Ce mois-ci, dans le cadre du Mois de l'Imaginaire, nous avons invité les autrices et auteurs à nous dévoiler quels étaient leurs titres préférés et surtout... Quelle avait été leur 1ère rencontre avec le genre.
Aujourd'hui, nous vous proposons de découvrir les récits incontournables de Marie-Catherine Daniel, autrice d'Entre troll et ogre, aux éditions Actusf.
Marie-Catherine Daniel : Hou la, je suis incapable de répondre à cette question : je mettrais un temps fou à me décider et 5 minutes plus tard, j’aurais changé d’avis et ma sélection serait à recommencer. A la place, je vous propose 3 auteurs actuels dont les oeuvres me marquent et m’inspirent : Lois McMaster Bujold, Adrien Tomas, Connie Willis.
Ce choix-là aussi a été ardu, mais je trouve qu'il représente assez bien à la fois mes envie de voyager dans des univers très différents - space-op ou fantasy pour Bujold ; fantasy ou urban-fantasy et steampunk pour Tomas ; historique réaliste et SF pour Willis -, à la fois mon plaisir de me laisser emporter dans des intrigues haletantes contées de façon de maître, et également mon insatiable fascination pour les personnages psychologiquement approfondis. De plus je suis très sensible aux partis pris sociaux - en filigrane ou explicites - que ces auteurs partagent : la différence et son acceptation, l’anti-racisme/sexisme, l’(in)humanité des humains ; et à leurs messages de ne pas systématiquement désespérer de ces derniers.
Bref, je privilégie des lectures qui répondent à mes exigences de styles immersifs, de consistance des « mondes » et personnages, et me permettent de m’évader.
Actusf : Quel a été votre premier contact avec la magie de l’Imaginaire ?
Marie-Catherine Daniel : Les contes, quand j’avais 5 ans, notamment ceux d’Enid Blyton et de la comtesse de Ségur. (Ben oui, les collections jeunesse, notamment en Imaginaire, n'étaient pas très développées à l'époque.).
Puis à l’entrée au collège, j’ai eu accès à la bibliothèque de ma mère qui lisait pas mal d’Imaginaire, et j’ai découvert Tolkien, Cherry, K. Dick, Bradley, Pelot, Herbert (Franck), Wintrebert, etc.
Et la liste n'a jamais cessé de s'allonger...
Pour Lizzie Felton, autrice de Les Amoureux de la Lune, aux éditions du Chat Noir, ses choix se portent sur :
Mon plus gros coup de cœur de l’imaginaire est « Harry Potter ». Oui, très original, je sais… J’ai pourtant résisté au phénomène très longtemps avant d’y succomber. Mais c’est bel et bien cette saga qui m’a confortée dans mon envie d’écrire, même si mon premier roman « Les Amoureux de la Lune » a peu de choses à voir avec l’univers de JK Rowling.
Mon deuxième coup de cœur est sans l’ombre d’un doute « La Passe-Miroir ». J’attends le dernier tome depuis des mois, fébrilement, car l’idée de devoir faire mes adieux à un univers qui m’est cher m’est toujours insupportable… Et puis la plume de Christelle Dabos est d’une beauté ! Mais ce que j’aime le plus dans son œuvre, ce sont les personnages. L’autrice a su les rendre vivants et attachants, tous autant qu’ils sont. Et l’univers est à couper le souffle. Fan ? Moi ? Noooon, pas du tout, voyons !
Pour le troisième coup de cœur, c’est plus difficile, car de nombreux romans pourraient figurer dans le palmarès ! Il y en a tant que j’aime et que j’aimerais citer. Mais comme il faut choisir, je dirais « Le Portrait de Dorian Gray » du grand Oscar Wilde, puisqu’il n’a pas quitté ma table de chevet depuis une douzaine d’années.
Ce qui me plaît autant dans ces œuvres - et dans l’imaginaire en général - c’est que ces auteurs nous prouvent que le pouvoir de création n’a de limites que celles que l’on s’impose soi-même. Pour moi, l’imaginaire est un moyen de côtoyer d’autres mondes, de vivre d’autres vies, de fuir la monotonie du quotidien. Alors, plus l’univers va être foisonnant, plus les personnages vont être complexes et plus les textes vont êtres denses, plus je vais être heureuse ! Nous avons besoin de toutes ces fabuleuses histoires.
Actusf : Et du côté du 1er contact avec l'imaginaire ?
Lizzie Felton : D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours baigné dans l’imaginaire, j’ai toujours aimé les contes, je me suis toujours inventé des histoires auxquelles je finissais moi-même par croire. Le monde réel m’a toujours ennuyée et c’était probablement ma manière de le fuir, de m’évader, de rêvasser. Parce que oui, je suis une grande rêveuse. Je n’ai pas seulement la tête dans les nuages, j’y ai le corps tout entier. Et le cœur plus encore !
Mais mon premier vrai contact avec la magie de l’imaginaire - du moins, le plus vif - a été la découverte du film « Edward aux mains d’argent ». Je l’ai regardé des centaines de fois pendant mon enfance et mon adolescence, et la magie était intacte à chaque nouveau visionnage. Ce conte est tellement touchant ; il me fait fondre… en larmes ! (C’est la raison pour laquelle je le regarde impérativement quand je suis seule, huhu.) Par ailleurs, Tim Burton figure parmi mes plus grandes sources d’inspiration - surtout en ce qui concerne le début de sa carrière. C’est un peu mon JK Rowling du cinéma ! J’adore les artistes qui ont leur univers propre, leur « patte », les grands sensibles aussi, les écorchés vifs, ceux qui jettent leurs tripes (et plus encore) dans leurs créations.
Enfin, pour Elodie Serrano, autrice des Baleines Célestes, aux éditions Plume Blanche, sa sélection est la suivante :
La Huitième couleur, de Terry Pratchett
Je sais qu’il n’est pas réputé le meilleur de l’Univers du Disque Monde. Mais il est pour moi la découverte de cet auteur merveilleux. Un roman qui envoie le pauvre Rincevent dans une course en avant de bêtises en bêtises qui, par un hasard des plus abracadabrantesque, finit par l’amener à sauver le monde. C’est enlevé, haletant, drôle. J’ai de merveilleux souvenirs à rire à voix haute au milieu du CDI du lycée, les autres élèves me regardant de travers à se demander ce qu’il me prenait.
L’Assassin royal, de Robin Hobb
Ah, Fitz. Mon petit Fitz. Lui aussi semble attirer les ennuis comme un aimant. Mais de façon bien moins guillerette. L’une des force de cette autrice est la profonde humanité de ses personnages. On s’attache à eux, on veut voir le héros s’en sortir, on souffre avec lui et on pleure, oh misère, on pleure quand on perd ceux qu’on a aimés. Cette saga, c’est mon livre doudou, celui que j’ai lu un nombre incalculable de fois et que je ne me lasse jamais de relire.
Des fleurs pour Algernon, de Daniel Keyes
Ce roman, il m’a prise par surprise et retournée comme une chaussette le jour où je l’ai découvert. Il est probable que les sujets qu’il aborde résonnent avec certaines de mes peurs. Je l’ai lu une seule fois, pourtant il reste gravé dans ma mémoire. Il me suffit d’y penser pour me souvenir du serrement au cœur de la seconde moitié de l’ouvrage. Une claque.
Actusf : Et pour le 1er contact ?
Elodie Serrano : Souvent, je cite un trio d’œuvres, lues dans les quelques mois de la fin 2001, à l’âge de douze ans, comme marqueurs de mon entrée dans les littératures de l’imaginaire. Et il est vrai, en un sens, que Le Seigneur des anneaux de J.R.R.Tolkien, Harry Potter de J.K.rowling et L’Assassin royal de Robin Hobb m’ont effectivement fait basculer dans les romans de SFFF.
Mais en vrai, l’imaginaire, pour moi, il a commencé dans mon écran de télé, devant La Caverne de la rose d’or et sa fabuleuse héroïne, Fantagaro, ainsi que dans la passion familiale pour le cycle Arthurien. Je voue d’ailleurs un culte certain au Merlin l’enchanteur des studios Disney. Il était donc évident que les romans suivraient, tôt ou tard.