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Le Dixième Vaisseau - Les secrets d'écriture de Pierre Bordage
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Le Dixième Vaisseau - Les secrets d'écriture de Pierre Bordage

En mai, découvrez Le Dixième Vaisseau, le nouveau roman de Pierre Bordage dans la collection Scrineo SF. A l'occasion de sa sortie l'auteur a répondu à quelqu’une de nos questions.

Véritable crapule ou victime innocente ? Incarcéré pour divers délits, Livio Squirell est libéré en échange de sa participation à une mission des plus périlleuses : guider un vaisseau vers la galaxie du Triangle...

Actusf : Votre dernier roman, Le Dixième vaisseau, est paru il y a peu chez Scrineo. Il a l’honneur d’ouvrir une toute nouvelle collection de science-fiction chez cet éditeur. Cela a-t-il modifié votre approche de l’histoire ?

Pierre Bordage : Je devais ouvrir la collection SF de Scrinéo en compagnie de Floriane Soulas et ses Oubliés de l’Amas, mais des retards ont décalé la parution du livre de près d’un an, c’est donc Floriane qui a réellement ouvert la collection. Reste que ça n’a pas et n’aurait pas changé mon approche. J’avais envie de raconter cette histoire, quelle que soit son ordre d’arrivée dans la collection.

Actusf : Vous avez souvent dit être inspiré par les « grands » de la SF comme Orson Scott Card ou Star Wars. D’où est partie l’idée de l’intrigue du Dixième vaisseau ?

Pierre Bordage : Il y a eu également l’inspiration de Becky Chambers et son Espace d’un an : l’envie de partir à bord d’un vaisseau spatial avec un équipage constitué d’humains et de non-humains, une longue virée aventureuse dans l’espace, et la découverte de nouveaux horizons. J’ai conçu le roman comme un vrai roman d’aventures, ce qui n’empêche des réflexions en filigrane sur le rapport entre les êtres vivants, le rapport à l’IA, le rapport à l’autre quel qu’il soit.

Actusf : Vous êtes un habitué du space-opera, mais c’est la première fois que vous vous attaquez au sujet des extra-terrestres. Qu’est-ce qui vous a donné envie de passer le cap ?

Pierre Bordage : L’envie me trottait dans la tête depuis longtemps. J’ai longtemps hésité, me demandant ce que je pouvais bien apporter comme vision nouvelle de l’Enhna acronyme d’espèce ni humaine ni animale, dénomination recommandée par le CSH, le Conseil Supérieur de l’Humanité. Il est vrai qu’extra-terrestre, quand la Terre n’est plus qu’un lointain souvenir, ne signifie plus grand-chose. L’invitation de Stéphanie Nicot à faire partie de la collection SF de Scrineo m’a poussé à franchir le cap, cap que j’avais tout de même abordé, de façon humoristique, avec Crimes, Aliens et châtiments, avec Laurent Genefort et Laurent Whale (actuSF).

Actusf : Votre approche humaniste et spirituelle a-t-elle influencé vos descriptions de la découverte de ces peuples étrangers ? Quels sentiments était-il important pour vous de transmettre à ce moment là de l’histoire ?

Pierre Bordage : En réalité, je me suis rapidement rendu compte que le rapport entre humains, espèce invasive et terriblement agressive, et ENHNA pouvait rapidement tourner au racisme. L’autre est un miroir, révélateur de nos intolérances, de nos propres limites, thème matérialisé dans le roman par le mouvement suprématiste humain et le personnage de Dämien. Je voulais proposer une approche des autres espèces existantes aussi bienveillante et curieuse que le personnage de Tarr, le Gromb.

Actusf : Comment la personnalité de votre héros, Livio Squirrel, a-t-elle permis de nuancer cette perception de l’autre et de la questionner ? Le personnage de Flogg complète-t-il l’approche de Livio ?

Pierre Bordage : Livio et Flogg se complètent, car ils n’ont aucune sympathie pour les suprématistes humains et ont une approche amicale et compréhensive des autres espèces. Flogg noue une belle histoire d’amitié avec Tarr le Gromb, et leur relation permet de mieux mesurer les différences ainsi que les ressemblances. L’histoire du vaatol, par exemple, ou la perception de la signature énergétique de chaque être, explique en partie la différence de perception entre l’humanité et une autre espèce.

Actusf : Dans votre dernière nouvelle « Et le verbe se fit cher » parue dans le recueil Par Delà l’Horizon chez ActuSF, vous abordez avec un humour assez sombre la question de la langue française et de son futur. Inclure des aliens dans Le Dixième vaisseau vous a-t-il permis de jouer à nouveau avec la linguistique ?

Pierre Bordage : Pas vraiment : il est difficile, en parlant une langue humaine, en utilisant pour l’écriture une langue humaine, imprégnée d’histoire humaine, d’envisager d’autres formes de langage (même si le groupe Magma l’a fait en inventant le Kobaïen). La solution la plus simple pour le paresseux que je suis est que tout le monde parle la langue officielle du Conseil Supérieur de l’Humanité, puisque les humains, vainqueurs de la première guerre galactique, ont imposé leur loi sur la Voie lactée. Il s’agissait alors de donner des expressions censées caractériser une espèce, répétition de oui, non, pour les grombs, par exemple, ou voix qui change sans cesse de fréquence chez les Acarias et leurs dix-neuf cordes vocales, le tout sans tomber dans la caricature.

Actusf : Est-il difficile pour vous de vous renouveler dans la science-fiction après avoir imaginé tant d’histoires parlant déjà de l’espace ? Vous-y attelez-vous toujours avec la même envie ?

Pierre Bordage : J’essaie de ne pas me préoccuper de ce qui a déjà été fait ou écrit, même si je reprends des idées d’autres auteurs ou les miennes. Chaque histoire a sa propre logique, sa propre musique, et, oui, le seul critère reste l’envie de raconter une nouvelle histoire. Sans cette envie, l’acte d’écrire serait pour moi vain et douloureux.

Actusf : Le Dixième vaisseau est un roman jeunesse. Ecrivez-vous de la même façon que pour un roman à destination d’un public adulte ? Quelles en sont les contraintes ? Les joies ?

Pierre Bordage : Il était prévu pour être un livre jeunesse, mais il s’adresse finalement à tout public, donc je n’ai pas eu l’impression d’écrire pour une catégorie de lecteurs. De toutes façons, chaque livre engendre ses propres contraintes, ses propres joies, ses propres difficultés. Je me suis plutôt efforcé de respecter la charte que m’avait suggérée Stéphanie : un space-opéra d’aventure bien pêchu en un seul tome, ce qui me convenait parfaitement.

Actusf : Pour terminer, pouvez-vous nous dire en une phrase pourquoi il faut lire Le Dixième vaisseau ?

Pierre Bordage : Si vous aimez l’aventure, le dépaysement, le suspens, les retournements de situation ou les surprises en tous genres, les personnages hauts en couleur, les expériences appliquées et extrêmes de la physique quantique, les histoires d’amour et d’amitié, souvent inattendues, les méchants qui peuvent se racheter et les êtres qui retrouvent leur véritable place, les affrontements en tous genres… bienvenue dans le dixième vaisseau !

Actusf : Où pourrons-nous vous rencontrer dans les semaines à venir ?

Pierre Bordage : Imaginales, Épinal, du 19 au 22 mai,
Étonnants Voyageurs, St Malo, du 4 au 6 juin,
Les Affluents, Ancenis (44), les 25 & 26 juin

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