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Les Héritiers - Un jeu présenté par Fabien Clavel
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Les Héritiers - Un jeu présenté par Fabien Clavel

Les Héritiers est un jeu de rôle fantastique où se croisent merveilleux arthurien et parfums occultes dans un cadre historique de l’Europe, entre 1900 et 1914.

Les Héritiers est en cours de financement sur Ulule jusqu'au 3 avril prochain. Et pour aller plus loin, on vous propose de le découvrir au travers d'un entretien avec Fabien Clavel.

« En 1914, tout s’achève, je suis un Héritier. »

Actusf : Vous venez de lancer une campagne Ulule pour un nouveau projet, le jeu Les Héritiers. En quoi consiste-t-il ? Pouvez-vous nous le présenter ?

Fabien Clavel : Les Héritiers est un jeu de rôle qui met en scène des fées à la Belle Époque. Les fées vivent parmi les hommes mais elles ont développé des capacités leur permettant de demeurer indiscernables parmi les humains : ce sont des Faux-Semblants. Cependant, au tournant de 1900, certains de ces Faux-Semblants sont poursuivis par des cauchemars de fin du monde et se réveillent, haletant, avec cette phrase qui résonne encore en eux : « En 1914, tout s’achève. Je suis un Héritier ».

Actusf : Comment y joue-t-on ? Faut-il être un joueur confirmé ?

Fabien Clavel : C’est un jeu de rôle classique dans le sens où l’on a besoin du livre de base qui décrit l’univers et les règles, ainsi que quelques scénarios. Ensuite, on réunit quelques ami∙es ; l’un∙e d’entre nous devient meneur de jeu, ou Docte dans ce jeu, c’est-à-dire dirige la partie, décrit l’univers aux autres joueurs et s’efforce de les accompagner dans le scénario. Il n’y a pas besoin d’être joueur confirmé, d’autant que les règles sont faites pour être prises en main rapidement. Mais il faut savoir qu’être Docte demande, comme dans tous les jeux de rôles, un certain travail de préparation en amont de la partie.

Actusf : Avec Les Héritiers, peut-on parler de steampunk féérique ? Pourquoi choisir ce genre ? Représente-t-il quelque chose en particulier pour vous ?

"[...] je dirais plutôt qu’il s’agit d’une féérie steampunk, plus que du steampunk féérique."

Fabien Clavel : Je dois d’abord rappeler que je ne suis pas le créateur du jeu qui a été imaginé par Isabelle Périer et Éric Paris. J’ignore quelles étaient leurs intentions au départ. En tout cas, ce n’était pas vraiment un jeu steampunk puisqu’il a été imaginé au milieu des années 1990, avant que le genre ne perce en France. Il existe bien sûr des savants très en avance sur leur temps avec des éléments de rétro-futurisme et de machines à vapeur, mais cela reste marginal. Cependant, l’univers du jeu est en phase avec ce qu’est devenu le steampunk au sens de mélange des genres puisqu’on touche à la fois à la fantasy, au policier, à la science-fiction, à l’espionnage, au pulp. Donc, je dirais plutôt qu’il s’agit d’une féérie steampunk, plus que du steampunk féérique. Pour Isabelle qui aimait toute la richesse de l’imaginaire, le steampunk est le meilleur moyen de réunir tous les genres en un seul univers. Et je suis d’accord avec elle.

Actusf : Des fées classiques, des fées modernes… Qui sont-elles ? Pouvez-vous nous dire quelques mots ?

Fabien Clavel : Le terme de fées a été élargi ici à la plupart des créatures mythologiques, légendaires et fantastiques. On trouve ainsi des elfes, des trolls, des orcs de la high fantasy ; des bastets, des phénix, des ondines, des golems issus de diverses mythologies ; des vampires et des loups-garous provenant de la littérature fantastique. Ces fées sont dites classiques parce que, dans Les Héritiers, elles existent depuis fort longtemps. Mais l’un des éléments centraux du jeu est de proposer des fées dites modernes. En effet, le monde voit l’apparition, pour l’instant inexpliquée, de nouvelles fées adaptées au monde moderne, comme les fées électricité ou les smogs qui incarnent la pollution industrielle. Cela permet de donner une grande richesse puisque, grâce aux paliers débloqués, toutes ces créatures peuvent être jouées.

Actusf : Avez-vous un type de fée préféré ? Pourquoi ?

Fabien Clavel : J’ai une préférence pour les fées modernes qui apportent une touche d’originalité supplémentaire. Je dois avouer que j’aime beaucoup les Fleurs de métal qui sont des sortes de vampires psychiques avec des ailes de métal noir (on en aperçoit une sur la couverture du jeu par Alain Brion). J’aimais déjà les Selenim de Nephilim. Pour ceux qui connaissent, il y a une parenté entre eux.

Actusf : Avez-vous eu des inspirations littéraires, cinématographiques lors de la création des Héritiers ?

Fabien Clavel : L’avantage, c’est que la Belle Époque est un moment où sont créés de nombreux mauvais genres. Il était donc facile de s’inspirer des romans de science-fiction de Jules Verne, des romans policiers de Conan Doyle ou des premiers ouvrages de fantasy. Bien sûr, on pense au Paris des Merveilles de Pevel mais le jeu lui est antérieur d’une demi-douzaine d’années. Je pense qu’une partie de l’inspiration venait aussi d’autres jeux de rôles comme Cthulhu (pour l’aspect horrifique), Vampire (pour la construction d’une société parallèle), Nephilim (pour la richesse magique) ou Agone (pour la profondeur mythologique) ou Feng-Shui (pour le côté fun des bastons). Là, une fois de plus, Isabelle aurait été bien mieux placée que moi pour répondre.

Actusf : De nombreuses contreparties sont proposées. Qu’avez-vous concocté pour les audacieux contributeurs ?

Fabien Clavel : Il y a déjà eu de nombreux types de fées qui ont été débloqués. Il reste encore à venir des décors supplémentaires, des scénarios supplémentaires, peut-être même une nouvelle dans l’univers des Héritiers… Mais il faut savoir que, conformément à la volonté d’Isabelle, le projet est transmédia. Un gros roman devrait être publié au moment de la sortie du jeu pour servir d’introduction à l’univers. Et il existe également un jeu de cartes en développement dans l’univers des Héritiers et dont le titre de travail est Cénacle. D’autre part, nous préparons aussi une grande campagne qui devrait permettre aux joueurs d’aller jusqu’en 1914…

Actusf : Si le projet se concrétise, la sortie est prévue pour quelle date ?

Fabien Clavel : Le projet se concrétise ! Nous en sommes déjà à plus de 400% de financement et nous espérons encore plus pour enrichir les livres initiaux ! Pour l’instant, nous visons une livraison du jeu pour décembre 2020. Soit près de vingt-cinq ans après la création des Héritiers. Cela me donne l’occasion de rappeler que ce jeu a connu une histoire éditoriale mouvementée sur près d’un quart de siècle. Aujourd’hui, Isabelle n’est plus là mais nous sommes heureux, avec Gregory Lemonnier, Vincent Blanchard, Nicolas Bernard, Sébastien Célerin et le Département des Sombres Projets, de pouvoir enfin lui rendre hommage et d’achever la tâche qu’elle n’a pas pu mener à son terme.

Actusf : Pour vous, qu’est-ce qui fait un bon univers steampunk ?

Fabien Clavel : Ce que j’apprécie dans le steampunk, c’est le goût du mélange et de la référence. Pour moi, c’est une forme d’incarnation d’un baroque contemporain où l’on va jouer non seulement sur la profusion, mais aussi sur la perte de repères, l’illusion, le trompe-l’œil, le vertige. C’est pourquoi l’aspect uchronique (ou plutôt le jeu sur le temps de façon plus général) me semble fondamental. C’est ce que j’ai essayé de faire dans Feuillets de cuivre. Ce roman est d’ailleurs une émanation des Héritiers puisqu’il met en scène l’inspecteur Ragon, enquêteur bibliomane, que j’avais inventé pour le roman des Héritiers en 2000.

Actusf : Quel est votre œuvre steampunk préférée (film, roman…) ? Pourquoi ?

Fabien Clavel : Sur les romans, j’en reste à mes premières amours : La Lune seule le sait de Johan Heliot et Confessions d’un automate mangeur d’opium de Fabrice Colin et Mathieu Gaborit. Pour le cinéma, c’est Brazil qui me vient en tête. Quant aux séries, Carnival Row a été une excellente surprise récemment et j’attends beaucoup de la suite. Mais, devant tout cela, mon œuvre steampunk préférée est la série Doctor Who (elle a failli détrôner Buffy dans mon panthéon télévisuel personnel) parce qu’elle incarne ce bonheur de raconter des histoires en touchant à tous les genres, à toutes les époques.

Actusf : Sur quoi travaillez-vous ?

Fabien Clavel : J’ai plusieurs projets très secrets dont je ne peux pas parler. Mais je travaille sur la suite de Feuillets de cuivre avec de nouvelles enquêtes de l’inspecteur Ragon. Côté jeux de société, je travaille sur le développement d’un jeu de plateau, Scriptorium, ainsi que sur celui du jeu de cartes Cénacles. Et j’ai deux romans qui paraissent bientôt en jeunesse chez Rageot : un thriller court et percutant, Le Centre, et une histoire de fantasy où un auteur est confronté au monde qu’il a inventé, Le Monde de Lléna.

Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?

Fabien Clavel : Avec le coronavirus, tout est un peu incertain. Mais je suis pour l’instant attendu :
- le 29 mars au salon du livre de La Saussaye
- les 15 et 16 mai au salon des livres de Caen
- le 6 juin à Franconville
- le 13 juin à Saint-Maur en poche.

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