Un duo d’auteurs confirmés
Difficile aujourd’hui de parler de George R.R. Martin sans parler du trône de fer, cycle qui l’a rendu célèbre dans le monde entier et qui a fait l’objet d’une série de qualité. Pourtant, Martin fut d’abord connu comme un maître de la nouvelle, comme le démontraient des recueils comme Chanson pour Lya (J’ai lu, 1982) ou Des astres et des ombres (J’ai lu, 1983). Lisa Tuttle, un peu (injustement) oubliée aujourd’hui, était quant à elle plutôt enracinée dans le fantastique : citons des réussites comme Gabriel (Denoël Présences, 1992) ou Sur les ailes du cauchemar (Denoël Présence du fantastique, 1995). Au début des années 80, ces deux auteurs avaient uni leurs talents pour un roman assez singulier, Elle qui chevauche les tempêtes, traduit en 1999 et réédité en début d’année par Folio SF. Le résultat avait-il été probant ?
Histoire d’une rebelle
Et nous voici sur une planète étrangère où des terriens naufragés vivent depuis des générations sur des îles battus par les flots d’un gigantesque océan. La société y est divisée en deux castes. Il y a d’abord les aériens, capables de voler grâce à des ailes hérités de leurs ancêtres terriens et faites dans un métal spécial, puis les rampants. Ces derniers vivent au sol et ne peuvent devenir aériens : ceux-ci transmettent leurs ailes à leurs enfants. Mais voilà qu’arrive Mariss, une rampante adoptée par Russ, un aérien. Elle a appris à voler sur les ailes de son père adoptif et est bien plus douée que la moyenne des aériens. Cependant, les ailes doivent normalement revenir à Coll, le fils de Russ, même si celui-ci est bien plus doué pour la musique. Mariss va se rebeller contre les traditions des aériens pour gagner ses ailes, ce qui va entraîner des changements qui marqueront toute sa vie.
Une collaboration réussie
Sans être un chef d’œuvre, Elle qui chevauche les tempêtes est un roman d’initiation et de space fantasy tout à fait réussi. Le personnage de Mariss, rebelle et charismatique, y est pour beaucoup. Le lectorat, en particulier adolescent, de l’époque, ne pouvait que se reconnaître en elle. Parfois grave, souvent pittoresque, le roman décrit comment une société change, parfois avec violence, et progresse. Il est aussi le reflet d’une génération, celle des enfants du baby-boom et de la contre-culture des années 60, qui espérait aussi changer le monde, pour un résultat plutôt médiocre… Reste un roman distrayant et réussi, à emmener en vacances. Satisfaction garantie !
Sylvain Bonnet