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N°3 : L'homme des jeux de Iain M. Banks
Tout le cycle de la Culture est à lire ! C'est une œuvre de science-fiction fulgurante, qui dépeint une société future où tous les problèmes actuels semblent réglés, où tous les systèmes de domination, toute la violence, toute la peine ont disparu. La longévité humaine est exceptionnelle, on change de sexe et de genre comme de chemise, on vit une existence consacrée à ses passions, et on se réunit avec d'autres populations (extraterrestres) au sein de la Culture, société égalitaire dirigée par des machines bienveillantes. Cela paraît être une utopie, et pourtant, très loin de là...
Ce dont Banks parle réellement, c'est de politique, d'ethnocentrisme, d'impérialisme, de colonisation culturelle, de formatage. De culture de la distraction, d'aspirations existentielles, de traditions et d'avenir. À ce titre, les récits de la Culture se concentrent sur le choc entre celle-ci et d'autres civilisations, que ce soit des mercenaires intergalactiques, des planètes plongées dans une guerre éternelle ou des empires aristocratiques. C'est sur ce dernier cas que porte L'homme des jeux, l'histoire du contact avec un régime aussi antédiluvien que cruel. La Culture va retourner ses propres armes contre lui...
C'est un roman extraordinaire, une de ces œuvres dont la beauté terrible ne saurait guère être analysée en entier par autre chose qu'une thèse académique. Et je ne veux pas en briser la magie. Aussi je me bornerai à dire que l’œuvre fait réfléchir, qu'elle nous pousse aux limites des concepts opposés d'ingérence et d'autodétermination.

N°2 : Dune de Frank Herbert
Tout comme la Culture, Dune part d'un concept central a priori ennuyeux de perfection : nous suivons les aventures d'un être surhumain, le Kwisatz Haderach, qui réunit en lui les arts martiaux et les savoirs les plus redoutables de son temps (éducation noble, Bene Gesserit, militaire et fremen), et qui est de plus doté d'un effrayant pouvoir de prescience. Mais l'auteur ne va pas faire de son Muad' Dib un héros invincible, le muant plutôt en une figure tragique esclave de sa destinée, esclave de sa propre vision de l'avenir, et enfermée dans une toile de manipulations à l'échelle interplanétaire, avec tant de puissants ennemis que le moindre pas équivaut à un saut en aveugle dans un couloir tapissé d'une myriade de poignards. Qui plus est, le discours final de cette série n'est pas tant idolâtre qu'anarchiste : ce que l'on découvre, c'est que tout chef, tout messie, tout dieu mène à la destruction. Muad'Dib se retrouve à la tête d'une croisade sanguinaire... Je ne peux que valider cette idée. Les hiérarchies sont l'un des pires fléaux affligeant nos sociétés.
Des trois livres que je cite ici, seul Dune est une influence pour Les Mondes-Miroirs. Latima est un personnage qui ne déparerait pas au Lansraad, les extraits de documents intradiégétiques chapeautant les chapitres ont été directement inspirés par ceux d'Herbert, et il y a encore quelques petits détails qui ne pourront être découverts que par les Fremens dans l'âme...

N°1 : Circle of Magic de Tamora Pierce
Hélas jamais traduite en français, la tétralogie du Cercle de Magie met en scène quatre adolescents qui apprennent à contrôler leurs pouvoirs surnaturels dans un vaste monde de fantasy. Elle est suivi de deux autres séries.
Ces livres sont extrêmement bien écrits, rythmés et colorés, mais leur plus grande qualité , c'est la représentation. Non seulement les personnages principaux sont des réprouvés et des exclus, mais en plus ils appartiennent à des catégories marginalisées dans notre culture : une majorité de femmes, une grosse, une Noire, un Asiatique... Une distribution rafraîchissante au sein d'un paysage de fantasy presque exclusivement blanc et masculin. Plus tard, la série abordera des thèmes LGBTQIA+ et plongera dans de profondes critiques sociales, sans jamais oublier l'action et les idées qui font sa
