A l'occasion de la parution de l’anthologie Dimension Uchronie 2, dirigée par Bertrand Campeis, aux éditions Rivière Blanche, Pascal Roussel revient sur l'écriture de sa nouvelle, Opération Baphomet.
Actusf : Bonjour. Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours en tant qu’écrivain ?
Pascal Roussel : Bonjour. Né en 1964 à Reims, j’ai toujours eu un rapport intime avec les livres. La création, au milieu des années 80, d’un fanzine avec un groupe de copains a été pour moi l’occasion de commettre quelques nouvelles (des textes fort heureusement perdus depuis) et, surtout, de prendre mes premiers contacts dans le monde de la bande dessinée et de la littérature de l’imaginaire tels que Brice Tarvel ou le regretté Patrice Sanahujas. Quelques années à officier en tant que bouquiniste dans la ville des sacres m’ont permis de parfaire mes connaissances littéraires et, surtout, d’affiner mes goûts. Enfin, un déménagement dans la région nantaise m’a donné l’occasion de rencontrer énormément d’auteurs lors des nombreux salons et festivals qui ont lieu dans les Pays de la Loire. Tout cela fait que, une fois passée la cinquantaine et après une rencontre avec Philippe Ward, je me suis enfin décidé à tenter l’aventure Rivière Blanche avec deux nouvelles (dont celle qui nous intéresse ici), l’anthologie Dimension Étranges Détectives et un roman en cours d’écriture.
Actusf : Comment avez-vous découvert l’uchronie ? Y a-t-il une œuvre qui vous a marqué profondément ?
Pascal Roussel : Mon premier contact avec l’uchronie s’est fait au travers du Steampunk. Je me souviens avoir été marqué par La machine à différences de Gibson et Sterling. Mais les deux chocs uchroniques furent Le Maître du haut-château de K. Dick et Fatherland de Harris. Je sais que ce n’est pas très original tant ces deux monuments littéraires ont marqué tous ceux qui se sont un jour intéressés à l’uchronie mais c’est comme ça. Et je pourrais également citer L’Echange d’Alan Brennert ou Mes vrais enfants de Jo Walton qui sont de vrais bijoux. Cinématographiquement, Un jour sans fin, Edge of Tomorrow et Happy birthdead sont, pour moi, d’excellentes uchronies personnelles.
Actusf : Pourriez-vous nous expliquer comment vous êtes entré dans l’aventure Dimension Uchronie ?
Pascal Roussel : Tout simplement par le biais des réseaux sociaux sur lesquels Bertrand Campeis, auteur d’un Guide de l’Uchronie qui m’avait passionné, a lancé un appel à textes. Je me suis dis « Pourquoi pas ! ». L’idée de départ est venue assez vite. L’image iconique de Batman sur les gargouilles art-déco de Gotham City a été mon point de départ. Les monstres de pierre sont devenus ceux de Notre-Dame de Paris et Batman est devenu un gentilhomme de fortune traînant de nuit sur les toits de la cathédrale. Restait à savoir ce qu’il pouvait bien faire là !
Actusf : Comment s’est passé l’écriture de votre nouvelle ?
Pascal Roussel : Le pied sur le frein ! Il a en effet fallu que je me bride car j’avais envie de mettre beaucoup d’éléments dans Opération Baphomet. Beaucoup trop ! Or, le secret de tout cocktail réside dans le bon dosage des ingrédients. Je suis donc parti sur une uchronie historique mais je n’ai pas pu me retenir d’y glisser une petite uchronie personnelle, un soupçon de steampunk, une touche de super-héros et une larme de manga. J’ai ajouté de l’un, retiré de l’autre pour affiner la saveur mais, dans l’ensemble, le résultat final est très proche de l’idée que j’en avais au départ.
Actusf : Pourriez-vous expliciter votre uchronie en nous parlant de son Point de Divergence ?
Pascal Roussel : J’avais dans l’idée de raconter une histoire se déroulant à la fin d’un vingtième siècle à la Dumas et il m’ait apparu évident que si on continuait à croiser, dans le Paris de l’année 1989, des nobliaux l’épée au coté, des calèches et des habitués de la Cour des miracles, c’est que quelque chose avait cloché bien avant. Et si une révolution, qui pour nous fut une réussite, avait échoué ? Le 14 juillet me semblait trop évident et c’est pourquoi mon choix s’est porté sur la révolution de juillet 1830, qui fut presque aussi importante que celle de 1789. Mon Point de Divergence se situe donc pendant la troisième journée. J’ai imaginé que le cours de cette bataille décisive contre la monarchie était perturbé par l’arrivée d’extra-terrestres, lesquels prenaient le parti de la royauté.
Je tiens par ailleurs à préciser que cette nouvelle, dans laquelle je me suis amusé à faire un trou dans le toit de Notre-Dame de Paris, a été écrite en 2018 et que je ne suis pour rien dans le récent sinistre qui a frappé cette vieille dame pluri-centennaire. (Rires)
Actusf : Y a-t-il un message que vous souhaitiez faire passer en l’écrivant ?
Pascal Roussel : Absolument aucun. Je laisse ce rôle à d’autres qui font cela bien mieux que moi. J’ai juste voulu écrire une nouvelle divertissante.
Actusf : Travaillez-vous sur d’autres projets uchroniques ou souhaitez-vous en faire à nouveau par la suite ?
Pascal Roussel : Comme je vous l’ai dit précédemment, je travaille pour le moment sur un roman fantastique qui n’a rien à voir avec l’uchronie mais il n’est pas impossible que Opération Baphomet connaisse un jour une version longue dans laquelle je rajouterai tout ce sur quoi j’ai dû faire une croix par manque de place, la nouvelle étant déjà très longue sous sa forme actuelle. Et il se pourrait même que je donne une suite aux aventures de Thibault d’Andrésy. Donc la réponse est : oui, je souhaite ardemment en écrire par la suite.
Actusf : Les mots de la fin vous appartiennent, c’est à vous !
Pascal Roussel : Le premier tome de Dimension Uchronie avait, de par la qualité de ses textes et la diversité de ses points de divergence, placé la barre très haut mais je crois sincèrement que mes collègues et moi sommes parvenus à relever le défi d’offrir aux lecteurs un nouvel opus tout aussi divertissant et passionnant.
Bonne lecture à toutes et à tous !
