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Thunder, le nouveau roman de David S. Khara
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Thunder, le nouveau roman de David S. Khara

A l'occasion de la sortie du 1er tome de Thunder aux éditions Actusf, David S. Khara revient sur l'écriture de ce roman jeunesse.

Actusf : Comment pourriez-vous nous présenter Ilya ? Comment le voyez-vous ?

David S. Khara : Ilya est un torrent de lave qui coule sous un épais glacier. Sous des dehors renfermés, et malgré son apparence « coincé », c’est un garçon plein d’une fougue qui ne se révèle que quand ceux qu’il aime sont en danger. D’une certaine manière, on l’a privé de son enfance et il porte en lui une gravité et une maturité qu’on attendrait plus chez un quinquagénaire. Thunder est pour lui une opportunité de s’extraire de sa solitude.
J’apprécie les personnes qui possèdent plusieurs dimensions, dont l’aspect masque qui ils sont vraiment, ceux dont la nature profonde se révèle à ceux qui savent dépasser les apparences. Ilya s’inscrit dans cette lignée.
Bon, c’est une évidence que je ne peux nier : j’adore Ilya.

Actusf : Et comment pourriez-vous nous présenter les quatre autres personnages ?

David S. Khara : Mon vrai problème est que je n’adore pas seulement Ilya. J’adore toute la bande de Thunder ! Ne vous fiez pas aux apparences de leur présentation dans le premier tome, ils possèdent tous des failles et une réelle profondeur masqués par les stéréotypes auxquels ont pourrait les associer. Les tome 2 et 3 seront riches en information sur ce point. Cela dit, il est fréquent qu’un adolescent en recherche d’identité se fonde dans un stéréotype. Pad n’est pas que le ressort comique du groupe, c’est un génie de l’informatique et un dur à cuire en affaire. Mais on devine aussi sa solitude. Jennifer possède une mémoire et une intelligence foudroyante, mais elle vit mal son hypersensualité, Angela cache son mal-être derrière une aisance de façade quand Carrie, elle se cache derrière ses poings.
J’aime à voir ses individualités comme un tout homogène. L’aventure commune que constitue Thunder doit leur permettre de révéler qui ils sont vraiment.
Il y a encore un personnage qui m’est particulièrement cher : Harry, le chauffeur qui devrait en surprendre plus d’un…

Actusf : Imaginer une équipe de jeunes avec des pouvoirs, c'est marcher sur les traces de quelques récits célèbres... Est-ce qu'il y a des livres, BD ou films qui vous ont influencé ? Et comment, justement, vous êtes vous démarqués d'eux ? Est-ce que ce n'est pas une pression supplémentaire par rapport à ce qui a déjà été fait ?

David S. Khara : En tant qu’ancien collectionneur de comics Marvel, j’ai forcément été biberonné aux X-Men qui sont, évidemment, une inspiration à ceci près que les capacités des membres de Thunder sont bien plus humaines que celle des élèves du Professeur Xavier. J’aime beaucoup la façon dont le premier film de Bryan Singer a su capter le propos de l’histoire. Les super pouvoirs comptent moins que la difficulté à assumer sa différence, et le rejet de ladite différence par la société, parfois de manière très violente.
Une autre inspiration, plus naïve, mais pour laquelle j’ai une grande affection est la série Thunderbirds (Les Sentinelles de l’air, en français) créée par Gerry Anderson. Le titre Thunder est un hommage direct à ce feuilleton culte qui constitue ma principale inspiration.
Se démarquer n’est ni une obsession ni un poids. Dix auteurs peuvent partir du même postulat et créer dix univers différents. En l’espèce, j’ai posé les bases de Thunder sur différentes fondations, mais la structure globale, les thèmes abordés, et les surprises qui attendent les lecteurs au fil des tomes n’ont rien de commun avec ce qui a déjà été fait. A ma connaissance, du moins.

Ils s'entraînent dans un grand manoir à Londres, avec un majordome, une gouvernante, une cuisinière et une grand mère aussi affectueuse qu'intimidante... C'est un plaisir de balader votre imaginaire d'auteur dans un tel endroit, avec ces personnages encadrant votre équipe ? Et comment avez-vous imaginé l'endroit ?

David S. Khara : Plaisir est le bon mot ! Soyons explicites : je prends un pied d’enfer à évoluer dans Haven (la propriété au centre de l’aventure) et à donner vie à des personnages hauts en couleurs mais dont vous n’avez encore rien vu ! Je veux que Thunder transmette de l’enthousiasme et si je ne le ressens pas, l’ensemble sonnera faux. Je ne prétends pas être un bon écrivain, mais j’affirme être un écrivain honnête. Les blagues, même pourries, me font rire, et les personnages sont des gens que j’aurais aimé rencontrer. L’histoire doit déjà marcher sur moi pour avoir la moindre chance d’emporter les lecteurs, ados ou adultes. Et le privilège de l’auteur est qu’il se raconte l’histoire à lui-même en exclusivité !
Ce manoir très british dont le sous-sol recèle bien des secrets est né de mon amour pour les vieilles propriétés anglaises. Imaginez Downton Abbey rencontrant James Bond et vous comprendrez pourquoi je m’éclate comme un petit fou. Une autre chose qui me parle beaucoup et qui est au cœur de tout ce que j’ai écris depuis dix : j’aime que la réalité soit très différente des apparences. Rien que pour ça, Haven est un terrain de jeu magique et sans fin.

Actusf : Il y a Athéna, il y a Zeus... Pour quelles raisons avez-vous eu envie de jouer avec la mythologie ?

David S. Khara : J’ai grandi avec deux livres de chevets. Le premier était consacré à la conquête spatiale (et je suis devenu astrophotographe tout en animant des conférences sur l’astronomie…), et un recueil des mythes et légendes de la Grèce antique. Les dieux de l’Olympe font partie de mon imaginaire depuis mon plus jeune âge. Accessoirement, les comics de super-héros se sont souvent inspirés de cette mythologie pour créer leurs personnages. Et en tant qu’ancien collectionneur de comics, je me suis retrouvé plongé un peu plus encore dans cet univers. A bien y réfléchir, ça ressemblerait presque à une forme de prédestination ! (Rires)

Actusf : Le premier tome a été publié il y a quelques temps, il revient aujourd'hui, avec la suite. Est-ce que c'est difficile de reprendre le fil narratif d'une histoire en pause depuis quelques années, de se réapproprier les personnages ?

David S. Khara : Étrangement, non, car ils ne m’ont jamais quitté. Et il en va de même pour les héros de mes autres séries (Vestiges de l’Aube et Projet Bleiberg). Je travaille sans note, ni plan, donc je conserve tout en tête d’un roman à l’autre. C’est une déformation mentale intéressante car, en marge de l’écriture, je suis un homme particulièrement distrait. Je m’attends à chaque fois à des difficultés pour retrouver les personnages, leur ton, leur personnalité, mais au final cela revient à retrouver de vieux amis que l’on connaît par cœur.
Quant au scénario, j’attends de pouvoir le dérouler depuis plus de cinq ans, donc il y a quelque chose de l’ordre de la libération dans le fait de l’écrire enfin (rires).

Actusf : Est-ce que la méthode d'écriture est la même que pour vos polars ?

David S. Khara : Rien ne change. Mon fonctionnement est le même, quel que soit le roman. Création des personnages, recherches historiques et scientifiques, élaboration du scénario, je travaille de la même manière. Et même au niveau lexical, je ne cherche pas à simplifier pour un public plus jeune. Un roman sert aussi à enrichir son vocabulaire. Je me refuse à prendre les adolescents pour des imbéciles, comme je détestais qu’on le fasse que j’étais moi-même adolescent (ça date un peu, mais tout de même). Le seul point sur lequel je me réfrène est le rapport à la violence qui est plus édulcorée que dans mes polars ou thrillers. Pour ces derniers, j’utilise la mise en scène de la violence pour la dénoncer. Je ne cède jamais à la complaisance face à cela. Dans Thunder, les enjeux sont réels et vont aller crescendo, et si je m’interdis certaines choses, c’est simplement parce que je veux partager une aventure virevoltante qu’on lâche avec le sourire, pas avec un sentiment de malaise.

Actusf : Est-ce que tu peux nous donner des indices sur la suite de l'histoire dans les tomes 2&3 ?

David S. Khara : Non ! Mais je peux quand même vous dire que les surprises et révélations risquent de laisser plus d’un lecteur (voire d’un éditeur) baba ! La série gagnera en intensité et en enjeux, mais jamais au détriment de l’enthousiasme que j’essaye de lui insuffler.

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