Biotanistes d'Anne-Sophie Devriese est un roman de fantasy post-apocalyptique ; un genre qu’on ne croise pas si souvent dans les rayons young-adult.
Après un effondrement de la société, les femmes survivantes ont pris le pouvoir. Parce qu’elles semblent être beaucoup plus résistantes à la maladie qui ravage la planète, elles ont formé des convents puissants et éduquent les orphelines de ce fléau à voyager dans le passé pour en rapporter les savoirs perdus.
Si l’on découvre comme un roman d’apprentissage la vie de Rim et si l’on voit son adolescence se muer en maturité, on suit également le parcourt d’Anthoïna, Alex, Olympe. Les nuances de gris apportées aux protagonistes et aux antagonistes, doublées par la qualité narrative de l'autrice, font de Biotanistes un roman éminemment honnête. J’ai adoré travailler et évoluer dans cet univers aux multiples possibles, possibles qui n’avaient rien à voir avec le classique « ta gueule, c’est magique. ». Le monde est ici délicat car fondé sur les possibilités historiques plausibles (avec quelques suspensions d’incrédulité tout de même), et il ne pouvait pas tout s’y passer, tout ne pouvait pas y être justifié. L’autrice a fourni un formidable travail de cohérence. Si le féminisme est un élément central de l’intrigue, ce n’est pas pour autant un manifeste : il s’agit juste d’une nécessité. Comme dans la plupart des sociétés, les humains ne sont pas égaux ; les critères sont assez variés mais classiques : le genre y tient une place prépondérante. L’histoire découle également de ces différences sociales qui s'infiltrent insidieusement dans l'ombre, jusqu'à ce que plus personne ne puisse déceler l'origine de ces dernières.
Patinée par une plume très dense, parfois touffue, souvent en dentelle, Biotanistes est un roman young adult intelligent avec une touche de steampunk et beaucoup d’amour. À lire de toute urgence bien sûr, il fait sourire, rager, froncer les sourcils mais il ne choisit jamais la facilité. Un premier roman ambitieux et réussi !
Gaëlle Giroulet
