Je savais bien que j'aurais mieux fait de fermer ma margoulette. Nous voici empêtrés dans un quiproquo qui ressemble à une bataille à front retourné…
Il est vrai que dans
Gagner la Guerre, j'ai voulu secouer cette inertie stylistique et, dans une moindre mesure, narrative. Toutefois, je n'irais pas jusqu'à parler d'un renouvellement des formes, plutôt d'une translation. J'ai appliqué dans un récit fantasy des recettes déjà usées ailleurs. Et oui, c'est vrai, il y a au moins une métaphore : les patriciens ciudaliens, je les ai conçus comme les comparants de nos nouveaux oligarques. Mais là encore, plus qu'une innovation, il s'agit de la transposition fantasy d'une analogie historique avec les banquiers et les politiciens florentins.
Ceci dit, le Vieux Royaume, c'est aussi un jeu avec les clichés les plus éculés de la fantasy canonique. Il y a quelques années, j'ai proposé à différentes maisons d'édition un manuscrit qui bousculait vraiment les canons de la narration fantasy, en ayant recours à une écriture en éclats. Ca, ça n'a pas passé du tout. Je ne m'en plains pas, du reste : il est vrai que ce texte comportait des erreurs de jeunesse… et pour cette raison-là, c'est très bien qu'il ait fini au fond d'un tiroir. Mais l'expérience me confirme dans l'idée que l'édition de la fantasy, et peut-être le public de la fantasy, habitués à des codes narratifs bien huilés, risquent d'être rétifs à de vraies innovations littéraires.