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De Gir à Moebius : le lac des émeraudes

Moebius (Dessinateur), Claude Ecken (Postface)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : 
Date de parution : 06/03/2019  -  bd
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De Gir à Moebius : le lac des émeraudes

Un parcours hors normes

De Jean Giraud alias Gir alias Moebius, on peut sans conteste affirmer qu’il fut un des génies de la bande dessinée. S’il connut le succès avec la série consacrée à Blueberry, c’est sous le nom de Moebius qu’il acquit ses lettres de noblesse avec Arzach (les Humanoïdes associés, 1975-76) notamment, bande dessinée sans texte ou presque, élégiaque, noire et onirique. Puis il connut une sorte d’apothéose avec L’incal sur scénario d’Alejandro Jodorowsky (qui recycla pas mal d’idées et de concepts de son projet d’adaptation de Dune). Le cinéma fit appel à ses talents, que cela soit pour Alien de Ridley Scott ou Abyss de James Cameron ou encore Les maîtres du temps de René Laloux. Même les comics finirent par s’attacher Moebius qui livra un album du surfer d’argent sur une histoire de Stan Lee pour un résultat totalement convaincant. Décédé en 2012, l’empreinte laissée par Jean Giraud/Moebius reste très forte. Les Humanoïdes associés ont décidé ici de rééditer Le lac des émeraudes, recueil de ses œuvres de jeunesse paru en 1980.

Un géant dans son enfance

On voit donc dans Le lac des émeraudes le futur Moebius faire ses classes, autant dans le western que dans la bd historique ou humoristique. On effectue ici un drôle de voyage, Jean Giraud s’essayant ici et là à différents styles avec des influences variés : Morris, Jijé bien sûr. Ce dernier fut, comme l’explique Claude Ecken dans sa postface intitulée Le garage hermétique de Gir, le mentor du jeune dessinateur qu’il prit comme encreur sur La route de Coronado. On voit ici notre héros digérer toutes ses influences avant d’intégrer l’équipe de Pilote à la fin des années 60. Un curieux roman photo raconte ainsi sur le ton de l’humour irrévérencieux et second degré de l’époque comment un dessinateur intègre l’équipe (avec René Goscinny à la fin). On croise aussi le futur réalisateur Patrice Leconte comme scénariste de Test. C’est toute une époque qui ressuscite ici dont on peut regretter le ton irrévérencieux et iconoclaste. On voit surtout le trait de Jean Giraud/Moebius (dur d’avoir deux personnalités graphiques) s’affirmer petit à petit. Parfois, on se prend à se demander si les gens de cette époque réalisaient la chance qu’ils avaient de voir de tels talents s’épanouir.

Cette réédition fera les délices de tous les amateurs du dessinateur disparu trop tôt en 2012.

Sylvain Bonnet

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