Avec « Assistant to the Villain » (Calix), Hannah Nicole Maehrer nous a donné un roman que je qualifierai de « dark romantasy » : dans son village de Rennedawn, à la lisière de la terrifiante forêt d’Hickory, la jeune Evie Sage, à la maladresse légendaire, doit faire vivre son père malade et sa jeune sœur. Depuis qu’elle a quitté brusquement son travail à la forge, elle a du mal à trouver du travail. Quand le Vilain (avec un V majuscule), redouté dans tout le royaume pour ses crimes innommables et innombrables, lui propose de devenir son assistante personnelle, avec un bon salaire, elle n’hésite guère car, après tout, un job est un job.
Certes il y a des têtes coupées qui traînent dans les couloirs, les cris des gens torturés peuvent être dérangeants, mais elle se révèle excellente dans son poste, avec des qualités d’organisation qu’elle ne soupçonnait pas avoir, bref elle s’éclate dans son travail. De plus, son patron, Trystan (qu’elle n’appelle que « Monsieur ») est bel homme et plutôt charmant avec elle, ce qui ne gâte rien, bien au contraire… Et lorsqu’elle réalise qu’il y a un complot, sans doute organisé par le Roi (et la découverte de qui il est et de ses motivations sont une belle surprise), pour l’éliminer, Evie va tout mettre en œuvre pour déjouer celui-ci, débusquer les traîtres et sauver la peau de son patron.
Le roman est plein d’humour avec les mauvaises interprétations de chacun de leurs faits, gestes et attitudes envers l’un l’autre par Evie et Trystan alors que leur attirance mutuelle se développe, et d’une drôlerie sans nom lorsque l’autrice nous décrit le fonctionnement de l’organisation du Vilain, calqué sur le management d’une grande entreprise de notre monde moderne, ce qui est hilarant dans un environnement plus ou moins Renaissance. Je ne vous parle pas de la faune, dragons ou vouivres, au comportement subtilement modifié pour notre plaisir. Quant aux personnages ils sont soit tout à fait sympathiques (y compris le Vilain dont on comprendra comment il est devenu Vilain) soit fort antipathiques mais, quels qu’ils soient, l’autrice nous fait comprendre, par petites touches, pourquoi ils sont ainsi et les raisons – bonnes ou mauvaises – qui les poussent à agir comme ils le font. Certes, il y a du sang et des morts violentes en nombre mais sans jamais verser dans le gore. En résumé, - et ce sera ma seule très légère réserve - même si j’ai trouvé l’écriture parfois un peu moins fluide qu’elle ne pourrait l’être (je ne sais pas si cela vient de l’original ou de la traduction), voilà un roman fort plaisant à lire, de quoi passer une bonne soirée.