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Dimension Uchronie n°2 - L'interview de Jean-Jacques Régnier
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Dimension Uchronie n°2 - L'interview de Jean-Jacques Régnier

A l'occasion de la parution de l’anthologie Dimension Uchronie 2, dirigée par Bertrand Campeis, aux éditions Rivière Blanche, Jean-Jacques Régnier revient sur l'écriture de sa nouvelle, Où sont passés nos futurs ?

Actusf : Bonjour, Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours en tant qu'écrivain ?

Jean-Jacques Régnier : Je fais partie de l'école littéraire des procrastinateurs : contrairement aux écrivains, qui ne peuvent pas s'empêcher d'écrire, ceux-ci ne peuvent pas s'empêcher de ne pas écrire ; quand ils y arrivent quand même, c'est étourdiment, par hasard, sans faire exprès ! Du coup, je n'ai publié, en vingt-cinq ans, qu'une quinzaine de nouvelles (quasiment toutes en Science fiction ou sur ses marges).

Actusf : Comment avez-vous découvert l'uchronie ? Y a t-il une œuvre qui vous a marqué profondément ?

Jean-Jacques Régnier : J'aime beaucoup l'Histoire, et donc les histoires de voyage dans le temps. Or le propre de ces histoires, souvent, c'est que les personnages doivent éviter de déclencher une alternative à l'histoire réelle. Alors je crois que c'est là que j'ai découvert l'uchronie, au moins potentielle, par exemple dans le recueil de Poul Anderson La Patrouille du temps, la dite patrouille étant principalement en fait une "patrouille anti-uchronie".

Actusf : Pourriez-vous nous expliquer comment vous êtes entré dans l'aventure Dimension Uchronie ?

Jean-Jacques Régnier : J'ai vu passer, je ne sais plus où, l'appel à textes de Bertrand Campeis, j'ai lu "Uchronie", et j'ai donc sauté dessus en écrasant au passage la procrastination, qui n'a pas résisté longtemps.

Actusf : Comment s'est passé l'écriture de votre nouvelle ?

Jean-Jacques Régnier : Comme à mon habitude : un faisceau d'intuitions nébuleuses, des fausses pistes nombreuses, une vague trame principale très floue, puis une prise de plâtre soudaine, suivie du travail à la laque (couche, séchage, ponçage, opération renouvelées 327 fois), enfin une surprise finale involontaire.

Actusf : Pourriez-vous expliciter votre uchronie en nous parlant de son Point de Divergence ?

Jean-Jacques Régnier : Je n'ai jamais été un grand utilisateur du Point de Divergence : mes deux principales nouvelles uchroniques, "Menuetto da capo al fine" et "Der des ders", l'utilisent mais sans jamais en préciser la nature. La caractéristique de cette nouvelle-ci est, d'une part, de ne pas en avoir, ou plutôt d'en avoir une multitude, intriqués ou contradictoires, et toujours non précisés, d'autre part de contester explicitement le concept même de Point de Divergence. D'ailleurs, le raisonnement se mord un peu la queue : si un Point de Divergence est le déclencheur d'une uchronie, quel est alors le déclencheur de ce Point de Divergence ?

Actusf : Y-a-t-il un message que vous souhaitiez faire passer en l'écrivant ?

Jean-Jacques Régnier : Essayer de rester dans l'uchronie tout en tentant de sortir du traitement souvent trop rigide du schéma "Que serait-il arrivé si ?", avec son insistance exagérée sur les "si".
Je voulais également éviter une manière de raconter trop linéaire, et chercher à employer pour mon texte une technique narrative plus éclatée, quelque peu rebondissante, plus compatible, en quelque sorte, avec une matériau uchronique multifocal comme celui-ci. Cela n'a pas été un dessein a priori, ça c'est fait un petit peu tout seul, et je ne sais si j'ai réussi…

Actusf : Travaillez-vous sur d'autres projets uchroniques ou souhaitez-vous en faire à nouveau par la suite ?

Jean-Jacques Régnier : Quelques idées en cours, au stade des fausses pistes, comme noté plus haut, mais je ne perds pas espoir, et dans la même logique, qui n'est pas simple.

Actusf : Les mots de la fin vous appartiennent, c'est à vous !

Jean-Jacques Régnier : L'Histoire réelle n'est qu'une succession serrée d'innombrables points de divergence, à chaque fois tous avortés sauf un, mais nous n'en connaissons vraiment aucun.

J'aurais aimé présenter un portrait de mon héro(ïne)s, mais même ressemblant, il aurait été assez flou, ou plutôt, comme on dit en photographie "bougé".
En revanche, on ne peut qu'être frappé par la coïncidence entre ce que je raconte de l'écroulement hypothétique de l'église abbatiale du Mont St Michel en 2008 et l'incendie réel qui a frappé Notre-Dame de Paris le 15 avril dernier…

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