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Les coups de coeur de Jean-Luc Rivera - Mars 2014
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Les coups de coeur de Jean-Luc Rivera - Mars 2014

Le Bâtard de Kosigan de Fabien Cerutti

La fantasy française se porte bien, elle compte nombre d'auteurs talentueux et originaux: voici un nouveau venu, Fabien Cerutti, qui vient se joindre à eux avec "Le Bâtard de Kosigan. L'Ombre du pouvoir" (Mnémos). Le Bâtard de Kosigan, c'est le chevalier Pierre Cordwain de Kosigan qui, comme son sobriquet l'indique, est issu de la liaison de son père, grand noble bourguignon, avec une humble roturière, mais qui a été reconnu par celui-ci, élevé noblement et a dû s'enfuir à la mort de son père, dépouillé de son héritage et haï par son oncle. Il est devenu le chef d'une bande de mercenaires parmi les plus réputées, à la fois soldats de fortune, assassins et voleurs offrant leurs services aux plus offrants dans cette France féodale de 1339, divisée entre royaume de France en train de se constituer, duché de Bourgogne et comté de Champagne, sans oublier les possessions anglaises et le Saint-Empire. Et sans oublier les anciennes races, impitoyablement pourchassées par l'Eglise catholique lors des Croisades noires, et dont l'un des rares derniers refuges est justement ce riche comté de Champagne, la comtesse étant elle-même une elfe de haut lignage et un esprit politique redoutable. Mais elle est veuve et affaiblie et se trouve prise en étau entre France et Bourgogne : lors d'un grand tournoi, elle devra donner la main de sa fille et ainsi s'allier avec l'un des deux prétendants, perdant ainsi son indépendance et fragilisant encore plus la position des vieilles races. Et c'est là que va intervenir notre Bâtard, un homme cultivé, intelligent, calculateur et tacticien, tricheur mais aussi homme d'honneur à sa manière, excellent jouteur et bretteur, séducteur invétéré, bref un héros comme on les aime, qui va brouiller les cartes en s'inscrivant au tournoi, tout en soulevant nombre de questions : qui est-il vraiment, avec ses pouvoirs de guérison hors norme, son ouïe développée du côté gauche et sa capacité à ressentir la magie ? Pour qui travaille-t-il véritablement ? Et quels sont ses buts ? Nous les découvrirons en lisant ce roman à l'intrigue particulièrement dense, d'autant plus qu'en parallèle, nous lisons la correspondance écrite en 1899 de Michaël Konnigan, professeur d'archéologie médiévale, dernier descendant des Kosigan, un homme qui lui-même semble avoir un passé assez trouble et une conception de l'archéologie plus proche de celle d'Indiana Jones que de l'abbé Breuil, qui vient de recevoir un legs de son ancêtre, un coffre inviolable resté pendant plus de cinq cents ans dans la même étude notariale. Ce que Konnigan va découvrir petit à petit sur cet ancêtre mythique va contribuer à nous accrocher encore plus car le monde de Kosigan et le sien, normalement le même, semblent présenter des divergences : que s'est-il passé ? Vous le saurez en lisant ce roman passionnant, qu'il est difficile de reposer une fois entamé car l'on se retrouve pris dans les intrigues mêlées et concurrentes des différents personnages - dont la superbe comtesse de Champagne et le répugnant Robert de Navarre - et surtout celles de Kosigan lui-même sans parler de celles de l'intrigant Konnigan quelques siècles plus tard. Fabien Cerutti a une très belle écriture et nous fait ressentir avec force l'atmosphère de cette période du Moyen-Age où richesse et misère, arbitraire et légalisme, honneur et traîtrise, superstition et peur se côtoient et se mêlent sous sa plume en un mélange coloré et puissant auquel se rajoutent magie et créatures exotiques, telle Dùn, l'une des mercenaires de Kosigan qui a la capacité de prendre n'importe quelle apparence ! L'auteur connaît manifestement bien cette période historique et le folklore traditionnel ainsi que les religions (il y a un très beau passage p. 279 sur la comparaison entre religions anciennes et christianisme, expliquant pourquoi celui-ci triomphe et se développe) ce qui donne une crédibilité supplémentaire au roman. Un bien beau premier roman, de la grande fantasy !
 
L'Evangile cannibale de Fabien Clavel
Je lis Fabien Clavel depuis ses débuts : il fait partie de ces trop rares auteurs français qui peuvent écrire dans tous les genres et toujours avec succès, jeunesse ou adulte, humoristique ou sérieux, fantasy ou SF, vampires ou arthurien entre autres. Et là, il réussit, une fois de plus, à surprendre son lectorat avec quelque chose de complètement différent. En effet, "L'évangile cannibale" (Actusf) est une sorte de "road movie" à la française, une épopée de Nanterre aux Jardins du Luxembourg, en fauteuils roulants électriques puisque cette bande de survivalistes acharnés du quatrième âge a survécu, barricadée dans sa maison de retraite, à la transformation de la population en zombies ! A travers les notes de Matthieu Cirois, nonagénaire aigri, teigneux et haineux (et père de Léa Cirois dont nous avions fait la connaissance dans "Le Miroir aux vampires"), nous découvrirons l'épopée post-apocalyptique de ces petits vieux, abandonnés dans (c'est du moins leur ressenti) un "mouroir", qui vont, en quelques jours, passer par toutes les étapes psychologiques possibles, y compris le messianisme, le rationalisme, la dictature et l'illumination. Fabien Clavel joue avec finesse sur les ressorts psychologiques de Matthieu, soixante-huitard ayant abandonné ses idées généreuses, rendu amer et égoïste par sa petite vie bourgeoise étriquée et le refoulement de ses sentiments, dont la paranoïa latente (si on connaît l'échec, c'est bien entendu par la faute des autres qui ne veulent pas que vous réussissiez, vous-même êtes infaillible...) va s'épanouir en ces journées de liberté totale où le monde complote contre lui, portrait saisissant de cette génération qui a renié tout ce pour quoi elle se battait à l'époque du beau mois de mai. Heureusement il reste le whisky...  Ecrit avec un style mélange de Céline et de San-Antonio mâtiné d'Audiard, Fabien Clavel se lâche avec ce roman drôle et cruel, féroce même, gore à l'excès (nous avons droit à de vrais zombies, bien pourrissants, entre autres, l'auteur maîtrise parfaitement tous les codes du genre et en joue), sans concession aucune pour le lecteur (merci pour les scènes de sexe !), bref une jouissance de lecture parfaitement dérangeante donc encore plus jouissive.

La Symphonie des Abysses Tome 1 de Carina Rozenfeld

Carina Rozenfeld nous a offert plusieurs livres, à chaque fois avec une intrigue très original. Elle reste fidèle à elle-même avec le premier tome de "La Symphonie des Abysses" (Laffont, collection R). La jeune Abrielle habite un endroit paradisiaque : un petit village au bord d'un atoll à l'eau bleue magnifique, de belles plages de sable fin, une communauté très soudée, une mère aimante. Mais pourquoi le paradis est-il entouré du Mur, gigantesque et totalement infranchissable ? Et pourquoi la musique y est-elle interdite sous toute forme que ce soit, au point que chanter est une violation grave ? De plus, les hommes  doivent manifester à l'égard des femmes un respect absolu dans leur conduite - aucun geste qui pourrait être considéré comme déplacé, encore moins un acte de violence - alors que celles-ci doivent être d'une modestie absolue, portant toutes une robe grise, un bonnet et un tablier blanc... Et Braden, ex-ami de coeur d'Abrielle, est devenu le gardien en chef, chargé de veiller à ce que personne ne transgresse les règles du Livre, dans un village où les tensions internes sont à leur paroxysme. Or non seulement le père d'Abrielle a disparu, car il ne supportait plus ce carcan, en essayant de sortir de ce gigantesque atoll mais elle-même a chantonné une fois, toute petite. Et ce chant des Abysses lui est resté, une mélodie qui recommence à lui hanter l'esprit, de plus en plus fortement. Lorsque cela va devenir intenable et que Braden, comble de l'ironie - mais qui garde les gardiens ? -, va essayer de la violenter, Abrielle, avec l'assentiment de sa mère, va s'enfuir du village et découvrir ce qu'il peut y avoir ailleurs dans l'Anneau, après avoir traversé la forêt impénétrable de palétuviers, Braden se lançant à sa poursuite.
Et dans un autre village, nous allons découvrir une autre communauté isolée elle aussi, où les enfants n'ont ni sexe différencié ni même différence apparente jusqu'à leur seizième anniversaire où ils choisissent ce qu'ils deviendront - homme ou femme - suite à une injection ; auparavant ces Neutres sont tous élevés communautairement sans affection aucune. Leurs rapports sociaux continueront d'être sévérement limités puisque ensuite l'article 1 du Livre interdit tout contact et même tout rapprochement physique à moins de 30 cm de distance ! Or Sa et Ca ont bravé le tabou suprême : non seulement iels (l'auteur a dû créer des pronoms neutres qui n'existent pas dans notre langue mais elle est obligée de respecter les règles de la grammaire française, donc le masculin pluriel est la norme) se sont tenus la main et touchés mais iels se sont embrassés et iels s'aiment ! Découverts et condamnés, ils réussissent à s'enfuir juste après avoir fait leur choix secret de sexe et avant d'avoir reçu l'injection.
Les trois fugitifs se rencontreront et confronteront leurs expériences avant de partir à la recherche de la ville d'où venait sans doute les hommes, depuis longtemps disparus, qui amenaient des biens divers dans leurs deux villages.
Avec le talent d'écrivain que nous lui connaissons, Carina Rozenfeld nous projette dans un univers décalé par rapport au nôtre mais qui, justement par ces aspects décalés, nous évoque ce que certains fanatiques contemporains souhaiteraient nous imposer : interdiction de la musique, rapports hommes-femmes strictement codifiés ou inexistants, choix du sexe, tout cela amène immédiatement à l'esprit les dérives extrêmes de la religion ou du politiquement correct. L'auteur examine avec finesse les conséquences psychologiques sur les individus de ces rapports sociaux "anormaux" et donc leurs conséquences sur une société dans son ensemble, en particulier les transgressions et les tensions que ces situations peuvent engendrer, sans parler, naturellement, de l'hypocrisie et de l'utilisation des règles par les dirigeants pour se maintenir dans leurs positions. La fin du roman est d'ailleurs une belle leçon, très actuelle, de tolérance et d'amour et un bel exemple du rôle de réflexion et d'enseignement des valeurs que peut et doit remplir la SF, particulièrement celle qui est plutôt orientée vers un lectorat adolescent - mais dont nombre d'adultes devraient aussi profiter -, tout en étant très divertissante et intrigante. Voilà un premier tome qui nous fait attendre sa suite, et les réponses qu'elle apportera, avec impatience.
 
La Promesse de sang de Brian McLellan
 
La fantasy commençait, me semble-t-il, à s'essouffler avec les sempiternels dragons, magiciens et autres nains, trolls et elfes dans un environnement pseudo-moyenâgeux mais, depuis quelques années, il y a un renouveau du genre grâce à des échappées vers de nouveaux horizons. C'est ce que fait avec talent Brian McLellan avec "La Promesse de sang", premier volume des "Poudremages" (Panini / Eclipse), qui nous transporte dans un monde furieusement proche, au niveau politique et culturel, de celui de la France à la veille de la Révolution de 1789. Un roi faible, une noblesse corrompue y compris chez ses magiciens les plus puissants, les Privilégiés, un peuple affamé, tout est en place pour que le maréchal Tamas, héros de guerre prestigieux et Poudremage puissant - cette caste de magiciens qui tire ses pouvoirs de la poudre à canon qu'elle sniffe ! -, renverse le pouvoir en place par un coup d'état soutenu par diverses factions (l'Eglise du dieu Kresimir, le syndicat des travailleurs et la mafia locale plus des légions de mercenaires nationalistes) afin de sauver le pays d'Adro de la déchéance et des mains de ses pires ennemis, les Kezs. Mais Tamas, et les philosophes éclairés avec lui, vont découvrir que les dieux ne sont pas que des inventions religieuses pour dominer le peuple et que rompre l'ordre établi par Kresimir - neuf familles régnant pour toujours sur les neuf royaumes, assistées par les neuf cabales royales - va réveiller des entités qu'il aurait mieux valu laisser tranquilles...
Le roman va d'une part nous montrer les conséquences du coup d'état de Tamas : organisation de la terreur pour le bien du peuple, manipulations en tous genres par tous les opportunistes qui veulent profiter de la situation, complots à tiroirs, organisation de la résistance royaliste et de celle des magiciens Privilégiés qui ne le sont plus. D'autre part nous suivrons l'enquête menée par Adamat, vieux policier intègre, à la demande de Tamas, sur la bande anciennement connue sous le nom de "La Promesse Rompue de Kresimir" et dont le nom a été prononcé dans leur dernier souffle par tous les magiciens assassinés de la cabale royale, enquête qui va le mener vers des territoires insoupçonnés.
McLellan a bâti une société et un monde particulièrement sophistiqués, où tous les rouages sont minutieusement exposés, où les conséquences des actes sont logiques tout en tenant compte du facteur humain - et surnaturel - imprévisible. Son traitement de la magie est très efficace car il n'a pas oublié que la magie aussi doit suivre des règles et il en donne des logiques, que ses personnages savent utiliser astucieusement, ce qui en fait l'un des points forts du roman. Les personnages, que ce soient les principaux ou la foultitude des secondaires, sont d'ailleurs très bien campés, avec leurs réactions diverses et leur psychologie individuelle, dépendant pour les Poudremages et les Privilégiés de leurs dons "magiques" : l'auteur nous montre avec force comment des facteurs infimes vont modifier le cours des choses - par exemple le comportement de l'humble lavandière qu'est Nila, qui sauvera la vie du petit Jakob simplement parce qu'elle aime l'enfant et se retrouve ainsi dans le camp royaliste car celui-ci devient l'héritier du trône en cette période troublée - de même que les relations inter-personnelles - la relation amour-haine suite à l'incapacité de communiquer entre Tamas et son fils Taniel, ou celle de domination de l'archidiocèle Charlemund, roué à la Talleyrand, sur le malheureux Siemone. Et j'avoue avoir particuliérement apprécié la figure du na-baron de Moaka, Mihali, Maître des Chefs d'Or, c'est-à-dire le plus grand cuisinier des neuf royaumes, qui fera comprendre à Tamas que s'assurer la loyauté de la troupe et du peuple repose en grande partie sur trois repas chauds de bonne qualité par jour !
Il est difficile de vous en dire plus sur ce dense roman de 630 pages, à l'intrigue serrée, à l'écriture prenante et d'ailleurs fort bien traduite par Thomas Bauduret qui a fait un beau travail, si ce n'est que c'est l'un des romans de fantasy les plus innovants, surprenants et captivants que j'ai lu depuis longtemps. Un nouvel auteur et un premier roman qui sont une excellente surprise ! 
 
 
 
Hysteresis de Loïc Le Borgne
 
Loïc Le Borgne est un auteur dont j'avais lu avec plaisir certains de ses romans jeunesse : avec "Hysteresis" (Le Bélial) il a écrit son premier roman "adulte", se déroulant dans un de ces mondes post-apocalyptiques qui semblent être la norme de la SF actuelle, reflet sans aucun doute de l'inquiétude pour l'avenir confusément ressentie par l'ensemble de nos sociétés. Il s'agit de la chronique quasi intimiste des événements qui se sont déroulés dans le petit village de Rouperroux, environ une quarantaine d'années après l'effondrement de la civilisation lors de la Panique, raconté par le jeune Romain, fils de l'aubergiste local et partie prenante de ceux-ci. Un jour arrive le "vieux" (il est né dix-huit ans avant la Panique) Jason Marieke, un Américain qui revient sur les lieux d'une partie de sa jeunesse, à la recherche de son amour d'enfance, Gabrielle : et sa quête va soulever nombre d'inquiétudes et faire ressortir de vieux squelettes soigneusement enterrés et oubliés (au sens propre du terme). Elle va aussi faire apparaître au grand jour et aviver les tensions entre ceux qui veulent essayer de préserver les meilleurs acquis de la science passée, comme l'archiviste Aymeric Thévenard ou le père de Romain, ceux qui veulent rétablir un semblant d'ordre et d'orgnisation dans une société revenue quasiment au Moyen-Age, tel Alphonse Chanteclair, l'intendant du gouverneur, et les partisans d'une religion tournée vers la nature et les esprits de celle-ci, toutes ces créatures détruites par la civilisation et qu'il faut remettre à tout prix à l'honneur et respecter pour éviter une nouvelle catastrophe. Et à Rouperroux, fier de son arboretum, Aurore Desmoulins, la guérisseuse par les herbes, conduit le parti de ceux qui veulent que le passé reste mort et que l'on revienne à un état naturel en adorant les arbres, arbres habités par des fées comme le soulignent les enfants jumelles Mélusine et Mélopée, celles auxquelles s'adressent exclusivement les fées. Quasiment construit comme une tragédie classique, avec la règle des trois unités respectée, écrit avec une écriture fluide et précise, ce roman expose implacablement les ressorts de la nature humaine : c'est cela qui fait sa force, la puissance de ces personnages pris par leurs passions et leurs aveuglements, par leurs peurs et leurs égoïsmes, leur volonté d'un pouvoir même dérisoire, et ce à n'importe quel prix. Le plus effrayant est la manière dont l'auteur nous expose, avec la simplicité du regard de l'enfant qu'est Romain, comment fonctionnent la peur et l'obscurantisme, comment la majorité des gens peuvent abdiquer leur liberté de pensée au profit d'une "sécurité" apportée par les "détenteurs de la vérité", surtout quand ce sont ceux-ci qui vocifèrent le plus fort et intimident la majorité silencieuse (malheureusement nos journaux sont remplis au quotidien des déclarations et des actions de ce genre de personnages, toutes religions et toutes couleurs politiques confondues...). A travers l'histoire que nous content Romain et Loïc Le Borgne, nous réalisons que les mécanismes à l'oeuvre dans les procès de Salem ou dans un certain nombre de sectes passées ou présentes sont des mécanismes universels qui peuvent toujours réapparaître, le titre du roman l'indique bien : "Hysteresis". Ce roman, qui m'a fait penser aussi par certains aspects à ce merveilleux film qu'est "The Wicker Man" (celui de 1973) et au célèbre roman de Walter Miller Jr. "Un cantique pour Leibowitz", est à la fois une belle histoire de SF, une belle histoire d'amour et surtout un grand message de mise en garde quant à nos actions et à leurs répercussions sur le monde de nos descendants. Il faut donc lire ce livre, le méditer et ne pas brûler les ailes des fées comme nous le demande Romain...
 
 
 
Le jeune Lovecraft de José Oliver et Bartolo Torres
 
Que n'a-t-on pas écrit sur Lovecraft ! Grâce, entre autres, à Jacques Bergier pour le public français, nous en avions appris beaucoup - totalement fantasmé - sur le "solitaire" de Providence. Et maintenant, José Oliver et Bartolo Torres, avec "Le jeune Lovecraft" (Diabolo Editions), nous apprennent tout ce qe nous voulions savoir sur l'enfance de Lovecraft, magicien puissant s'il en fut... Les démêlés de Howard à l'école avec Big Joe et l'aide précieuse que lui apporte le "puissant oeil de Rammenoth" sans compter ensuite Rammenoth lui-même, ses mésaventures avec Glenn, la goule qu'il a adopté et que ses tantes adorent, ses relations tumultueuses avec la charmante petite nouvelle à l'école, Siouxie, leur visite commune à Baltimore pour voir la tombe de Poe, tout est est d'une drôlerie sans nom, plein de références plus ou moins décalées à l'oeuvre de HPL, parfois d'une cruauté ou d'un cynisme bienvenus. Et je ne vous parle pas des inserts intitulés "Le jeune Lovecraft présente : grandes réécritures des classiques", souvent de petits bijoux (quel talent précoce, ce jeune Loecraft !). Certes tous les lovecraftiens apprécieront ce chef d'oeuvre d'humour et cet hommage à ce grand auteur mais même les non spécialistes peuvent le lire et s'en amuser. Et le bonus final, des dessins souvent fort réussis, réalisés par des fans des comics originaux espagnols, montrent l'enthousiasme généré par cette BD irrévérencieuse. Pour un prix plus que raisonnable (moins de 15 €), voilà une belle arrivée de cette maison d'éditions en France avec ce petit album sympathique.
 
Jean-Luc Rivera

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