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Trois bonnes raisons de lire Le Chant des géants
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Trois bonnes raisons de lire Le Chant des géants

"Entrez, entrez.

Asseyez-vous, n’ayez pas peur. Il reste de la place, là, au fond, près de la cheminée.

Oui. C’est bien. Très bien. Commandez des bières, des pommes braisées, ce que vous voudrez, mais faites vite. Vous autres, dans la paille, rapprochez-vous ; calez-vous contre les murs, les tonneaux, les pieds des tables. Voilà… Le feu ronfle, les bûches craquent. La nuit est tombée. Les marmites sont vidées. Laissez-vous aller. Fermez les yeux. Juste un peu. Et écoutez-moi.

Je vais vous raconter une histoire..."

C'est avec ces mots envoûtants que David Bry nous invite à entrer dans son monde, celui du Chant des géants. Un monde de guerres, d'amour et de loyauté. Un monde de violence aussi qui ne vous laissera pas indifférent.

L’île d’Oestant existe grâce aux rêves. Les rêves de trois géants : Baile, aux rêves de mort et de musique, Leborcham, mère du brouillard, des collines et des plaines e le puissant Fraech aux songes de gloire et de batailles.

Ces géants sont priés, loués et protégés par les habitants de tous les royaumes d’Oestant, mais aussi par les immortels, ces hommes couverts de tatouages, les seuls à pouvoir accéder au territoire des géants pour veiller sur leur sommeil et assurer la bonne continuité des choses.

Seulement, Fraech est en manque de sang et de batailles et les hommes bouillonnent de n’avoir pas fait la guerre depuis trop longtemps... Dans un des royaumes d’Oestant, les frères Bran et Ianto, princes de Lonan, se rendent chez le roi de Riveste, Lothar, et la belle princesse, Sile. Qu’est-ce qui pourrait mal tourner ? D’autant qu’une étrange brume noire se lève à l’horizon et engloutit toutes les terres qu’elle envahit.

Tout cela est raconté lors d’une nuit froide, devant la cheminée d’une auberge embrumée et pleine de fermiers, jeunes filles et enfants, qui écoutent avec attention la voix du conteur, comme si leurs vies en dépendaient.

Si ce résumé et la beauté de la couverture, signée François-Xavier Pavion, ne vous ont pas encore convaincus, voilà trois (autres) bonnes raisons de lire ce roman.

Pour la beauté de la langue de David Bry

La musique est un élément important du récit. Le jeune prince Bran joue constamment de son ensorcelante flûte en os qui aurait appartenu à un immortel… Sa mélodie donne le ton de chaque scène. Drôle ou triste, douce ou chaleureuse. Les mots de David Bry suivent ce même rythme et décrivent aussi bien les moments de vie dans son monde médiéval plein de fêtes, de rires gras et de chopes qui s’entrechoquent, que les batailles qui prennent le lecteur aux tripes (parfois littéralement !) et le laissent haletant à la fin de chaque chapitre.

On passe de la narration de l’histoire de Bran, à des interludes dans l’auberge. Cela donne au récit une dimension presque solennelle. On sent que ce qui se joue ici est plus important qu’une simple légende distrayante. C’est important, fondateur. Ce qui n’est pas sans rappeler les Sagas, ces récits originels de la culture nordique.

Pour son univers riche au fonctionnement si intrigant

Un monde dont l’existence ne repose que sur le fragile sommeil de trois géants. Cela m’a tout de suite intriguée. Que se passe-t-il si l’un deux se réveille ou que le rêve tourne au cauchemar ? Et qu’en est-il du libre arbitre si le destin des personnages d’Oestant est de toute façon hors de leur portée ?

Bran et Sile, attirés irrésistiblement l’un par l’autre se voient pourtant séparés. Ianto et son frère, si complices autrefois, se déchirent pour des questions de pouvoir. Comment savoir si l’on est dans le bon chemin ? Et pourquoi les géants leur ont-ils donné ce rôle en particulier ?

Enfin, viennent les mystérieux immortels, les seuls à avoir réellement vu les géants. Ils agissent dans l’ombre et cachent leurs véritables desseins aux hommes alors que ceux-ci en sont souvent les premières victimes. Quelles sont leurs véritables intentions lorsqu’ils s’en prennent à Bran par exemple ? Autant de questions que posent ce système de magie et la construction si créative de cet univers.

Pour sa fin poétique, symbolique, et qui inscrira cette histoire dans les fondations de la fantasy française

De l'amour, des royaumes en guerre, des trahisons, des batailles épiques… Vous me direz sûrement que c’est un roman qui suit finalement beaucoup les codes de la fantasy.

Oui c'est vrai. Mais pas seulement.

Attendez la fin. Attendez que le récit, raconté par ce vieil homme au fond d’une auberge, prenne tout son sens et que tous les éléments se rejoignent pour former un tout. Attendez que les combats se calment et que la douleur passe. Alors vous comprendrez le but de tout cela.

Pour ne pas vous raconter la conclusion de cette légende, je vous dirais simplement que les histoires que nous nous racontons sont notre monde et que notre monde est fait d’histoires. On peut tomber, se tromper, mais l’important est de trouver un moyen de se racheter, de raconter l’histoire pour qu’elle ne se répète pas, et de faire rêver.

 

Retrouvez l'auteur aux Festival les Imaginales du 19 au 22 mai prochains où il recevra le Prix des Lycéens pour son autre roman La Princesse au visage de nuit.
En attendant, découvrez un extrait du Chant des géants.

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