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Trois bonnes raisons de lire Les Dents de lait d'Hélène Bukowski
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Trois bonnes raisons de lire Les Dents de lait d'Hélène Bukowski

Aujourd'hui, on vous propose de découvrir trois bonnes raisons de lire Les Dents de lait d’Hélène Bukowski, un roman paru aux éditions Gallmeister.

Helene Bukowski, née à Berlin en 1993, étudie l'écriture créative et le journalisme culturel à Hildesheim. Elle est co-auteur du film documentaire Zehn Wochen Sommer, qui a remporté un prix spécial culturel Grimme en 2015. Ses écrits sont parus dans diverses revues et anthologies, et elle a été coéditrice de BELLA triste.
Son premier roman Les Dents de lait est sorti aux éditions Gallmeister en aout 2021.

« Je montai à l’étage dans la chambre de Meisis. Elle dormait à poings fermés. Je m’assis auprès d’elle sur le canapé et la réveillai.
— Tu as encore tes dents de lait ? lui demandai-je.
Meisis me regarda sans comprendre.
Je la saisis par les épaules.
—Tu as déjà perdu tes dents ?
Elle secoua la tête.
— C’est bien, dis-je. Rendors-toi, maintenant. »

Ce premier roman est entré dans ma tête et n’est pas prêt d’en sortir. Même s’il ne reprend pas tout à fait les codes du théâtre, ce texte m’a donné à apprécier une histoire, un conte, dans une atmosphère intrigante réduite à quelques éléments très forts.

Pour l’unité de lieu

Le pont avec l’autre rive ayant été définitivement coupé, les habitants d’un petit village tentent de survivre en autarcie, dans un brouillard menaçant, puis une terre de plus en plus sèche, où la nourriture vient à manquer. Que s’est-il passé ? Nous n’en saurons pas grand-chose. Ce qui compte pour l’autrice c’est de regarder à la loupe ce petit groupe d’individus clairsemés, paranoïaques, que les disparitions, apparitions ou fugues rendent fous. Elle décrit avec un savant mélange de poésie et de réalisme leur perte du sens commun. J’y ai vu une sorte d’huis-clos un peu étouffant mais très addictif.

« J’ai rêvé de la poudre à canon. Ils avaient laissé derrière eux un pays criblé de trous. Et dans les failles ils m’ont fait tomber ».

Pour le temps qui passe

Il faut accepter de ne pas tout saisir et de se laisser guider par le temps qui passe sur fonds de dérèglement climatique.

Il faut prendre le temps de voir grandir Skalde, la jeune héroïne, de la découvrir dans son envie de se battre pour survivre, le temps de comprendre pourquoi elle se démène pour recueillir la petite Meisis, le point de colère des autres car elle est l’étrangère, celle qui n’aurait pas dû arriver dans ce coin apparemment protégé, celle dont les cheveux rouges la désignent comme sorcière.

L’autrice montre une grande facilité, en peu de mots, à nous faire comprendre les tenants et aboutissants de cette offre d’asile. Ce temps, c’est aussi l’histoire d’un repli sur soi en cas de danger ou d’inconnu.

« Avec l’enfant, les nuits sont devenus plus claires. L’obscurité est maintenant douillette comme un manteau de fourrure. Je me la passe autour des épaules ».

Pour l’action de Skalde

Ce qui m’a le plus remuée et qui, en même temps reste assez ambigu, c’est la relation entre la jeune fille et sa mère, Edith. Qui élève qui ? Qui protège qui ? Y a-t-il un lourd secret qui explique le fil invisible qui les relie ?

Et si Meisis était celle que Skalde attendait pour se développer complètement ? Et si grâce à elle, la peur du départ, de l’exil n’avait plus tout à fait le même mauvais gout ?

L’autrice nous laisse un peu seuls avec un tas de réponses non formulées. J’aime bien ces sortes d’ellipses, mais cela peut dérouter.

En bref, l’autrice est une véritable conteuse, elle sait raconter la folie et la beauté mélangées.

« Combien de temps puis-je rester debout, à porter mon propre corps, si son poids redoublé me force à genoux ».

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