A l'occasion de la parution de l’anthologie Dimension Uchronie 2, dirigée par Bertrand Campeis, aux éditions Rivière Blanche, Jérôme Akkouche revient sur l'écriture de sa nouvelle, Mécanique cubiste.
Actusf : Bonjour, Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours en tant qu'écrivain ?
Jérôme Akkouche : Bonjour, rien de particulier ne me vient à l’esprit pour me présenter si ce n’est que je fréquente bien trop libraires et bibliothèques ! Sinon, mon parcours en tant qu’écrivain commence surtout de l’autre côté de la barrière : j’ai été co-anthologiste avec Estelle Faye sur Dimension Routes de Légendes, Légendes de la Route chez Rivière Blanche (après avoir participé au comité de lecture d'En dessous chez Parchemins et Traverses), j’ai donc l’habitude de travailler les textes des autres et de les faire résonner entre eux.
De plus, j’ai une importante activité de béta lecteur pour plusieurs auteur(e)s dont une autrice au sommaire de cette anthologie…
Cependant, je suis à la base auteur et j’ai d’ailleurs un roman de fantasy XVIIème siècle sur les mails de plusieurs éditeurs du domaine.
Plus concrètement, ma première nouvelle, A l’auberge de la Brebis Galeuse, a été publiée chez Nutty Sheep dans l’anthologie Dessine-moi un… dirigée par Chantal Robillard. Ce texte, dont l'action se déroule juste avant la première guerre mondiale, est le pendant germanique de Mécanique Cubiste.
Actusf : Comment avez-vous découvert l'uchronie ? Y a-t-il une œuvre qui vous a marqué profondément ?
Jérôme Akkouche : L’Ombre de la Guillotine de Simon Farelle et John Sutherland, qui est un Livre Dont Vous Etes le Héros. Dès le premier paragraphe, vous étiez au cœur de la Révolution Française, à la tête d’une unité de soldats prêts à faire feu sur le peuple pour protéger la Bastille. Où vous ordonniez de tirer et rejoigniez ainsi le camp des aristocrates pour tenter de sauver le roy, ou vous rejoigniez les révoltés et tentiez de mettre fin à la monarchie. Au-delà de la grande Histoire, c’est le fait de tirer ou pas sur la foule qui mêlait d’emblée l’uchronie à « ceux d’en bas ». Du haut de mes dix ans, je me retrouvais face à un dilemme moral. Et c’est là tout l’intérêt de l’uchronie : elle se doit de faire grincer des dents…
J’ai également été très marqué par les romans de Xavier Mauméjean : La Vénus anatomique, qui propose de suivre Casanova dans la création d’une femme artificielle pour le compte de Frédéric II de Prusse, et Rosée de feu, qui décrit les pilotes du Japon impérial chevauchant des Dragons et devenant kamikazes.
Actusf : Pourriez-vous nous expliquer comment vous êtes entré dans l'aventure Dimension Uchronie ?
Jérôme Akkouche : Pour me reposer de la fin de l’écriture de mon roman ! Je voulais changer de siècle, et comme je suis passionné par les années 20, cette époque s'est vite imposée. Mais je ne savais par quel biais aborder la période. Comme je suis féru d’art et que je venais de visionner un reportage sur Picasso, comme je relisais Apollinaire (et je redécouvrais l’amitié forte qui les unissait), le plus gros travail était fait : j’avais enfin mon angle d’attaque.
Pablo Picasso, 1912
Actusf : Comment s'est passé l'écriture de votre nouvelle ?
Jérôme Akkouche : Idéalement ! Elle a été écrite en une quinzaine de jours avec deux séquences de bêta lecture par deux autrices différentes. Bref, la nouvelle a coulé de source et existe en trois ou quatre versions jusqu’à la définitive. (Et s’il vous plait que l’on en finisse avec le mythe de l’auteur(e) solitaire/misanthrope/amer).
Actusf : Pourriez-vous expliciter votre uchronie en nous parlant de son Point de Divergence ?
Jérôme Akkouche : Il y en a deux, mais l’un découle de l’autre. A l’origine je voulais sauver le soldat Apollinaire de la grippe espagnole. Cela a toujours été un crève-cœur pour moi de savoir que ce poète, cette force vive, meurt si précocement avec en lui toute une œuvre poétique à venir ! Aussi je me suis demandé comment ce grand gaillard aurait pu survivre à cette infection suite à la trépanation qui l’avait affaibli. C’est là que j’ai détourné le fait historique. Et si la trépanation, et donc l’opération qui en découlait, le rendait plus fort ? D’où l’invention de la Cybernétique et de fait de mon réel Point de Divergence : l’aboutissement des travaux de Marie Curie sur le radium qui transforme la guerre de tranchées à nouveau en une guerre de mouvement. Les forces de la Triple-Alliance sont vaincues, et l’armistice du 11 juillet 1917 est signée…
Guillaume Apollinaire, 1914
Actusf : Y-a-t-il un message que vous souhaitiez faire passer en l'écrivant ?
Jérôme Akkouche : La science n’est pas mauvaise, c’est son usage qui l’est. Je voulais qu’au sortir de mon uchronie, les évolutions technologiques soient vues bien plus positivement… ici, elle soigne, même si le danger du radium est à prendre en compte. Ensuite, je voulais souligner le fait que l’homme en est toujours au stade de l’ « homo faber », il est celui qui crée, qui fabrique, et ces inventions ont toujours un impact déterminant sur l’art, et de fait sur sa perception du monde.
Actusf : Travaillez-vous sur d'autres projets uchroniques ou souhaitez-vous en faire à nouveau par la suite ?
Jérôme Akkouche : Je travaille sur un roman se déroulant dans l’univers de Mécanique Cubiste. Et pour l’anecdote, la scène du cabaret à la fin de la nouvelle se retrouve dans le roman totalement réécrite : on passe du point de vue de Picasso à celui de… chut, c’est un secret !
Actusf : Les mots de la fin vous appartiennent, c'est à vous !
Jérôme Akkouche : Je redeviens une nouvelle fois anthologiste pour Rivière Blanche, en compagnie de la nouvelliste Tepthida Hay (de la boutique steampunk "La Fabrique Onirique" à Nantes").
Notre anthologie porte sur les années 20 (tiens donc!) et s’intitule : Dimension Années Folles.
L'appel à texte est ouvert et vous avez jusqu'au 30 novembre pour nous adresser votre nouvelle issue de la SFFF !
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