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Rencontre steampunk avec Benjamin Lupu pour découvrir son roman Le Grand Jeu !
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Rencontre steampunk avec Benjamin Lupu pour découvrir son roman Le Grand Jeu !

« Les façades élégantes, mélange d’architecture ottomane et de classicisme européen, donnaient à la Grand Rue un petit air de Paris, comme un quartier oriental inconnu de la capitale française. Martina descendit au terminus et rejoignit à pied l’ambassade du Nouvel Empire russe. »

Actusf : Bonjour Benjamin et merci de prendre la parole sur le site ! Pour commencer, pourriez-vous vous présenter ainsi que votre parcours pour nos lecteurs ?

Benjamin Lupu : Bonjour. Merci de votre invitation. Je suis historien de formation, passionné de sciences, de technologie et des œuvres de l'imaginaire. Au quotidien, je travaille dur à devenir un conteur digne de ce nom. Le Grand Jeu est mon second roman publié.

Actusf : Vous venez de publier (en février, pour le Mois du Cuivre) votre roman Le Grand Jeu aux éditions Bragelonne. Quelle est la genèse de ce roman, quel a été votre inspiration pour ce titre ?

Benjamin Lupu : Le Grand Jeu est né d’une idée floue (vous savez celles qui surgissent sous la douche le matin). J’avais envie d’explorer la thématique de la dictature industrielle. Plusieurs expérimentations m’ont amené au XIXème siècle, l’époque des premières révolutions industrielles et d’un changement sociétal et économique radical dont le présent est encore profondément empreint. Le genre de l’imaginaire qui s’abreuve à cette période est évidemment le steampunk. Une fois l’envie précisée, j’ai dû construire mes personnages et surtout le décor de l’histoire que j’allais raconter. Le plus dur a été de trouver le thème qui englobe tout le livre. Est-ce que ça serait de l’aventure, un roman social, de la SF militaire, un peu de tout ça ? À force de musarderies dans ce siècle incroyablement riche et dont on a oublié bien des aspects, au point qu’il peut nous paraître étranger, l’univers du Grand Jeu a surgi lorsque j’y ai projeté une autre époque que j’affectionne tout particulièrement : la Guerre froide avec son corpus de films, livres, BD... De la Guerre froide, je suis passé à la Russie et ensuite tout s’est enchaîné avec frénésie. Mes personnages ont cessé d’être désincarnés et se sont remplis des enjeux de cette uchronie que j’ai baptisée Le siècle rouge et noir.

Actusf : Le Grand Jeu met en scène une Constantinople steampunk et tout un univers uchronique. Comment avez-vous conçu cet univers et pourquoi ce choix d’une action majoritairement stambouliote ? Un mot également sur l’utilisation du russe ?

Benjamin Lupu : Constantinople est venue tardivement. Les lieux où je situais l’action précédemment ne « fonctionnaient » pas. C’est assez dur à expliquer (et pour tout dire assez frustrant). Tout s’est transposé dans la capitale ottomane quand je me suis souvenu du film Casablanca qui se déroule dans la ville marocaine du même nom pendant la Seconde guerre mondiale et alors sous contrôle du gouvernement de Vichy. C’était un véritable nid d’espions qui m’a aiguillé vers l’Empire ottoman. Dans le monde réel, Constantinople était un lieu d’intrigues entre les grandes puissances européennes qui cherchaient, comme en Chine, à s’emparer des richesses ottomanes. Je n’ai eu qu’à emprunter un chemin de traverse pour en faire un territoire neutre où tous les protagonistes peuvent se retrouver et s’affronter. J’ai longuement exploré la ville au travers des documents de l’époque. Elle m’a emporté par son foisonnement et son histoire.

C’est vrai que j’utilise beaucoup de termes russes. Pour moi, c’est une conséquence logique de l’uchronie que j’ai créée. La Russie tsariste a disparu quelques années après la défaite de Napoléon. Un ancien bagnard parvient à faire tomber le Tsar et le remplace à la tête d’une dictature qui s’appelle le Nouvel Empire russe. De là, j’ai imaginé que la 1ère révolution industrielle a lieu dans ce Nouvel Empire expansionniste et militariste et non en Angleterre. Il était donc logique que les termes techniques soient russes plutôt qu’anglais, allemands ou français. On parlera donc par exemple de Streloks au lieu de Zeppelins.

Actusf : Nous y suivons notamment Martina et ses attachants compagnons. Pouvez-vous nous présenter brièvement les personnages principaux du roman, cette « famille » de truands ?

Benjamin Lupu : Le terme famille est très juste. On suit d’une part un trio d’as de la cambriole et d’autre part, un espion plus classique infiltré en territoire ennemi. Mes truands ont pour cheffe Martina Krelinkova, l’aînée d’une famille russe exilée à Constantinople. Martina revient à Constantinople après avoir passé 5 ans à Paris. On comprend assez vite qu’elle a des activités un peu particulières et que ce retour ne tient pas du hasard. Martina est accompagnée de deux acolytes : Maurice, un titi parisien bricoleur/bidouilleur et inquiet de nature, et Mortier, une vétéran traumatisée par la guerre et mutique, mais excellente pilote et véritable force de la nature. On découvrira petit à petit ce qui les lie. Il forme un trio soudé prêt à affronter les obstacles que j’ai dressé devant eux et j’espère qu’ils sont terriblement imparfaits et humains. De son côté, Aron, c’est mon Jason Bourne à moi. Lui aussi va devoir se dépêtrer d’une mission coton au cours d’une odyssée qui lève le voile sur la réalité du Nouvel Empire russe.

Actusf : Un mot sur la couverture de Benjamin Carré ?

Benjamin Lupu : Sublime. Avec l’invasion du ciel de Constantinople par les streloks du Nouvel Empire, Benjamin Carré a parfaitement matérialisé la vision du sultan Hüsameddin. Je ne peux que le remercier du fond du cœur.

Actusf : Retrouvera-t-on l’univers développé dans Le Grand Jeu dans d’autres récits ?

Benjamin Lupu : Ça serait un immense plaisir et ça dépend bien sûr de la réception du public. En attendant, j’ai le bonheur de publier une petite nouvelle qui se déroule dans le même univers à la fin du mois d’avril (2021) aux éditions Oneiroi dans le cadre d’une anthologie steampunk consacrée aux explorations et frontières culturelles. L’histoire n’est pas liée à celle du Grand Jeu, mais les plus avisé.e.s y retrouveront des clins d’œil. On y parlera notamment… d’hommes poissons.

Actusf : Ce n’est par ailleurs pas complètement votre première incursion en terre uchronique, car vous avez également participé à l’anthologie des Contes et récits du Paris des Merveilles dirigée par Pierre Pevel. Comment s’est passé ce travail ?




Benjamin Lupu : Travailler avec Pierre a été un déclencheur pour moi. J’ai postulé à cet appel à textes poussé par l’envie de me confronter au monde des auteurs professionnels et parce que je trouvais géniale l’opportunité d’ajouter une touche à l’univers du Paris des merveilles. Ça a été un vrai bonheur que Les portes de l’Outremonde soit acceptée. Pierre a pris le temps de guider et d’aider tout le groupe d’autrices et d’auteurs, enfin l’auteur, bon… moi quoi. Ses conseils ont été précieux et, en ce qui me concerne, ont été libérateurs pour mon écriture. Il nous a laissé très libres et nous a réellement donné les clés de son univers. J’ai d’ailleurs la chance de repartir en Ambremer pour une deuxième anthologie à venir et je n’ai qu’une hâte, c’est de commencer la rédaction de cette nouvelle histoire.

Actusf : Quels sont vos incontournables en littérature steampunk et/ou uchronique ?

Benjamin Lupu : Mon premier souvenir d’uchronie, c’est La patrouille du temps de Poul Anderson. Je crois que mon uchronie préférée reste à ce jour La rédemption de Christophe Colomb d’Orson Scott Card. Pour son interprétation quasi-vancienne du XIXème siècle, je reste un inconditionnel de Tim Powers, notamment Les voies d’Anubis. J’apprécie aussi beaucoup le travail de Johan Héliot, uchroniste français chevronné. Après je remarque qu’un steampunk francophone très intéressant émerge ces dernières années avec par exemple Olangar de Clément Bouhelier ou Vaisseau d’arcane d’Adrien Tomas. (Il y en a plein d’autres et ils me pardonneront de ne pas les citer.)

Actusf : Quels sont vos prochains projets littéraires ?

Benjamin Lupu : À très court terme, je mets la dernière main en ce moment au volet final des Mystères de Kioshe, une série de fantasy en 10 épisodes qui devrait paraître d’ici l’été (2021). En juin (2021) doit paraître ma première nouvelle de science-fiction dans le cadre de l’anthologie du festival Nice Fictions. J’y parle d’un thème qui m’est cher : comment vivre dans les ruines d’une civilisation qui nous a précédés. Enfin, j’en suis aux prémices de mon prochain gros projet qui pour le moment est un roman aux frontières de la fantasy et de la science-fiction. J’aimerais y développer le thème d’une technologie qui par le jeu du temps et de l’évolution s’est parfaitement intégrée à la nature.

Actusf : Où pourra-t-on vous retrouver en dédicace ou salon prochainement, malgré la situation sanitaire ?

Benjamin Lupu : Pas dans l’immédiat. Il nous reste à faire à la peau à ce damné virus. Heureusement, la communauté steampunk francophone m’a très gentiment accueilli sur des événements virtuels (podcasts et live Facebook). Le projet du Grand Jeu est né aux Imaginales 2019 lors d’une discussion avec Stéphane Marsan, le directeur de publication des éditions Bragelonne, et j’espère pouvoir y présenter le livre à l’automne.

Croisons les doigts et prenez soin de vous.

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