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Interview 2015 : Lou Jan pour Sale Temps
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Interview 2015 : Lou Jan pour Sale Temps

ActuSF : Votre roman Sale temps est paru en février 2015 aux éditons Rivière Blanche. C'est votre premier roman publié mais vous avez de nombreuses nouvelles et autres textes que l'on peut trouver sur votre blog. Depuis quand écrivez-vous ? Quel est votre histoire d'autrice ? 
 
Lou Jan : J’écris depuis que je sais tenir un crayon. Des romans de science-fiction et aussi des récits de voyage. J’ai mis très longtemps à être éditée. J’ai 4 manuscrits non publiés dans mes tiroirs qui n’ont pas trouvé preneur. Je fais confiance au travail d’éditeur. Je ne crois pas à l’artiste maudit. Si un roman n’est pas publié, c’est qu’il n’est peut-être tout simplement pas assez bon ! Au final, j’y suis arrivée. Mon 5ème manuscrit a été repéré par la ville d’Epinal dans le cadre du speed-dating des Imaginales. C’est là que j’ai rencontré mon éditeur, Philippe Ward de Rivière Blanche. Je ne le remercierai jamais assez. Ma carrière d’écrivain a commencé là. Je suis revenue aux Imaginales cette année en tant qu’auteure invitée. La boucle est bouclée. Ou alors ce n’est que le début du voyage ?
 
 
 ActuSF : Pouvez-vous nous présenter Sale temps, ce roman qui traite "du manque de temps, à travers une histoire de mondes parallèles" ?
 
Lou Jan : Sale Temps est l’histoire de personnages qui arrêtent le temps. Plus que cela. Ils volent le temps à leurs doubles dans un univers parallèle. Au début, ils sont les seuls à le faire. Puis la méthode se répand et le monde sombre dans le chaos.
 
Le temps est un sujet au cœur de mes préoccupations, car j’en manque, comme tout le monde. C’est un de mes fantasmes de pouvoir l’arrêter. Le temps est une ressource extrêmement précieuse. Le plus beau des cadeaux n’est-il pas de donner de son temps ?
 
Le temps est à la fois un ami et un ennemi. « Le temps adoucit tout » dit Voltaire. Un ami qui apaise les chagrins, les deuils et donne du recul sur les accidents de la vie. « Le temps est un grand professeur mais malheureusement il tue ses élèves » répond Berlioz. Un ennemi qui grignote notre futur jusqu’à ce qu’il n’en reste rien. Notre rapport au temps est très ambivalent. C’est pour y voir plus clair que j’ai écrit Sale Temps.  Mais stopper les heures a hélas aussi des conséquences !
 
ActuSF : Un de vos héros, Olgann, champion de ski, arrête le temps pour gagner des compétitions. Est-ce que quand l'homme manipule le temps, c'est forcément pour tricher, un peu comme le passe-muraille de Marcel Aimé, qui franchit uniquement les murs pour cambrioler les banques ? 
 
Lou Jan : J’aurais pu faire l’inverse, créer un personnage qui fasse le bien en arrêtant le temps. Mais il m’a semblé que l’histoire serait plus captivante avec des tricheries et des entourloupes. Peut-être ai-je tort. C’est une belle comparaison en tout cas. Le passe-muraille perd son don à la fin, alors que dans « Sale Temps », tout le monde finit par arrêter le temps. Ce qui revient au même !
 
 ActuSF : Un champion  de ski qui veut grappiller quelques microsecondes pour remporter la première place du podium, un businesswomen qui gèle le temps la nuit pour travailler pendant son sommeil et rester performante au travail…  Sale temps se veut-il un regard, une interrogation, sur notre propre société toujours pressée et débordée ? 
 
Lou Jan : Oui, tout à fait. Les humains n’ont eu de cesse au cours des millénaires d’essayer de gagner du temps. En vivant plus longtemps, grâce aux progrès de la médecine et de la science. En vivant plus vite, grâce aux nouvelles technologies et au développement des transports. Il y a 150 ans, Dumas disait déjà  « Supprimer la distance, c’est augmenter la durée du temps. Désormais on ne vivra pas plus longtemps, seulement on vivra plus vite ». La manière de gagner du temps n’est-elle pas à l’opposé ? Ralentir ? Profiter de l’instant ? Dilater une heure à travers une activité qu’on aime. La lecture. La conversation avec quelqu’un qu’on apprécie. Une passion. S’arrêter sur un instant pour en savourer toute l’épaisseur. Je pense qu’il faut savoir étirer le temps.
  
ActuSF : Les mondes parallèles de Sale temps sont des échos les uns des autres, ils ont parfois des effets entre eux, leurs habitants ont eux-mêmes leurs doubles sur d'autres mondes… Cela m'a fait penser aux Ombres dans les Neuf Prince d'Ambre de Roger Zelazny. Est-ce une inspiration ? Comment avez-vous conçu vos mondes parallèles ?
 
Lou Jan : J’ai voulu voir quel serait notre rapport au temps si l’on changeait des paramètres : si l’on était immortel, si l’on vivait durant la préhistoire, si la science était plus évoluée, ou moins… J’ai fait des expériences sur le temps, en somme. Mais la vérité est que je voulais surtout m’amuser et amuser le lecteur en créant une foison d’univers étranges. Je ne me suis pas inspirée de Zelazny … que je mets donc immédiatement sur ma PAL ! 
 
 
 ActuSF : Sur votre blog on trouve vos articles sur les interfaces hommes machines, sur le monde avant et après internet…. Les nouvelles technologies, ça vous fascine ?  
Lou Jan : Oui, vraiment. J’ai toujours été portée vers les nouvelles technologies et le futur en général. Le futur est passionnant car, contrairement au passé, il peut être changé. Cela nous donne un pouvoir immense…
  
ActuSF : Travaillez-vous sur d'autres projets en ce moment ?  
 
Lou Jan : Sale temps est le premier volet d’un tryptique sur les ressources clés : le temps, l’amour et le corps. Les trois livres pourront être lus indépendamment, n’ayant pas les mêmes personnages et ne se situant pas dans le même univers. Je suis en train de travailler sur le deuxième volet traitant de l’amour (sans que ce ne soit une romance). Toujours en Science-Fiction. On a un peu philosophé dans cette interview, mais ce qui compte dans un livre, c’est d’abord une bonne histoire, bien ficelée, qui fait tourner les pages et passer des nuits blanches ! Je vous promets encore de l’action dans mon deuxième roman.
  
ActuSF : Où pourra-t-on vous trouver en dédicace ?
  
Lou Jan : Je serai à la librairie Trollune à Lyon le 25 juillet prochain après-midi pour leurs 10 ans. Puis à la rentrée, vous pourrez me retrouver aux Intergalactiques à Lyon encore, et au Festival de l’Imaginaire de Sèvres ainsi que dans d’autres librairies. J’annonce tout au fur et à mesure sur ma page Facebook. 
 
 ActuSF : Le mot de la fin : quelles lectures pouvez-vous nous conseiller pour cet été ?    
Lou Jan : J’adore les auteurs de SF français, qui ont un petit plus dans le style par rapport aux américains. J’aime bien lire les sorties récentes pour voir ce que mes « collègues » font. On apprend beaucoup de choses en lisant. Cette année, j’ai craqué pour Votre mort nous appartient d’Antoine Lencou, Un éclat de givre d’Estelle Faye, Dans les veines de Morgane Caussarieu, et Les tisseurs de temps d’Eva Simonin. Et puis, faites un tour du côté de Rivière Blanche avec Les Promesses d’Atro City de Solenne Pourbaix.
 
 
 

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