Je viens de lire "Station Symbiose" (dans la nouvelle collection jeunesse, Déclic, des éditions CRITIC) de Noëmie Lemos que j'avais découverte l'année dernière avec son beau roman "Hope" (Editions Éditions Timelapse).
Dans cette Station Symbiose construite par l'Alliance Carrée, un ensemble de races extraterrestres dont la devise est, en quelque sorte, de vivre ensemble dans la paix et l'harmonie en se complétant les uns les autres (en symbiose donc), les humains sont méprisés car trop petits, ayant des sens et une intelligence limités et, surtout, parce qu'ils sont les seuls à avoir détruit leur propre planète. Ils sont donc relégués aux emplois les plus ingrats, bonnes d'enfants extraterrestres ou maintenance de la station d'épuration (travail de m.... au sens propre du terme mais essentiel). La jeune Myrina, 15 ans, vit dans un minuscule appartement avec sa mère, qui travaille à la station d'épuration, son père qui s'occupe d'une myriade de bébés jiihs (des petits ET pelucheux à tentacules) et son grand-père qui ne parle ni ne bouge guère. Et elle va à l'école où enseignent des professeurs ET en attendant ses 18 ans où on lui implantera, comme à tous, un communicateur permettant aux humains de comprendre le langage universel de base, le vrai étant trop complexe. Sa seule échappatoire est l'organisation de concerts olfactifs - car l'odorat est le seul sens commun à toutes les espèces parce que le plus simple étant la détection de molécules et, cela devrait plaire à Fabrice Chemla, c'est donc de la chimie et la vie qu'est-ce sinon de la chimie ? Quand sa mère va être arrêtée avec toute l'équipe humaine et une partie de ses camarades de classe recrutés à la place, Myrina va commencer à mener sa propre enquête pour faire libérer sa mère, avec toutes les difficultés que cela comporte. Elle sera aidée par un alien télépathe mystérieux qui se cache, apparemment seul de son espèce, à l'ego inversement proportionnel à sa faiblesse physique. Son enquête lui fera parcourir toute la station, rencontrer nombre d'aliens et découvrir que tout n'est pas comme l'Alliance Carrée et ses membres aimeraient le faire croire... tout en grandissant et en perdant ses propres préjugés d'humaine.
Avec "Station Symbiose" l'autrice nous livre un très beau roman jeunesse, entre ses races ET toutes plus étonnantes et originales les unes que les autres, d'une créativité extraordinaire, et ses technologies avancées (la technologie phytecte mêle l'organique et l'inorganique), mettant en valeur la nécessité de ne pas se fier qu'aux apparences et de découvrir les raisons qui se cachent derrière les comportements afin de comprendre l'étranger, avec en plus le message fondamental que l'art - ici les concerts olfactifs - est véritablement le seul langage universel permettant de partager une émotion commune. A nouveau Noëmie Lemos nous propose un excellent roman, plein d'un optimisme et d'un espoir qui nous font défaut dans notre vie quotidienne. Une très belle lecture !
Pour finir les vacances sur une note sympathique, je viens d’achever un roman de cosy fantasy ou de cosy fantastic, je ne sais trop comment le qualifier, coréen, « Le Magasin qui n’ouvre que les jours de pluie » (Laffont, collection R), de You Yeong-Gwang. La jeune Serine, qui mène une vie d’une tristesse affligeante avec des problèmes de toute sorte, a écrit sans trop y croire, après avoir lu un livre étrange intitulé « Secrets du Magasin des gobelins », une lettre racontant ses malheurs, adressée au magasin « La Mousson », qui n’ouvre que les jours de pluie : si vous recevez une invitation de la part des gobelins qui le tienne, vous pourrez vous y rendre et ils vous offriront un grand bonheur en échange de cette visite. Et, ô surprise, elle reçoit un carton d’invitation (en or en plus !). Une fois rendue sur place, elle va entrer dans le domaine des gobelins et l’explorer, accompagnée d’un chat plus qu’étrange. Car, bien entendu, il y a une condition pour obtenir le bonheur promis : il faut récolter des perles dans les différents magasins gobelins, parfumerie, librairie ou restaurant, tous plus bizarres les uns que les autres – sans parler de leurs occupants -, plus un casino à faire paraître ceux de Las Vegas pour des bouges, tout cela dans un laps de temps très court, sous peine des rester à jamais coincé chez les gobelins. Serine, avec sa gentillesse innée et son manque d’assurance permanent, va affronter les embûches semées sur son chemin par son ignorance des moeurs gobelines et des individus mal intentionnés, ce qui nous donne une intrigue tout à fait intéressante car les gobelins sont retors…
L’auteur se divertit manifestement autant que nous avec ses descriptions du pays gobelin, loufoque à souhait mais paradoxalement nous rappelant les travers et les excès de notre propre société. Le livre est plein d’humour et se termine bien, pas cosy pour rien, avec Serine heureuse, selon la conception de l’auteur du bonheur. Et le lecteur est lui aussi rempli de bonheur, celui d’avoir lu un bon livre !