Au sein des éditions Actusf nous venons de publier un roman qui nous tient particulièrement à cœur : Je suis ta nuit de Loïc Le Borgne, un thriller dans la France des années 80 et dans lesquels un groupe d'enfants est confronté à l'impensable... Gaëlle Giroulet, qui a travaillé sur cette réédition, vous donne trois raisons de le lire de toute urgence... Le livre de votre été ?
La vivacité du récit
Je suis ta nuit est une histoire racontée du point de vue d’un enfant de douze ans. Coincés dans ses baskets, on est contraints de découvrir les éléments de son enquête au pas à pas, de souffrir avec lui, de mourir de peur, piégés dans l’église à ses côtés. Une narration et des dialogues vivants qui nous collent immédiatement dans l’ambiance des années 80, dans un village où la situation dérape ; les parents ne savent pas comment réagir. Que peut-on réellement expliquer à des enfants qui trouvent un cadavre mutilé, quand la police elle-même piétine ?
Le fantastique comme métaphore de la douleur
Si dans Je suis fille de rage (Jean-Laurent Del Socorro - Éditions ActuSF), la personnification de la mort semble être là pour appuyer le nombre de morts et l'urgence de trouver la paix, le fantastique est ici utilisé comme une toile qui enveloppe petit à petit les personnages. Une douleur qui prend aux tripes et déforme la réalité. Rien n’est facile dans ce roman qui ne cède pas aux résolutions heureuses, aux retours en arrière ou aux fins pas-si-définitives que ça. Je suis ta nuit est un roman sans concession qui faire la part belle à l’humanité dans sa vérité la plus crue.
La qualité de la narration
Parce qu’un texte c’est une histoire mais aussi une façon de la dire, je me devais de pointer la qualité de la construction, de la structure, et des choix de vocabulaire et de langage. La forme souligne un fond de noirceur sans l’alourdir, le pathos ne cloue pas les personnages au papier ; il s’agirait plus d’accompagner une bande de gamin qui essaient d’être, justement, simplement des gamins, sans le pouvoir.
Un roman où l’imagination tranche aussi sûrement qu’un sabre laser qui fait la part belle aux amitiés et au courage incassable de certains mômes.
Gaëlle Giroulet