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La Marque de la bête

Didier Graffet (Illustrateur de couverture), Charlotte Bousquet ( Auteur)
Langue d'origine : Français
Aux éditions : Collection :
Date de parution : 31/08/2009  -  jeunesse
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La Marque de la bête

Charlotte Bousquet, en auteur passionnée de l'Imaginaire, a signé des nouvelles et des romans pour adultes et pour la jeunesse qui s'échappent souvent des cases étroites des genres. Elle a également dirigé les  anthologies Plumes de Chats chez Rivière Blanche et L chez CDS Editions. Après les parutions  du recueil de nouvelles  Au miroir des sphinx (Argemmios, 2008) et du roman Arachnae (Mnémos, 2009), c'est en jeunesse, chez Mango Royaumes perdus qu'elle publie La Marque de la bête.


Une histoire tragique

Brunehilde  de Caracal est une adolescente qui porte sur ses frêles épaules des problèmes qui la dépassent. Il se raconte que son destin porte la marque du Moroch, le monstre terrassé par son baron de père, du temps de sa gloire passée. Bruna n'a jamais connu sa mère, morte en la mettant au monde et évite de croiser le chemin de son père devenu fou. Lorsque la folie paternelle prend les contours de plus en plus précis de l'inceste, Bruna n'a d'autre choix que de le neutraliser puis de fuir dans la forêt, n'emportant que quelques feuillets des lettres d'Aurélius, sa lecture favorite et la peau du Moroch à laquelle elle a fini par s'attacher. Le monstre est-il vraiment mort? D'où viennent ces accès de violence contre lesquels Bruna peine à résister? Comment  pourra-t-elle se débarrasser des rêves qui hantent ses nuits? L'humanité n'est-elle pas le véritable danger à fuir?


Un Peau d'âne revisité

La parenté  de ce texte avec le conte de Perrault est évidente, autant que les différences qui se dessinent très vite entre Peau d'âne et La Marque de la Bête. Cause directe de la mort de sa mère, Bruna porte une charge supplémentaire de sentiment de culpabilité par rapport à son équivalent anonyme. Comme dans Peau d'âne, la peau dissimule le corps de la jeune fille, la protégeant des regards des hommes. Mais ici, on va plus loin. L'âme même de Bruna se trouve changée par la proximité de la dépouille du Moroch, moins inerte qu'il n'y paraît. On pourrait longuement comparer point par point ces deux textes. Bornons nous à souligner la communauté de thème : le tabou d'inceste, et la précision dans son traitement par Charlotte Bousquet. On n'est plus dans l'ellipse avec un roi aseptisé, lié par une promesse et persuadé de devoir épouser sa propre fille. Dans La Marque de la Bête, on voit ce père bestial dévoré de désirs qu'il veut traduire en actes. Point de marraine ici pour aider la jeune fille à se préserver du tabou des tabous. Point de discours sur la pureté à protéger coûte que coûte. Ici, le mal est fait. On en dresse le constat, puis, il s'agira pour Bruna, de grandir avec et malgré la souillure, de se trouver ou de se perdre, de rester humaine ou de sombrer à son tour dans la bestialité .

Pour lecteur averti ?

La quatrième de couverture de La Marque de la Bête, outre les mentions habituelles, précise: « Un roman envoûtant pour lecteur averti ». Le thème, en effet et son traitement réaliste, sont, par leur nature même, potentiellement dérangeants. Mais n'est-ce pas là un but à poursuivre ?
Franz Kafka disait : « On ne devrait lire que les livres qui nous piquent et nous mordent. Si le livre que nous lisons ne nous réveille pas d'un coup de poing sur le crâne, à quoi bon le lire ? »
C'est ce qui risque de se produire avec La Marque de la Bête, un roman suffisamment bien écrit, bien documenté et construit pour écarter de lui-même l'accusation de vouloir faire des ventes à partir de sujets scandaleux. L'inceste existe et constitue pour trop de jeunes un obstacle à l'épanouissement. Sans complaisance pour le bourreau et sans commisération larmoyante pour la victime, Charlotte Bousquet raconte une bonne histoire. Un conte initiatique, un cheminement d'adolescent. Un livre qui mord et peut être lu par les adultes, comme leurs enfants, avertis d'ores et déjà que la vie n'est pas un champ de  barbapapa.

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