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Dimension Uchronie n°2 - L'interview de Stéphane Lesaffre
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Dimension Uchronie n°2 - L'interview de Stéphane Lesaffre

A l'occasion de la parution de l’anthologie Dimension Uchronie 2, dirigée par Bertrand Campeis, aux éditions Rivière Blanche, Stéphane Lesaffre revient sur l'écriture de sa nouvelle, Europa.

Actusf : Bonjour, Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours en tant qu'écrivain.e ?

Stéphane Lesaffre : Je m'appelle Stéphane Lesaffre. De formation scientifique, je suis rentré dans l'écriture par envie de création, par passion des histoires et de l'Histoire, et pour l'évasion qu'elle procure dans le quotidien. Je reste exclusivement nouvelliste, faute de temps, et j'ai eu le plaisir de voir publiées plusieurs de mes nouvelles aux éditions Rivière Blanche, Arkuiris, ainsi que dans la revue Etherval. Depuis, je m'investis également dans cette revue, participant régulièrement aux comités de sélection et aux corrections éditoriales.

Actusf : Comment avez-vous découvert l'uchronie ? Y a t-il une œuvre qui vous a marqué profondément ?

Stéphane Lesaffre : Je pense que l'uchronie est un processus de pensée littéraire qui vient assez naturellement. Dès lors qu'on a des connaissances historiques, il est aisé de se demander "et si ?", et je ne suis pas sûr que j'avais déjà formellement lu une uchronie avant de réfléchir ainsi. Cependant, en terme d’œuvres qui ont pu me marquer, je citerais surtout l'excellente série de nouvelles "La Patrouille du temps" de Poul Anderson, mais aussi "Le Maître du haut-château" de Philip K. Dick (et sa récente adaptation en série télévisée). En littérature française, même si ce roman s'inscrit un peu à la marge du genre, j'ai été marqué par "Le Grand secret" de René Barjavel.

Actusf : Pourriez-vous nous expliquer comment vous êtes entré dans l'aventure Dimension Uchronie ?

Stéphane Lesaffre : En fait, écrire des uchronies me plaît assez sans qu'on ait besoin de me pousser, et la nouvelle était déjà écrite et publiée dans le supplément numérique de la revue Etherval n°7, dont le thème n'est pas l'uchronie mais la glace. J'ai simplement envoyé le texte à Bertrand Campeis qui m'a fait l'honneur de se montrer intéressé.

Actusf : Comment s'est passé l'écriture de votre nouvelle ?

Stéphane Lesaffre : Houla, c'était il y a longtemps... Je me souviens avoir pris beaucoup de plaisir à imaginer un empire romain à l'époque présente, à pousser le syncrétisme de la Rome Antique à son extrême, à mélanger persistance des mythes antiques et modernité scientifique.

Actusf : Pourriez-vous expliciter votre uchronie en nous parlant de son Point de Divergence ?

Stéphane Lesaffre : J'avoue bien volontiers que le point de divergence précis n'est pas vraiment explicite dans cette nouvelle. Je pars du principe que l'empire romain a survécu jusqu'à nos jours dans sa forme polythéiste initiale. Il ne se serait jamais converti au monothéisme chrétien et aurait continué à s'étendre en intégrant les nouveaux territoires et leurs religions locales par syncrétisme, comme il l'a fait dans l'Histoire réelle avec les grecs, les celtes et les égyptiens, soit en identifiant leurs dieux avec un équivalent romain (Poséidon / Neptune ou Taranis / Jupiter) soit en intégrant complètement certains de leurs cultes (le culte égyptien d'Isis, notamment, à survécu dans le panthéon romain). En continuant à opérer par syncrétisme et donc par une grande souplesse religieuse (incompatible avec l'exclusivité de la religion chrétienne), il aurait plus facilement intégré de nouveaux territoires et aurait fini par conquérir et administrer le monde entier, jusqu'à nos jours. Et à l'époque actuelle, il se lance dans l'exploration spatiale malgré les réticences du clergé.
A l'origine, j'avais imaginé un point de divergence précis, mais je n'ai pas réussi à le faire figurer naturellement dans la nouvelle et ça a donc sauté au montage. Il s'agissait simplement que l'empereur romain Constantin, au lieu d'avoir une vision du Christ en 312, qui l'amène à faire cesser les persécutions contre les chrétiens l'année suivante, aurait à la place vu un signe du dieu Jupiter.

Actusf : Y-a-t-il un message que vous souhaitiez faire passer en l'écrivant ?

Stéphane Lesaffre : Dans la nouvelle, les cultes polythéistes se heurtent au pragmatisme scientifique d'une partie de la population qui est en fait athée. Le héros de la nouvelle a connu "la science pour seul dieu", a été élevé "à l'abri de ces fadaises" et se heurte au rigoriste grand prêtre de Jupiter. Rien de bien différent de notre monde actuel, en somme, quand certains continuent à revendiquer le créationnisme, par exemple, contre toute évidence scientifique.

Actusf : Travaillez-vous sur d'autres projets uchroniques ou souhaitez-vous en faire à nouveau par la suite ?

Stéphane Lesaffre : Oui. Je m'essaie à une uchronie de fantasy postulant que Merlin a créé une "religion" autour de la magie et que les enchanteurs, en quelque sorte les papes de la magie, se sont succédés depuis lors. Ce texte est toujours en phase de retravail, avant de chercher à lui trouver une place. Et bien sûr, j'espère que d'autres idées me viendront.

Actusf : Les mots de la fin vous appartiennent, c'est à vous !

Stéphane Lesaffre : L'intérêt du genre de l'uchronie, c'est qu'il peut traiter de nombreuses époques et de nombreux types d'univers. A partir d'un bête "et si ?", et il y en a à foison, on peut laisser dériver sans borne l'imagination, que ce soit en pensant une Histoire différente globale, ou en se focalisant sur des événements fictifs précis. Traiter les uchronies en format court plutôt qu'en roman me semble particulièrement intéressant parce qu'on peut alors explorer de nombreuses divergences différentes. Ainsi, je salue particulièrement l'initiative de Bertrand Campeis de réunir des textes d'uchronie en anthologie, et il me tarde de lire ces pages pour voir la diversité des sujets traités par mes coauteurs et coauteures.

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