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Dimension Uchronie n°2 - L'interview d'Olivier Gaudefroy
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Dimension Uchronie n°2 - L'interview d'Olivier Gaudefroy

A l'occasion de la parution de l’anthologie Dimension Uchronie 2, dirigée par Bertrand Campeis, aux éditions Rivière Blanche, Olivier Gaudefroy revient sur l'écriture de sa nouvelle, La République pneumatique.

Actusf : Bonjour, Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours en tant qu'écrivain.e ?

Olivier Gaudefroy : Bonjour, je suis romancier et essayiste, originaire d’Orléans. Je suis spécialisé dans l’histoire de l’Antiquité même si, depuis deux ans, j’ai diversifié mes œuvres en écrivant sur ma région et sur d’autres époques (Moyen-Âge arabo-andalou et Années Folles). J’ai commencé à être publié à partir de 2004, d’abord dans de petites maisons d’éditions puis à partir de 2012 dans de plus importantes dont les Éditions Sutton et surtout Arléa chez qui sont sorties mes biographies consacrées à la savante Hypatie d’Alexandrie et à Cléopâtre.

Actusf : Comment avez-vous découvert l'uchronie ? Y a-t-il une œuvre qui vous a marqué profondément ?

Olivier Gaudefroy : J’ai découvert le genre littéraire de l’uchronie par l’intermédiaire du roman policier en lisant Fatherland de Robert Harris. Ensuite, j’ai continué à explorer le thème avec Le Maître du Haut-Château de Philip K. Dick, Chronique des années noires de K.S Robinson, Roma Æterna de Robert Silverberg ou bien encore avec Dominion de C. J. Sansom.

Actusf : Pourriez-vous nous expliquer comment vous êtes entré dans l'aventure Dimension Uchronie ?

Olivier Gaudefroy : En réalité, je suis tombé un peu par hasard sur l’appel à textes pour Dimension Uchronie par simple navigation sur le net à un moment où j’étais à la recherche d’actualités sur l’uchronie.

Actusf : Comment s'est passé l'écriture de votre nouvelle ?

Olivier Gaudefroy : À l’origine, la nouvelle n’a pas écrite spécialement pour l’anthologie car elle avait déjà été composée bien avant l’appel à textes. Elle a cependant évolué par rapport à sa version initiale ayant été révisée et un peu modifiée suite à la demande du coordinateur de l’anthologie.

Actusf : Pourriez-vous expliciter votre uchronie en nous parlant de son Point de Divergence ?

Olivier Gaudefroy : Le point de divergence se situe au Ier siècle après J.-C. et est basé sur le principe que la « première » invention de la machine à vapeur réalisée par l’ingénieur grec Héron d’Alexandrie, nommée par ce dernier « l’éolipyle », ne serait pas restée à l’état de performance technologique comme cela fut le cas à l’époque mais qu’elle initia une véritable révolution industrielle dont l’empire romain aurait été la force de propagation et le grand bénéficiaire.

Actusf : Y-a-t-il un message que vous souhaitiez faire passer en l'écrivant ?

Olivier Gaudefroy : L’invention de l’éolipyle n’a eu pas de suite durant l’Antiquité en raison d’un mode de production et de croissance basé sur l’esclavage et donc, par conséquent, sur une main d’œuvre bon marché. Cet état explique que cette innovation n’a pas alors été considérée comme une nécessité au contraire du XVIII-XIXe siècle où se met à ce moment en place la première révolution industrielle dont les progrès techniques ont servi à abaisser le coût d’une main d’œuvre alors salariée. En remplaçant l’homme par la machine, les profits des détenteurs du capital ont alors pu croître et le capitalisme se développer.
Mon but en écrivant cette nouvelle est de faire prendre conscience que si les travaux et découvertes d’Héron avaient été pris en son temps au sérieux et développés à une échelle industrielle dès le Ier siècle, la chute de Rome n’aurait sans doute pas eu lieu car l’empire, détenant une technologie avancée, aurait été en mesure de contenir les invasions barbares qui provoquèrent au final sa perte. Au lieu de cela, Rome s’est effondrée et la révolution industrielle n’est finalement intervenue que 1700 ans plus tard, en Angleterre, lors de la (ré)invention en 1769 de la machine à vapeur par James Watt. On imagine à peine où nos sociétés contemporaines en seraient au niveau technologique sur une Terre ayant presque 2000 ans d’avance par rapport à notre propre réalité.
Dans cette Terre alternative, j’imagine que seul l’empire chinois aurait eu les capacités de résister à un empire romain industrialisé grâce à sa maîtrise de la poudre noire ou poudre à canon.

Actusf : Travaillez-vous sur d'autres projets uchroniques ou souhaitez-vous en faire à nouveau par la suite ?

Olivier Gaudefroy : Pas pour l’instant même si l’envie ne manque pas mais j’ai trop de projets actuellement sur le feu avec mes éditeurs. Il me plairait d’imaginer ce qu’on aurait pu être une rencontre entre l’Empire aztèque et les Conquistadors de Cortès si la Chine avait poursuivi au XIVe siècle les expéditions vers l’Ouest initiées par l’amiral Zheng He au lieu de se replier sur elle-même comme elle le fit. Un Mexique aidé de la technologie venue de Chine grâce aux échanges commerciaux favorisés par la mise en place de comptoirs chinois en Amérique (La Chine n’a jamais eu de prétentions impérialistes à contrario de l’Espagne coloniale), aurait pu tenir tête aux soudards de Cortès.
L’avenir dira si ce projet aboutira un jour ou l’autre.

Actusf : Les mots de la fin vous appartiennent, c'est à vous !

Olivier Gaudefroy : J’espère simplement que chacun trouvera du plaisir à la lecture de l’ensemble des nouvelles présentes dans cette anthologie et que pour ceux qui, grâce à elle, découvriront l’uchronie, mon vœux est qu’ils continuent à fréquenter le genre que ce soit par l’intermédiaire de la littérature, de la bande-dessiné ou de séries télé.

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