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Les Révoltés de Bohen par Estelle Faye
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Les Révoltés de Bohen par Estelle Faye

Actusf : Après Les Seigneurs de Bohen, vous revenez avec Les Révoltés de Bohen. Comment est né ce roman ? Est-ce une suite ?

"C'est un roman inattendu. C'est une deuxième époque dans l'univers de Bohen, quinze ans après Les Seigneurs."

Estelle Faye : C'est un roman inattendu. C'est une deuxième époque dans l'univers de Bohen, quinze ans après Les Seigneurs. Et vraiment, à l'époque où j'écrivais Les Seigneurs, j'étais persuadée que ce serait un one shot, un roman sans suite dans cet univers, l'année qui voit se produire la Révolution, d'un printemps à un printemps...
Et puis... et puis, dès sa sortie, les lectrices et les lecteurs ont fait un accueil enthousiaste aux Seigneurs de Bohen, m'ont demandé de revenir dans cet univers... (merci aux lectrices et aux lecteurs, au passage. Sans vous, Les Révoltés n'existerait pas !).
Alors j'ai commencé à réfléchir à un deuxième livre, à en parler avec mon éditeur (Simon Pinel, chez Critic). Très vite, je me suis rendue compte que les lectrices et les lecteurs avaient raison, que j'avais encore d'autres histoires à raconter en Bohen.
De plus, écrire une suite allait me permettre de travailler sur une question qui me passionne depuis longtemps : qu'est-ce qui arrive après la fin des histoires ? Que se passe-t-il après que "les héros ont gagné" ?
Écrire une suite allait aussi me permettre de voir grandir, mûrir, de voir vieillir mes personnages. Certains ont fondé des familles. Une nouvelle génération s'avance aussi, ceux qui étaient encore enfants (ou même pas nés) lors de la première Révolution.
Voilà d'où ce roman est parti.

Actusf : De quoi cela parle-t-il ?

"Ce deuxième livre présente un monde plus chaotique et plus sombre, dans lequel l'espoir, une première fois, a été écrasé. Malgré tout, il peut encore renaître, plus âpre, plus tenace..."

Estelle Faye : Le monde de Bohen, quinze ans après la Révolution. Forcément tout ne s'est pas bien passé. La plupart des tragédies à venir étaient déjà en germe dans la fin des Seigneurs.
Ce deuxième livre présente un monde plus chaotique et plus sombre, dans lequel l'espoir, une première fois, a été écrasé. Malgré tout, il peut encore renaître, plus âpre, plus tenace...
Les héros d'antan ont vieilli (ou ont mal tourné, ou sont morts. En quinze ans dans un monde chaotique, forcément il y a eu du dégât). Certains tiennent encore, et une nouvelle génération arrive, décidée à ne pas répéter les erreurs passées. Décidée à ramener la liberté en Bohen.

Actusf : C’est l’heure du constat. quinze ans après la Révolution, on retrouve Bohen, mais cette fois-ci au travers des yeux d’une enfant témoin. Le point de vue change. Finalement, est-ce que ce soulèvement, cette volonté de liberté est un échec ?

"La première Révolution de Bohen a eu le mérite d'exister, de montrer qu'un autre monde était possible, que l'Empire n'était pas le seul gouvernement concevable."

Estelle Faye : La première Révolution n'est pas un échec, simplement, à elle seule, elle ne pouvait pas tout résoudre, elle ne pouvait pas créer un monde idéal. Je me suis documentée, pour ce deuxième livre, sur tout ce qui a suivi la révolution française, les révolutions de 1848, la révolution russe, les printemps arabes, l'épopée bolivarienne... Tous ces appels à plus de liberté, plus de justice, qui n'ont pas tout résolu d'un coup de baguette magique, qui ont été suivis de chaos et de souffrances...
La première Révolution de Bohen a eu le mérite d'exister, de montrer qu'un autre monde était possible, que l'Empire n'était pas le seul gouvernement concevable.
La première Révolution a planté une graine, un nouvel espoir en Bohen. Tout l'enjeu du deuxième livre est de revivifier cet espoir, de continuer (ou reprendre) la lutte. De ne pas abandonner.

Actusf : Vos héros ont parfois, voire souvent, une morale ambigüe. Est-ce quelque chose de difficile à traiter, à retranscrire ? Pourquoi avoir choisi des personnages « sur le fil » ?

Estelle Faye : J'aime retrouver dans les livres que je lis toute la complexité de l'expérience humaine. C'est à la fois plus incarné, plus crédible et plus intéressant (je trouve) que des mondes manichéens. Quand j'écris, je cherche à apporter cela à mes lecteurs. Ce n'est pas toujours facile, mais c'est un travail passionnant !

Actusf : Va-t-on retrouver une part de romantisme dans Les Révoltés de Bohen ?

"[...] je cherche à créer des univers qui, sur le plan humain, transcrivent au mieux la diversité, la richesse, la complexité de la vraie vie..."

Estelle Faye : Il n'y a pas spécialement de romantisme dans l'univers de Bohen (je n'ai rien contre le romantisme, mais là je n'en ai pas écrit). Il y a juste des femmes et des hommes qui, en plus de beaucoup d'autres choses, parfois s'aiment, se mettent en couple, se séparent, couchent ensemble... comme dans la vie.
Comme je l'ai dit plus haut, je cherche à créer des univers qui, sur le plan humain, transcrivent au mieux la diversité, la richesse, la complexité de la vraie vie... J'ai de plus en plus de mal à croire, avec le temps, aux mondes de fantasy menés uniquement par des héros solitaires sans attache, ou aux mondes quasiment sans femme, ou avec des personnages tous hétérosexuels, ou avec seulement des riches et puissants qui font avancer l'Histoire, et des pauvres qui les regardent passer...
Donc pour revenir à la question, il y aura toujours dans Les Révoltés ce qui pour moi n'est pas du romantisme, simplement de l'humanité. Sur certains points, je vais même plus loin que dans Les Seigneurs, avec des familles, des enfants, des mariages... (Il y a aussi des personnages qui ne sont pas en couple, et sont très bien ainsi.)
Il y a des sentiments amoureux, des attirances, toujours, dans l'univers de Bohen, mais ce n'est pas l'essentiel du livre, et surtout, avant tout, c'est un reflet de la vie.

Actusf : La 4ème de couverture, nous fait miroiter le retour prochain des Wurms. Qu’est ce c’est exactement ? Va-t-on retrouver les créatures fantasy montrées directement ou citées des Seigneurs de Bohen, ou vont-elles rester dans l’ombre ?

Estelle Faye : Joker ! Là je ne vais pas trop en dévoiler. Ce que je peux juste dire, c'est que dans le chaos qui a suivi l'écroulement de l'Empire, des magies anciennes sont revenues à la surface, se sont épanouies à nouveau...

Actusf : Avec Les Seigneurs de Bohen, puis Les Révoltés de Bohen, on se situe dans la dark fantasy. Pourquoi avoir opté ce registre ?

Estelle Faye : Clairement, Bohen est un univers de fantasy, un univers imaginaire, même s'il a de fortes inspirations historiques. Vu les sujets que je traite, et la manière dont je les traite, il a d'évidence un (gros) côté sombre.

Actusf : On n’en parle pas très souvent, mais tu es aussi scénariste. L’écriture de scénario doit être très différente de celle de roman, non ?

"L'immersion dans le monde et le rapport aux personnages fonctionnent vraiment de manière différente. Certains images qui sont percutantes à l'écrit n'auraient pas le même effet à l'écran (et inversement)."

Estelle Faye : Je suis beaucoup moins scénariste qu'écrivaine, depuis déjà quelques années ! Mais j'ai repris le scénario récemment pour travailler sur un projet d'adaptation, et je vérifie depuis que pour rester fidèle à l'esprit d'un livre, il faut en trahir la lettre, constamment.
L'immersion dans le monde et le rapport aux personnages fonctionnent vraiment de manière différente. Certains images qui sont percutantes à l'écrit n'auraient pas le même effet à l'écran (et inversement).

Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Estelle Faye : Un scénario, donc, et des projets de romans pas assez avancés pour en parler maintenant (Les Révoltés de Bohen m'a pris beaucoup de temps !).

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