est un artiste, un homme d'exception. Un génie lumineux, qui se nourrit de sa part d'ombre. Et c'est là tout le propos de L'Homme programmé.

L'homme ne peut être, que s'il est dual. Il n'est, que si le meilleur et le pire peuvent cohabiter. Toute tentative pour faire oublier au monde cette part d'ombre, et, du coup, l'oublier soi-même ne peut être que vaine. Pire ce ne peut-être que destructeur.

Le plus noir ?


Silverberg ne fait rien pour rendre Hamlin sympathique. Il ne craint jamais de nous exposer à ses excès. Cette noirceur délibérée, conjuguée avec la schizophrénie du protagoniste font de L'Homme programmé un roman dur. Délibérément provocateur dans son propos, il flirte parfois dangereusement avec le démonstratif, mais assène son propos brutalement, sans fard. On affronte cette histoire. On s'en saisit ou on la rejette, parce qu'elle nous met face à nous-mêmes, mais elle est toute entière empreinte d'une colère froide face au refus de la nature humaine.

L'Homme programmé est peut-être le roman le plus noir de Robert Silverberg. On en ressort lessivé, parce que c'est une confession intime qu'on y lit. Pas la sienne, non !

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