A l'occasion de la parution de l’anthologie Dimension Uchronie 3, dirigée par Bertrand Campeis et Hermine Hémon, aux éditions Rivière Blanche, Julie Morin-Rivat / Roznarho revient sur l'écriture de sa nouvelle, Et si demain était hier ?
Actusf : Bonjour, Pourriez-vous vous présenter et nous parler de votre parcours en tant qu'écrivain ?
Roznarho : Bonjour à vous et aux lectrices et lecteurs du futur antérieur !
Je suis arrivée à l’écriture par erreur. Je suis passée des expressions écrites bien tournées du lycée aux dissertations et rapports universitaires. Mes études en littérature m’ont plutôt appris à disséquer des textes qu’à en écrire moi-même.
J’ai renoué avec la rédaction littéraire par le truchement d’une nouvelle d’horreur écrite dans le cadre d’un examen d’anglais. C’est pour dire. L’idée m’a toutefois tellement absorbée que j’ai décidé, des années plus tard, de la réécrire en français et de la soumettre à une revue. Sa publication m’a ouvert des perspectives et j’ai écrit depuis plusieurs nouvelles, certaines publiées, d’autres non.
C’est pendant mon doctorat que je me suis lancé le défi d’écrire un roman au complet. Une histoire me trottait dans la tête, il fallait que je la couche sur papier, mais le temps me manquait avec les études. À un moment de mon doc, j’étais vraiment dans le creux de la vague, dans l’attente de la publication du dernier article scientifique qui me permettrait de déposer ma thèse. Cela faisait des années que je n’avais pas lu autre chose que des articles pour ma recherche et j’ai eu soudain une boulimie de lectures « autres ». Romans, BD, essais, etc. tout y est passé. Je me souviens avoir lu près de quatre-vingts ouvrages et d’avoir suivi une vingtaine de MOOCs scientifiques en l’espace de trois mois. Un sacré rattrapage. Cette documentation m’a permis de mettre en forme Rêves d’Utica, mon premier roman, publié chez l’Homme Sans Nom.
La thèse est terminée, mais je poursuis ma carrière en recherche. Le temps me manque cruellement pour continuer l’écriture fictionnelle, alors même que je tape en moyenne 3 000 mots par jour pour un tas d’autres affaires ! Écrire une nouvelle de temps en temps me fait pourtant le plus grand bien.
Actusf : Comment avez-vous découvert l'uchronie ? Y a t-il une œuvre qui vous a marqué profondément ?
Roznarho : Je connais la définition de l’uchronie depuis longtemps, mais j’avoue ne pas m’être penchée sur des œuvres en particulier. L’intérêt est venu quand Feldrik Rivat a écrit La 25e Heure. Je connaissais les coulisses du roman et des deux suivants, si bien que je suis devenue complice de l’uchronie en cours d’écriture.
Actusf : Pourriez-vous nous expliquer comment vous êtes entré dans l'aventure Dimension Uchronie ?
Roznarho : Merci, Bertrand, pour son invitation ! Bertrand Campeis nous a lancé un défi : écrire une uchronie à quatre mains. Même si Feldrik et moi travaillons depuis longtemps ensemble et que nous nous relisons l’un l’autre, nous n’avions encore jamais écrit quoi que ce soit tous les deux.
Actusf : Comment s'est passé l'écriture de votre nouvelle ?
Roznarho : Nous avons beaucoup discuté de ce qu’impliquait écrire une même histoire en couple. L’idée de l’uchronie personnelle est très vite arrivée, mais nous avons repoussé celle de parler de nous. Après la phase d’idéation, nous avons construit la trame de la nouvelle. Feldrik a écrit sa partie, tout en veillant à me laisser des indications pour que j’écrive la mienne. Nous avons fonctionné comme pour un cadavre exquis, l’un ne voyant jamais ce qu’écrivait l’autre. Ce n’est qu’une fois que tout a été assemblé que nous avons repris le texte ensemble.
Actusf : Pourriez-vous expliciter votre uchronie en nous parlant de son Point de Divergence ?
Roznarho : Et si… nous pouvions choisir une autre vie que celle que nous avons vécue ? La divergence s’est exprimée avec les regrets d’une existence potentiellement gâchée et l’envie de tout recommencer.
Actusf : Y-a-t-il un message que vous souhaitiez faire passer en l'écrivant ?
Roznarho : Nous n’avons qu’une seule vie et elle n’est constituée que de choix, plus ou moins difficiles. Ne jamais regretter ce qui a été décidé et le vivre à fond.
Actusf : Travaillez-vous sur d'autres projets uchroniques ou souhaitez-vous en faire à nouveau par la suite ?
Roznarho : Oh que oui ! J’aimerais beaucoup faire une uchronie du futur. Des événements historiques postérieurs qui seraient plausibles, mais dont l’effectivité serait bouleversée via une chausse-trappe temporelle. Cette histoire a déjà été publiée, mais comme c’est en 2034, il faudra encore attendre un peu.
Actusf : Les mots de la fin vous appartiennent, c'est à vous !
Roznarho : Tout ce que vous avez lu ci-dessus est une uchronie. Les éléments énoncés n’ont jamais eu lieu, ou d’une manière différente. Les filles qui font de la science, ça n’existe pas, voyons. D’ailleurs, je ne suis même pas encore née.