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L'Ombre des Arches - Le nouveau roman de Vincent Mondiot
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L'Ombre des Arches - Le nouveau roman de Vincent Mondiot

A l'occasion de la parution de L'Ombre des Arches, suite des Mondes Miroirs, le 8 novembre aux éditions Mnémos, Vincent Mondiot revient sur l'écriture des nouvelles aventures d'Elsy et d'Elodianne.

Actusf : L’Ombre des Arches, suite des Mondes-miroirs, est paru le 8 novembre aux éditions Mnémos. Comment cette série est-elle née ? Qu'est-ce qui vous a donné envie de l’écrire ?

Vincent Mondiot : L’idée initiale de la série est apparue il y a maintenant dix ans, via la rencontre entre mes idées, celles de Matthieu Leveder (qui illustre le roman), et celles d’Oasis Nadrama (qui a coécrit le premier volume).
Le monde de Mirinar, où se passent Les Mondes-miroirs, est donc le résultat de trois imaginaires différents que nous avons fait fusionner via une longue préparation et de nombreux essais. Des essais parfois infructueux, mais toujours forts en enseignements…
Ce qui, cependant, m’a donné envie de faire survivre cet univers malgré les passes parfois sombres qu’il a pu connaître, ce sont ses personnages : Elsy, Élodianne, Damnis, Latima, Rekvan, Salven… Au départ juste des mots, mais qui, avec le temps, avec les lignes d’écriture accumulées, sont devenus pour moi des amis. Certes de papier, mais des amis quand même ! J’ai envie de les accompagner jusqu’au bout de leur aventure et de leur être aussi utile que possible.

Actusf : Pouvez-vous nous dire quelques mots sur ce nouveau roman et les nouvelles aventures qui attendent la douce Élodianne et la « pétulante » Elsy ?

Vincent Mondiot : J’aime beaucoup l’euphémisme de « pétulante », pour Elsy ! J’essaierai de le placer dans un prochain roman !
Cette fois-ci, Élodianne et elle vont partir en voyage direction Aurterre, l’ensoleillée province du Sud… Malheureusement, une fois arrivées là-bas, les deux héroïnes vont tomber en pleine tentative de coup d’État et devenir les otages de soldats décidés à secrètement traverser le pays pour former une alliance politique contre le gouvernement…
Mais comme les soldats en question se révèlent finalement plutôt sympas, nos deux prisonnières vont commencer à souffrir d’un syndrome de Stockholm de plus en plus prononcé… Jusqu’à, peut-être, vouloir sauver leurs ravisseurs des militaires lancés à leurs trousses.
C’est donc un roman qui voyage bien davantage que le premier ! On va y traverser toutes les provinces du pays à dos de cavalins (les gros lézards qui servent de chevaux), et rencontrer autant soldats énervés, monstres géants et créatures mortelles que paysages apaisants, sculptures préhistoriques et villes disproportionnées.
En fait, je suis en train de réaliser qu’on change de décor presque à chaque chapitre… Ceux qui voulaient en voir plus de l’État des Arches sont servis !

Actusf : Deux héroïnes pour un duo de choc, avec Élodianne la miroitiste et Elsy la mercenaire. Comment les avez-vous créées ? Se sont-elles imposées d’elles-mêmes ? Ont-elles suivi les chemins que vous leur aviez tracés ?

Vincent Mondiot : Comme je vous le disais, les origines des Mondes-miroirs sont désormais un peu lointaines… Les idées de départ ont eu largement le temps de muter ! Les Elsy et Élodianne que les lecteurs découvrent aujourd’hui n’ont finalement plus tellement à voir avec celles que nous avions imaginées il y a dix ans… Et cette tendance risque d’aller crescendo ! Les trajectoires que je prévois pour les deux femmes sont vraiment très loin de ce que nous avions en tête à l’époque.
On a tous tendance, les auteurs, à dire que nos personnages nous surprennent nous-mêmes, au fil des pages, qu’ils agissent parfois à contre-courant de nos idées, de nos plans bien préparés… C’est tout à fait vrai, d’autant plus lorsque, comme pour Elsy ou Élodianne, ces personnages nous accompagnent depuis des années. Elsy, en particulier, est, de tous mes romans, le personnage à qui je « donne le plus de libertés », si je puis dire. Je prépare à peine ses scènes et je la laisse gérer toute seule, au rythme du clavier. Je sais qu’elle y arrivera parfaitement.
D’ailleurs, pour répondre à l’autre partie de votre question, la création d’Elsy a été assez instinctive, elle aussi : je voulais comme personnage principal une femme grande-gueule, bagarreuse, ambitieuse, ne reculant devant rien… Un mélange de guerrière héroïque et d’Elsa Pataki, du dessin-animé Hey Arnold (respect éternel à ceux qui ont la référence). L’archétype de l’héroïne bad ass qui perd neuf combats de suite, mais se relève quand même pour le dixième.
Je pense qu’inconsciemment, je me suis inspiré, à l’époque, de toute une tradition de personnages du genre : Catwoman, les guerrières du manga Claymore, Juri de Street Fighter… Des femmes qui se battent pour elles-mêmes et par elles-mêmes.
Élodianne, elle, doit beaucoup à Matthieu, l’illustrateur du roman, qui a pas mal travaillé sur le look et les talents de notre magicienne, au départ ! Elle est davantage le résultat d’une concertation qu’Elsy, que j’avais dans mes bagages en arrivant dans la collaboration avec Matthieu et Oasis… Cependant, depuis le temps, Élodianne aussi a pris en personnalité… Notamment dans L’Ombre des Arches, où elle est au moins aussi importante qu’Elsy, si ce n’est plus !

Actusf : On quitte Mirinèce pour voyager dans l’État des Arches et on ne peut pas dire que cela va être de tout repos. Comment avez-vous créé votre univers et votre système de magie ? Va-t-on en découvrir plus sur l’Arche brisée ? La mystérieuse brume ?

Vincent Mondiot : Là encore, le système de magie de L’Ombre des Arches a été un travail collectif : on avait créé ensemble une base, en imaginant les différentes spécialités et, surtout, cette idée que l’usage de la magie abîme, à la longue, le corps des magiciens.
Puis, au fil de l’écriture, nous avons affiné tout ça, afin d’être capables de répondre à n’importe quelle question théorique que pouvaient soulever nos scènes.
Matthieu et moi passons énormément de temps, encore aujourd’hui, à discuter sur Messenger à base de « mais attends, si dans ce chapitre tu dis qu’Élodianne peut lancer tel sort, alors est-ce que ça ne veut pas dire que dans telle scène précédente, cet autre personnage aurait dû pouvoir faire ça lui aussi ?! Et si oui, ne doit-on pas revoir intégralement tout le système de magie de Mirinar ?! » … C’est aussi épuisant que passionnant ! Et ça donné naissance à un fichier Word de près de cent pages dans lequel sont expliqués tous les secrets de notre univers… Évidemment, celui-ci n’est accessible qu’à nous deux !
D’ailleurs, à ce propos et sans en dire trop : non, L’Ombre des Arches ne donnera de réponses ni au sujet de l’Arche de Loffrieu, tombée trente ans plus tôt et à l’origine d’une guerre et d’une épidémie, ni à celui de la mystérieuse brume blanche qui semble envahir certains mondes-miroirs… Cependant, les deux questions sont abordées dans le roman, chacune à leur manière, et de GROS indices sont donnés sur ce qui se cache à l’intérieur de la brume et à l’intérieur des Arches !

Actusf : L’imaginaire est un genre qui vous tient particulièrement à cœur. Est-ce un genre qui vous permet de vous exprimer plus facilement ? D’aborder des sujets qui vous tiennent à cœur ou tout simplement de vous amuser et de divertir les lecteurs ?

Vincent Mondiot : Un peu tout ça à la fois, j’imagine ! Il y a effectivement dans l’imaginaire une idée de divertissement assumé qui me parle beaucoup. J’aime ce projet, honnête et humble, de vouloir « divertir les gens ». C’est pour ça que je soigne mes scènes de combats, la construction de l’univers, les créatures monstrueuses… Je veux que celles et ceux qui lisent mes romans passent un bon moment.
Mais, en même temps, évidemment, l’imaginaire est un excellent laboratoire pour s’exprimer sur des sujets parfois graves (dans le cas de L’Ombre des Arches, l’usage de la violence en politique ou la place des femmes dans la société, par exemple) sans pour autant risque de heurter les sensibilités en étant trop près de notre réalité.
L’imaginaire, finalement, a depuis la préhistoire servi de catharsis et de métaphore pour parler de sujets peut-être trop amples et complexes pour le récit réaliste.

Actusf : Avez-vous eu des sources d’inspirations en particulier ? Littéraires ? Cinématographiques ?

Vincent Mondiot : Sur L’Ombre des Arches, j’ai été notamment guidé par les « films de mercenaires à punchlines » de mon adolescence, Predator et Aliens en tête ! Ceux qui ont déjà lu le roman verront très bien de quoi je parle, mais pour la troupe qui retient prisonnières Elsy et Élodianne, je me suis inspiré de ces bandes de soldats aussi prompts à se battre qu’à s’envoyer des vannes.
L’une des scènes du roman (le premier « gros combat », pour ne rien dévoiler) est également clairement une référence à mon amour des jeux vidéo et à leurs boss souvent impressionnants…
D’un point de vue plus littéraire, c’est la psychologie des personnages que je dois peut-être à mes lectures de romanciers comme Stephen King ou Charles Bukowski… Bien que leurs œuvres soient très différentes, ils ont tous deux en commun un amour du détail incongru, et un talent immense pour créer des personnages crédibles, profonds et drôles à la fois. Sans du tout me comparer à eux, disons en tout cas qu’ils me montrent une voie que j’ai envie de suivre.

Actusf : Pouvez-vous nous parler un peu des illustrations de Mathieu Leveder ? Comment avez-vous travaillé ?

Vincent Mondiot : Comme je l’expliquais au début de cette interview, Matthieu travaille sur Les Mondes-miroirs depuis leurs origines. Il a créé intégralement certains designs (notamment les cavalins ou les rebuts, ces monstres mutants dus à la chute de l’Arche de Loffrieu), a fait des dizaines d’illustrations, et est le tout premier à qui je soumets mes idées lorsque je commence un nouveau roman pour cette série. Il est également la seule autre personne à connaître les détails de ce qui est prévu pour Elsy et Élodianne !
Sur L’Ombre des Arches, Matthieu a de nouveau signé six superbes illustrations, que nous avons cette fois décidé d’intégrer directement dans les scènes concernées plutôt que de les réunir au début et à la fin du livre comme c’était le cas pour Les Mondes-miroirs. Nous avons sélectionné ensemble les moments à dessiner, avec Coralie David, notre éditrice, et il se trouve que pour ce roman-ci, les paysages sont à l’honneur !
Pour moi, les illustrations de Matthieu sont une épice importante dans la recette. Quelque chose qui ajoute un goût bien plus prononcé, qui multiplie les textures. Aussi longtemps qu’existeront Les Mondes-miroirs, j’espère que Matthieu acceptera de les illustrer !

Actusf : Sur quoi travaillez-vous actuellement ?

Vincent Mondiot : Je suis en ce moment en train de finaliser un nouveau roman pour Actes Sud Junior. Il est destiné à sortir durant le premier semestre 2020, et comme je suis très fier du titre, le voici : Les Derniers des Branleurs ! L’histoire de quatre lycéens qui préfèrent passer leurs week-ends à errer en fumant des joints plutôt qu’à réviser, et qui vont finir par mettre en place un plan pour tricher au bac… Rien à voir avec L’Ombre des Arches, donc, ni même avec l’imaginaire, mais j’ai envie de penser que, pour autant, les lecteurs de mes romans fantasy peuvent également trouver quelque chose dans mes romans réalistes, et vice-versa… Du moins, je l’espère !

Actusf : Où peut-on vous rencontrer dans les mois à venir ?

Vincent Mondiot : Je serai aux Rencontres de l’imaginaire, à Sèvres, le 30 novembre prochain, avec les éditions Mnémos.
Quelques jours plus tard, je ferai également une séance de dédicaces à la librairie parisienne La Dimension fantastique. Ce sera le mardi 10 décembre, à partir de 18H.
Pour la suite, je ne sais pas encore bien où je serai à quel moment, mais je suis à peu près sûr qu’en 2020, les lecteurs pourront me croiser ici et là sans trop de difficultés !

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