Un roman pas tout récent mais qui vaut le détour ! Kaleb, trilogie publiée entre 2012 et 2013 chez Robert Lafont dans la collection R et classée en littérature jeunesse s’adresse tout de même à un public averti. Gare aux âmes sensibles nous prévient la quatrième de couverture.
Myra Eljundir est un pseudonyme utilisé principalement pour cette trilogie. Pour ces autres romans, l'autrice garde son nom de naissance : Ingrid Desjours. Diplômée en psychologie clinique et en sexo-criminologie, elle écrit pour adultes et adolescents.
1. La barrière entre le bien et le mal détruite
Kaleb Helgusson élevé par un père célibataire, est du genre rebelle, à faire ce qu’il veut sans rien demander à personne. A l’âge de 19 ans, quand il réalise qu’il peut ressentir les émotions des autres mais aussi les maîtriser, cela semble devenir parfait pour qu’il puisse continuer sa vie sans que personne ne vienne interférer.
C’était sans compter la présence d’un réseau, nommé Sentinelle, et en particulier du général Bergsson en chasse contre les gens comme Kaleb. Son objectif ? Tous les détruire, jusqu’au dernier.
Qui a raison ? Qui a tort ? C’est sur quoi joue l’autrice tout au long de livre. Qui mérite le plus de gagner à la fin de l’histoire ? Tous représentent à la fois le bien, et le mal. La trilogie est finalement construite comme un argumentaire et nous force à garder le livre entre les mains pour connaitre le fin mot de cette histoire.
C’est si bon d’être mauvais.
Il est facile de tomber dans le mal mais très difficile d’en sortir. Devenir mauvais semble presque irréversible, ce qui explique cette chasse pour détruire ces personnes dotées de pouvoirs particuliers.
2. Entre magie et histoire
Ingrid Desjours est une auteure française ayant déménagé en Irlande. Elle mélange des évènements historiques et des mythes pour recréer une histoire, développée sous un tout nouveau point de vue. Et si, parmi nous, certains étaient pourvus de capacités mentales sur-développées ? Des empathes, des oracles, des guérisseurs ...
Connaissez-vous le volcan Eyjafjöll ? Imaginez qu’il soit à l’origine d’une mutation des êtres humains. On découvre d’où nait le mythe du monstre du Loch Ness, d'où vient la Peste et plein d'autres choses encore. On redécouvre l’Irlande, le pays où tout a commencé. Le réel et la fiction se mêlent eux aussi sous différents aspects.
Paradoxalement, plus on avance dans l’histoire, plus on recule dans l’Histoire (avec un grand H !). On remonte le temps au fur et à mesure que le roman progresse.
3. Une trilogie qui monte en flèche au fil des tomes
Ce roman nuancé offre donc beaucoup de surprises. On ne sait pas vers où l’autrice nous emmène en avançant dans l’histoire. Quand nous pensons avoir deviné, on réalise plus tard, que l’on se trompait carrément !
Le premier tome, très perturbant à cause de cet univers particulier auquel on doit s’habituer, alterne principalement entre les personnages de Kaleb et du capitaine Bergsson. En réalité, Ingrid Desjours y dépose les fondations de son histoire.
En revanche, pour le second, on commence à s’habituer. L’autrice ne cesse de nous surprendre, encore et encore, en retournant sans cesse les intrigues et nous poussant à nous redemander encore et encore qui est finalement le méchant dans l’histoire. Et si, personne ne l’était vraiment ou que nous l’étions tous ?
Le troisième tome, quant à lui, prend tout son sens. C’est un éclatement ! On perd un peu de vue Kaleb et les autres personnages pour découvrir comment tout a commencé. Je ne sais pas comment travaille Ingrid Desjours mais l’histoire s’emboîte parfaitement comme si tout était calculé depuis le départ.
L’histoire d’un jeune homme en pleine recherche de soi et de son passé qui ne laisse pas indifférent, nous tourmente et nous pousse aussi à nous interroger. Ce roman dystopique nous déroute et nous bouleverse : comme si Kaleb était à nos côtés pour manipuler ce que l'on ressent.
Attention : Déconseillé aux moins de 15 ans.