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Les Chevaliers de la raclette - Les secrets d'écriture de Nadia Coste et Jean-Laurent Del Socorro
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Les Chevaliers de la raclette - Les secrets d'écriture de Nadia Coste et Jean-Laurent Del Socorro

A l'occasion de la parution du 6ème tome des aventures des Chevaliers de la raclette, La Balme des origines, Nadia Coste et Jean-Laurent Del Socorro reviennent sur la création de cet univers qui fait voyager petits et grands à travers le temps.

Actusf : Les Chevaliers de la raclette terminent leurs premières aventures avec ce tome 6. Petit retour en arrière, comment avez-vous composé votre équipe de choc et d'aventuriers ? Qui sont-ils ?

Nadia Coste : Alors, les Chevaliers de la Raclette sont six amis qui vivent dans différents coins de la Savoie. Jean-Laurent Del Socorro s’occupe de trois d’entre eux, et moi, je gère les trois autres ! Chaque groupe ouvre le passage temporel à l’autre équipe, qui part en voyage à une époque précise, liée à un évènement historique sur lequel ils vont essayer d’intervenir (sauver des gens ou des objets, par exemple). Ils se retrouvent chaque mois pour une soirée raclette, d’où leur nom !
De mon côté, je m’occupe du groupe composé de Nina (dite Nini parce qu’elle ne mange ni gluten ni lactose, ce qui lui pose quelques soucis pendant les soirées Raclette !), Mehdi (qu’on appelle Bagou pour sa tchatche ! Un grand sportif qui aime aussi faire du théâtre, ce qui sera un atout durant certains voyages temporels), et Serena (la plus âgée du groupe, qui sera vite surnommée Wiki pour ses connaissances et sa capacité à faire des recherches avant de partir à l’aventure).
Jean-Laurent Del Socorro : De mon côté, il y a Thomas, le plus discret mais aussi le plus gourmand du groupe. Comme il adore le fromage et qu’il vient des Bauges, les autres le surnomment Tome des Bauges. les deux autres sont Giuliana et Mourad qui viennent de deux vallées voisines, la Tarentaise et la Maurienne. Ils ont une rivalité amicale entre eux pour prouver que leur vallée est la meilleur. Ils se chamaillent comme Legolas et Gimli dans le Seigneur des anneaux de J. R.R Tolkien, du coup, Giuliana est surnommée l’elfe et Mourad le nain, bien qu’il soit un des plus grands de la bande !

Actusf : À chaque tome ils vont se rendre sur un grand événement historique des pays de Savoie. Comment avez-vous choisi ces moments ?

Nadia Coste : Au moment de la préparation de la série, alors que nos héros n’étaient pas encore Les Chevaliers de la Raclette, nous avons fait un gros brainstorming pour réfléchir à ce que nous voulions pour cette histoire, et notamment des périodes et évènements à aborder. Personnellement, je connaissais mal l’Histoire de la Savoie et de la Haute-Savoie, et j’ai appris beaucoup de choses ! En quelques mots, les histoires du Granier et de la Balme à Collomb m’ont immédiatement soufflé des images, des idées narratives très fortes : une montagne dont le sommet s’écrase ? Il faut prévenir les habitants ! Une grotte où des ours venaient hiverner génération après génération, dont l’entrée s’est effondrée et qui a été découverte, avec tous ses squelettes, des milliers d’années plus tard ? Et si on se retrouvait coincé à l’intérieur ?
Quant à Mandrin, c’était une figure que je connaissais déjà, et l’idée d’un « Robin des Bois savoyard » me plaisait beaucoup. J’ai eu peur de devoir me battre avec Jean-Laurent pour pouvoir m’en occuper, mais heureusement, il avait d’autres idées d’évènements à traiter !
La répartition s’est donc faite assez naturellement.
Jean-Laurent Del Socorro : Oui, c’était drôle comme nos choix se complétaient. La seule chose à laquelle il nous fallait faire attention, c’était d’avoir à la fois une diversité géographique mais aussi d’époques. Nous ne voulions pas que tous les récits soient au Moyen Âge par exemple. C’est comme ça que pour Annecy, j’ai regardé ce qui se passait dans l’antiquité et que je suis tombé sur l’histoire de Boutae, la ville gallo-romaine avant Annecy.

Actusf : Est-ce qu'il y a des épisodes historiques qui ont été plus compliqué à appréhender que d'autres ?

Nadia Coste : De mon côté, je ne peux pas dire qu’une histoire a été plus difficile qu’une autre, mais l’ensemble du projet, très différent de la façon dont j’aborde mes histoires d’habitude, m’a obligé à plus de recherches que pour un autre roman. C’est la première fois que j’aborde des périodes historiques et que je pars de faits réels… il ne faut pas dire n’importe quoi ! (en réalité, en fantasy ou en SF, je fais également des recherches, mais pas du même ordre : j’ai plus de liberté sur la façon de les utiliser, je pense).
Jean-Laurent Del Socorro : Assez curieusement, cela a été l’époque la plus récente, la fin du XIX siècle dans Le Secret de Tamié, qui m’a posé le plus de difficulté. Peut-être parce que les événements que j’aborde (les lois sur la laïcité en France, etc.) ont des liens directs avec notre actualité, davantage en tout cas que les autres périodes que j’ai abordées.

Actusf : Ce sixième tome nous emmène à la Grotte des ours en Chartreuse. Pourquoi avoir choisi cet endroit ?

Nadia Coste : La Préhistoire est une période passionnante. Je ne suis pas une experte, comme peut l’être ma sœur, Pauline Coste, avec qui j’ai coécrit « Devine de quand je t’appelle ? » (qui propose un voyage dans le temps pour ados vers – 22 000 !), mais j’avais déjà eu un goût pour une période à peine plus récente (le néolithique !) avec mon travail sur « Le Premier ». C’est une période historique, très vaste, sur laquelle on peut imaginer beaucoup de choses à partir de ce que les archéologues découvrent.
Ici, des ossements d’ours des cavernes ont été retrouvés au même endroit, et grâce aux datations, on a découvert que ces ours avaient utilisé la grotte pendant plus de 20 000 ans avant qu’elle ne soit condamnée. Je n’arrive même pas à imaginer le nombre d’ours qui sont passés là, ensemble ou séparément !
Et ce que j’aimais aussi, c’est que cet endroit nous permettait deux évènements distincts : l’effondrement de l’entrée qui condamne la grotte, à la préhistoire, et la découverte par les spéléologues en 1988…

Actusf : On a la fin de l'intrigue autour de "l'Ombre". Tout était prévu dès le départ ou l'intrigue a-t-elle évoluée pas à pas ?

Nadia Coste : Nous avions les grandes lignes dès le début. Au moment du brainstorming, le mot clef, c’est « pourquoi ? ». Pourquoi font-ils ça ? Qui leur a donné ça ? Qui veut quoi et quand ? Et je crois que, très vite, nous avons su que les clefs de l’aventure de nos héros seraient à la Balme à Collomb. Nous avons donc placé des petits cailloux, comme le ferait le petit Poucet, pour conduire le lecteur à cette conclusion…
Mais certains détails ont été plus développés selon les tomes. Notamment l’existence d’un personnage important qui prend corps dans ce dernier volume !
Jean-Laurent Del Socorro : Ce qui est amusant, c’est que Nadia et moi découvrions en fait les secrets de l’intrigue juste avant les lecteurs et les lectrices ! Nous écrivions les livres en parallèle deux par deux (1 et 2, 3 et 4, etc.), du coup, nous avions une idée de l’arrivée, mais rien de définitif.
Nous abordions et réfléchissions essentiellement à ce dont nous avions besoin pour nos deux tomes, même si nous évoquions des pistes pour la suite bien sûr. Ainsi, quand nous avons fini les tome 3 été 4, tout était encore possible ou presque.
C’était vraiment chouette de pouvoir se laisser surprendre à chaque nouveau livre que je commençais à écrire. Pour moi, cela a été une vraie source d’inspiration.

Actusf : Le projet a commencé en 2019. Depuis il y a eu 6 tomes, une exposition en partenariat avec l'ENAAI et la Médiathèque Georges Brassens, des rencontres scolaires... Quel regard portez-vous sur cette aventure ?

Nadia Coste : C’est génial ! L’accueil des lecteurs est toujours enthousiasmant et on voit que cette histoire plaît !
L’exposition a été un grand moment d’émotion : c’est toujours incroyable de voir son histoire mise en image par des gens talentueux ! Et les rencontres scolaires sont un bonheur. J’ai notamment le souvenir d’une classe de la Côte St André, où les élèves s’étaient déguisés en Mandrin et ses compagnons… ils avaient vraiment joué le jeu et étaient à fond dans l’histoire !
Il suffit que je prononce les mots « Chevaliers de la Raclette » pour voir naître des sourires chez mes interlocuteurs !
Jean-Laurent Del Socorro : C’était génial de voir apparaitre en images nos récits. Et quelle efficacité ! Les étudiantes et étudiants de l’ENAAI n’ont eu qu’un seul mois pour s’approprier notre univers et faire leur illustration !
J’avoue que certaines, notamment deux sur les livres de Nadia, étaient tellement réussies que ça donnait envie d’aller plus loin, sur une bande dessinée par exemple.

Actusf : Allez, dites-nous qu'il y aura de nouvelles aventures ?

Nadia Coste : Ce n’est pas impossible ! Mais l’histoire de nos six héros est pour l’instant terminée. S’il y a une suite ou d’autres tomes, ils seront indépendants de ce cycle. En tout cas, j’ai pris beaucoup de plaisir avec ces personnages, dans cette collaboration avec Jean-Laurent, alors si l’occasion de travailler à nouveau ensemble se concrétise, je signe tout de suite !
Jean-Laurent Del Socorro : Idem, je signe pour repartir. Si nous revenons dans cet univers, ce sera certainement différent en terme de ton, d’ambiance aussi je pense. Il faudra faire évoluer nos personnages après ces aventures. Moi j’avoue, ça me dit bien. J’ai déjà l’idée d’une aventure en Maurienne…
Mais bon, on va laisser nos héros et héroïnes se reposer quelques temps, et manger tranquillement leur raclette.(rires)

Jérôme Vincent

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