A l'occasion de la parution le 23 janvier prochain d'Engrenages et Sortilèges chez Rageot, découvrez une interview d'Adrien Tomas.
Actusf : Engrenages et Sortilèges vient de paraître aux éditions Rageot. Quelle a été l’idée à l’origine de ce roman ?
Adrien Tomas : Je développe un univers steampunk-fantasy depuis déjà quelques années, de la même manière que j’ai créé l’univers des Six Royaumes : en dessinant des cartes, en imaginant des règles de magie, des cultures, des peuples, etc. Avec pour différence majeure qu’il s’agit là d’un monde ayant déjà accompli sa révolution industrielle. Je me suis interrogé sur les frictions qu’un développement rapide de la technologie produirait sur les usagers de la magie, avec des machines de plus en plus capables d’obtenir les mêmes résultats que les sortilèges. Tout naturellement, ça m’a amené à créer deux héros, un magicien et une mécanicienne, que tout oppose mais que les circonstances forcent à collaborer. C’est le point de départ d’Engrenages et Sortilèges.
Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur son intrigue ?
Adrien Tomas : Grise et Cyrus sont étudiants à l’Académie des Sciences Occultes et Mécaniques de Celumbre, et ne peuvent pas se voir en peinture. Une nuit, pourtant, un groupe de mystérieux malfaiteurs prend d’assaut leur école et cherche à les enlever tous les deux. Pour échapper à leurs poursuivants, ils vont devoir collaborer et mettre de côté leurs différences… ou du moins, essayer.
Actusf : Cette fois-ci, vous avez créé un duo. A-t-il suivi la route que vous lui aviez tracé ou vous a-t-il surpris ?
Adrien Tomas : Pour une fois, ils ont globalement fait ce que je leur ai demandé. Sans doute parce que j’avais réfléchi à leur caractère beaucoup plus longuement que d’habitude : je savais déjà à peu près comment ils allaient réagir aux événements et embûches que je placerais sur leur route. Ce qui fait que, contrairement à ce qui m’arrive assez régulièrement, je ne me suis pas laissé surprendre par l’habituel « non il ne peut pas réagir comme ça, mais plutôt comme ça, c’est plus dans son caractère, mais du coup ça me fait changer sept chapitres, ça tue deux personnes de plus et la fin est complètement différente ».
"La plupart de mes romans, si ce n’est tous, sont marqués par le voyage, l’exploration de nouveaux territoires, de pays étrangers, etc. Là, je voulais un théâtre des opérations plus restreint, plus urbain, et marqué par la technologie autant (voire davantage) que par la magie."
Actusf : Dans ce roman la magie est omniprésente, mais vous avez quitté l’univers du médiéval fantastique que vous aviez initié avec La Geste du Sixième Royaume pour un univers d’urban fantasy avec une touche de steampunk. C’était quelque chose que vous aviez envie de faire depuis longtemps ?
Adrien Tomas : La plupart de mes romans, si ce n’est tous, sont marqués par le voyage, l’exploration de nouveaux territoires, de pays étrangers, etc. Là, je voulais un théâtre des opérations plus restreint, plus urbain, et marqué par la technologie autant (voire davantage) que par la magie. J’ai commencé à jouer avec le steampunk dans la Maison des Mages, et j’ai eu envie d’aller un peu plus loin, de me pencher sur la dualité magie/technologie.
[...]"Engrenages et Sortilèges a été l’occasion pour moi d’aborder plusieurs thèmes, le pouvoir politique, la science, la croyance, la manipulation, l’élitisme et le réalisme, notamment."
Actusf : Ce nouveau roman vous a-t-il permis d’aborder des sujets qui vous tiennent à cœur et que vous n’aviez pas encore eu l’occasion de traiter ?
Adrien Tomas : Oui, sans aller jusqu’à assommer le lecteur de considérations politiques, Engrenages et Sortilèges a été l’occasion pour moi d’aborder plusieurs thèmes, le pouvoir politique, la science, la croyance, la manipulation, l’élitisme et le réalisme, notamment. Je me contente en général de soulever des questions pour faire réfléchir le lecteur, j’évite de la jouer doctrinaire et d’imposer mes points de vue, même à travers mes personnages.
Actusf : Peut-on voir Engrenages et Sortilèges comme une critique de notre société actuelle ?
Adrien Tomas : Ce n’est pas forcément l’objectif premier, mais oui, le roman contient son lot de critiques et de considérations pouvant être mises en parallèle avec la société actuelle. La magie me permet de parler de la religion incapable d’évoluer avec son temps, la mécanique de l’explosion technologie incapable de ralentir pour considérer son impact sur la société, l’intrigue met en avant la déconnexion des dirigeants vis-à-vis du peuple, la prise de conscience des barrières qui existent au sein d’une même société…
"Mais la méthode est restée la même que pour créer les Six Royaumes : prise de notes d’idées que je trouvais cool, dessin de cartes plus ou moins précises, longues interrogations sur pourquoi ou comment fonctionnait tel ou tel élément en arrière-plan…"
Actusf : Quand vous avez construit votre univers, vous vous êtes senti plus architecte ou jardinier ? Avez-vous construit cet univers de la même manière que La Geste ?
Adrien Tomas : Pour une fois, un peu plus architecte que jardinier. L’univers était bien défini avant que je commence à raconter l’histoire, ses règles établies avec plus de précision. Mais la méthode est restée la même que pour créer les Six Royaumes : prise de notes d’idées que je trouvais cool, dessin de cartes plus ou moins précises, longues interrogations sur pourquoi ou comment fonctionnait tel ou tel élément en arrière-plan…
Actusf : Avez-vous eu des sources d’inspiration en particulier ?
Adrien Tomas : Le chat de mon ex, un rouquin appelé Tyrion, m’a clairement inspiré le personnage de Quint ! A part ça, rien de clairement identifiable…
Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?
Adrien Tomas : Actuellement, je travaille sur les corrections d’un roman YA chez Lynks, Zoomanciens (sortie au printemps si tout va bien !) et sur un roman situé dans le même univers qu’Engrenages et Sortilèges, mais sur un autre continent, aux éditions Mnémos. En parallèle, je devrais bientôt me remettre à travailler sur le beau livre sur les Six Royaumes illustré par Dogan Oztel, qui sortira aussi chez Mnémos en fin d’année dans la collection Ourobores !
J’ai quelques autres projets qui s’agitent sur mes étagères, mais pour le moment rien de concret à annoncer…
Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?
Adrien Tomas : Du 8 au 10 mars je serai à Meyzieu, près de Lyon. Le 27 avril, à Saint-Maximin dans le Var. Et fin mai, je crois que vous pouvez deviner… (mais techniquement je l’ai pas dit !)
Actusf : Le mot de la fin : êtes-vous plus magie ou technologie ?
Adrien Tomas : Ça change beaucoup, en vrai… En ce moment, plutôt technologie, mais ça risque de bouger encore dix fois dans l’année !
