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Trois bonnes raisons de lire l'intégrale du Melkine d'Olivier PAQUET
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Trois bonnes raisons de lire l'intégrale du Melkine d'Olivier PAQUET

Aujourd'hui on vous donne trois bonnes raisons de lire l’Intégrale du Melkine d’Olivier PAQUET : coup de cœur de l’été (parution mai 2020)

Depuis trois cents ans, le navire-école Melkine parcourt la Galaxie, solitaire et vénéré, son algorithme de positionnement tenu secret. Ce vaisseau a la particularité d'avoir été constitué d'après les morceaux d'épaves d'anciens navires ayant servi lors d'une vaste migration humaine hors de la Terre.

En effet, en 2400 de notre ère, considérant que c’était la seule issue pour l’espèce humaine, une flotte de 1 643 navires interstellaires, des vaisseaux-villes, a emmené de point de Lagrange en point de Lagrange des communautés terriennes ayant un conditionnement culturel les condamnant à oublier le passé. Ils ne devaient penser qu’au futur.

Mais quand le conditionnement culturel, garant de paix, est contrecarré par le développement de fréquences de communication, la guerre menace. L’une des fréquences, Banquise, sur laquelle règne Azuréa, candidate malheureuse au concours d’admission au navire-école, est bien décidée à libérer les peuples de l’emprise mythique du Melkine.

Une tragédie en trois actes, illustrée par Manchu, qui a pour héros un navire :
Le Melkine
La mort du Melkine
L’esprit du Melkine

Docteur en science politique, Olivier Paquet est passionné par la science-fiction, l’animation japonaise et les mangas, genres pour lesquels il a été chroniqueur dans l’émission radiophonique « Mauvais genres » sur France Culture. Né à Compiègne, il vit aujourd’hui à Lyon.

Si sa nouvelle La Première Œuvre paraît dans la revue Galaxies en 1998, c’est pour Synesthésie qu’il obtient en 2002 le Grand Prix de l’Imaginaire. Un an plus tard, il publie son premier roman, Structura Maxima, qui est salué par le prix Imaginales des lycéens. Il faut attendre 2012 pour que paraisse le premier tome de la trilogie du Melkine, récompensée par le prix Julia Verlanger. Sa nouvelle Graine de fer reçoit, en 2016, le prix Joël-Champetier qui lui a valu d’être publiée dans la prestigieuse revue Solaris.

Editer en un seul volume les trois opus du Melkine, a été une riche idée de la part de l’Atalante. En effet, il n’y a bien qu’une seule histoire, même si elle est foisonnante, un seul véritable suspense même si l’auteur s’attarde par des chemins bien détournés à nous emmener vers de multiples horizons, quelques héros même s’il faut pour cela aller se balader sur un certain nombre de planètes et dans l’immensité de l’espace.

Olivier PAQUET a un don : celui de savoir mélanger le petit et le grand, l’intime et l’universel, les petites histoires, mais de celles qui, réunies, feront la grande.

La trilogie du Melkine, c’est tout ça. On y trouve déjà dès 2012 ce qui l’amènera à deux très grands livres, Jardin d’Hiver en 2016, et Les Machine fantômes en 2019.

Voici trois bonnes raisons et quelques de lire aujourd’hui Le Melkine.

Une histoire, quelques héros, une fresque

Le début de cette histoire fait un peu penser à La Stratégie Ender. Un monde en vase clos, mais dans l’espace, des enfants qui apprennent ou jouent mais qui semblent gagner leurs galons d’adulte bien trop tôt. Il y est question d’enseignants dont l’influence est forte et de jeunes têtes brûlées dont l’amitié et l’intelligence sauveront, peut-être, leur vie.

L’auteur sait très bien nous emmener au bord de la déchirure quand les choses ne se passent pas comme prévu. La première rencontre importante hors le vaisseau mène à la tragédie. Elle a pour visage celui d’une femme dont Ismaël, notre héros, va tomber sous le charme. Etre de chair « élégant et fin » ou « perfection métallique » ? L’importance de la réponse dictera la suite des événements et de simple voyageur de l’espace fera de lui un des grands stratèges de l’Expansion nouvelle des hommes, ou un des pires dictateurs. Quant à la Technoprophète, son ennemie jurée, héroïne assez manichéenne pour le coup, elle n’est finalement que le reflet d’un rêve brisé.

Une simple histoire ? Là est le talent de l’auteur. Il nous donne à vivre une véritable fresque humaine. Les personnages ont un rôle prépondérant, le lecteur s’attachant clairement à eux, à leurs origines, leurs réflexions, leurs besoins, leurs envies, leurs amours, leurs souffrances et surtout leurs rêves.

Sur trente ans, le lecteur aura la chance de presque rencontrer des extra-terrestres, de suivre l’épopée des anciens du Melkine dans leur vie d’après, de partager les joies, les peines et les combats de quelques jeunes qui sont nés pour assister ou contribuer à la prochaine guerre.

Une guerre, deux revanches, une humanité retrouvée

Car lorsque la civilisation humaine qui a quitté la Terre s'est fragmentée sur différentes planètes, où chaque individu n'est pas conditionné par son éducation et ses choix, mais directement en le mettant en phase avec la culture de sa planète, tout a été fait pour maintenir une certaine paix.

On pense au Meilleur des mondes. Et d’une certaine façon à Divergente. Mais l’auteur va finalement plus loin. La guerre qui se profile n’est pas une guerre de religion, de condition sociale ou de territoire au sens propre. Sur fond de distanciation des planètes et donc des humains répartis dans l’espace, Olivier PAQUET s’attaque à nous raconter l’influence de la technologie et de la communication dans la vie de nos héros d’abord et de l’humanité ensuite, sur leur présent et surtout sur leur avenir.

Ce conditionnement culturel, base de réflexion de toute l’histoire, va donner lieu à une véritable bataille, idéologique et spatiale. D’Ismaël, on retiendra son envie de donner aux humains le choix de se défaire de celui-ci. Le garçon sans attaches et malheureux de l’être, dépourvu de son rêve d’étoiles prendra sa revanche. Azuréa, à la tête de Banquise, voulant détruire le vaisseau qui l’a refusée, n’aura de cesse de guerroyer pour imposer sa vision.

L’auteur ne nous impose rien lui et c’est ce que j’aime. Il jalonne son récit de heurts sur la façon de communiquer. Mais sa charge est sévère contre les fréquences de communication, lorsque celles-ci s’offrent des dérives vers l’abrutissement, l’absence de diversités, l’instantanéité à tout prix.

Un lendemain, plusieurs avenirs, les étoiles

Une nouvelle impulsion, c’est ce que veut notre héros, pour cela qu’il sacrifie une partie de ses amis, de sa famille, qu’il élève certains au rang d’aide inconditionnelle. Il souhaite aux humains de se défaire de leur conditionnement culturel, non pour faire table rase mais pour un autre lendemain en connaissance de cause.

Ce livre est une ode à la liberté, aux différences, au choix, à la découverte par soi-même de ce à quoi on tient, de ce pour quoi on veut se battre.

Ceux qui ne vivaient que par procuration à travers leurs écrans, cherchant l’attention et l’amour de gens uniquement virtuels, ceux qui étaient manipulés pour adopter un seul point de vue, ceux-là pourront s’ouvrir à une autre vision des rapports humains.

Pour porter loin la liberté du Melkine, un enfant pas comme les autres, va s’offrir les étoiles. « L’Expansion va redécouvrir l’espace, c’est ce qui compte… Le temps de l’échange était revenu. Bientôt ils deviendraient des millions à voyager, des millions à choisir d’autres planètes où vivre. »

Mes livres préférés outre le Melkine:

« Fable politique violente et sensuelle », Les Loups de Prague est le second roman d’Olivier Paquet.

Jardin d'hiver

« Olivier Paquet est de ces rares auteurs de science-fiction dont les romans ont pour théâtre des opérations l’Europe. Une Europe dont les contrebandiers disent dans Jardin d’Hiver qu’elle « pue, et pue gravement ». Les grands thèmes de la tragédie grecque sont convoqués, la vision politique est violente, tout en laissant place à l’espoir d’un renouveau. »

Les Machines fantômes

Surveillance globale et respect de la vie privée sont au cœur du dernier livre d’Olivier PAQUET, Les Machines fantômes.

« Ce que nous fait éprouver avec minutie Olivier Paquet, c’est ce qui arrive lorsque la pensée vivante quitte l’humanité, à mesure qu’elle s’atomise, s’individualise, et investit les machines, à mesure qu’elles se connectent, qu’elles dialoguent, qu’elles forment une nouvelle sorte de corps collectif, dont ce roman décrit avec mélancolie, humour et une pointe de scepticisme la naissance sinon probable, du moins possible. »
Tristan Garcia

Olivier PAQUET est en train d’écrire un livre dans la lignée des Machines Fantômes et vient de terminer un space opera, donc à suivre !

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