Jouer avec les mythes
On ne compte plus les pastiches confrontant le monstre créé par Lovecraft à des personnages iconiques de la culture populaire ! On a ainsi vu récemment James Lovegrove mélanger l’univers de Conan Doyle avec celui de l’ermite de Providence. L’écrivain chilien Gilberto Villarroel nous propose ici de l’opposer à Lord Thomas Cochrane, marin et aventurier britannique célèbre au XIXe siècle. Ce personnage haut en couleur participa à la guerre d’indépendance du Chili et à celle de la Grèce. Cochrane a inspiré des romanciers comme Patrick O’Brian pour sa série Master and Commander et C.S Forester dans série de livres consacrée au personnage d’Horatio Hornblower, incarné par Gregory Peck dans Capitaine sans peur. Et au final Cthulhu vs Cochrane donne quoi ?
Cthulhu en France ?
France, avril 1815. Le capitaine Eonet, ancien de la gare impériale, commande la garnison du fort Boyard près de l’île d’Aix et vient de capturer Lord Cochrane, un des meilleurs marins de la perfide Albion. Eonet se méfie de Cochrane, à raison car celui-ci tente de s’évader et de prendre le contrôle du fort. Arrive alors le commissaire Durand, le second de Fouché, avec les frères Champollion. Ces derniers s’intéressent au fort à cause d’antiques inscriptions qui rappellent au plus jeune des frères les hiéroglyphes égyptiens. Durand relève Eonet de son commandement. Quand une créature arpente le fort, il envoie Eonet et Cochrane l’affronter. Ces derniers triomphent, sans savoir que le pire arrive. Cthulhu arrive !
Une entreprise réjouissante et sympathique
On ne s’ennuie pas dans cette fantaisie historique qui se déroule pendant les guerres napoléoniennes malgré quelques erreurs factuelles (Austerlitz en 1809 ? pouffons). Villarroel reprend une partie de la trame de la nouvelle L’appel de Cthulhu avec des personnages hauts en couleur. Bien sûr, ils gagnent à la fin, contrairement aux personnages lovecraftiens qui, au mieux, ne font que reculer l’inévitable. L’histoire est cependant bien menée et divertit. Donc recommandé en ces temps troublés.
Sylvain Bonnet