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Trois bonnes raisons de jouer à Vampyr
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Trois bonnes raisons de jouer à Vampyr

“Welcome to the world through the looking glass”

Vampyr est un jeu de la compagnie DontNod Entertainment (studio français), édité par Focus Home Interactive. Il est dirigé par Philippe Moreau et scénarisé par Stéphane Beauverger. Il s’agit d’un action-RPG narratif de 2018 adapté sur PS, Xbox et PC, ainsi que sur Switch en 2019.

Londres, 1918. L'épidémie de grippe espagnole ravage la capitale, les cadavres s'amoncellent, les quartiers sont mis en quarantaine, les rues désertes. C’est dans ce Londres à la faveur de la nuit que Jonathan Emmett Reid, éminent chirurgien et inventeur de la transfusion sanguine (on peut bien en rire) revient de la guerre. A peine met-il un pied sur sa terre natale, que tout change pour lui. Une brusque attaque, une morsure. Il se réveille, devenu un vampire. Face à cette transformation Reid va devoir batailler entre ses instincts de médecin et ses nouvelles pulsions destructrices. C’est à vous de choisir ce qu’il deviendra.

Après ce réveil, Jonathan se donne deux missions : retrouver celui qui l’a transformé pour se venger, et arrêter l'épidémie de grippe espagnol, qui semble cacher quelque chose de bien plus horrible, les gens se transformant en monstres.

Avec ce petit amuse-bouche -comme les rats, vous comprendrez-, découvrez mes trois raisons de jouer à Vampyr

UNE AMBIANCE NOIRE BIEN RENS(A)IGNÉE

Des ruelles tortueuses, sombres. Quelques lampes tentent d’arracher la ville aux ombres. De l’eau croupie sur les pavés, des barricades empiètent sur les passages. Un panneau attire votre attention : “Zone interdite, quarantaine”, alors qu’un rat passe entre vos jambes. Vous êtes seuls dans Londres, avant de tomber sur des enclaves, quelques personnes tentant de vivre. Enfin, seul. Les raclements, grincements, bruits de déglutition ne vous échappent pas. Ils sont là. Les skals, les monstres lycan, les vuldoks. Prêts à se délecter d’entrailles chaudes.

Cette ambiance si particulière est ce qui attire l’attention sur ce jeu. Un Londres début 20ème durant la célèbre grippe espagnol, qui se confond avec ésotérisme et légendes vampiriques. Un univers noir, nocturne, enveloppé dans l’essence des vampires. Ils nous offrent un parfum de charme, nous renvoie à cette fascination, leur aura charismatique, mystérieuse. Envoûtante même.

On nous plonge dans les rues labyrinthiques d’une Londres où l’on peut se perdre assez facilement (absence de mini map, il faut ouvrir la grande), toutes assez similaires, ce qui est assez réaliste donc. L’obscurité ambiante n’aide pas à se repérer et voir ce qui s’y tapit. Cependant chaque quartier dans lesquels on se promène librement (le jeu nous offrant un petit open world) sont distincts les uns des autres. Le West End, Whitechapel, les Docks, les alentours de l'hôpital Pembroke. Nous circulons entre les jolies demeures bien entretenues, les maisons insalubres, les clubs de la noblesse et les bars des bas quartiers.

Cette atmosphère se complète avec les créatures de la nuit. En plus des skals, ces rejetons des vampires proches des goules ravageant les rues de Londres, nous avons la garde de Priwen. Des humains chasseurs de vampires qui prennent un malin plaisir à nous attaquer à vue. Nous ne pouvons non plus oublier (selon nos choix dans l’aventure) les vampires eux-mêmes, faisant partie des sphères du pouvoir londonien et de la noblesse : les Ekons. Ils font tous ensemble des rues de Londres un espace menaçant, risquant à chaque tournant de nous faire attaquer. Nous remercions la vision vampirique qui tranche d’autant plus les couleurs, tout étant en noir et gris, sauf les taches de sang et le système sanguin de nos potentielles proies.

On remarquera également un nombre impressionnant de textes et dialogues disponibles nous permettant de mieux connaître cette période historique, enrichie par les mythes. Journaux intimes, affiches, coupures de journaux, ouvrages interdits ou livres d’histoire sont omniprésents et raviront les amateurs de couleurs locales.

Pour finir ce point d'ambiance, nous ne pouvons passer à côté de la bande son qui est juste géniale, faite au violoncelle. Nous sommes tout de suite transportés dans Londres, son industrialisation, sa bourgeoisie, cette petite touche “british” que l’on reconnaît sans savoir la nommer. La musique qui se cale sur Jonathan peut être très froide, distante. Et d’autres fois refléter à quel point il est dépassé face à tout ce qui lui arrive, face à son monde qui s’écroule. (Voici la playlist complète pour les curieux).

ÊTRE BON OU NE PAS L'ÊTRE, TELLE EST LA QUESTION

Serez-vous le bon médecin prêt à tout pour ses patients, ou le vampire assoiffé de sang se délectant des vies qu’il a jadis juré de soigner ?

Il s’agit de l’une des particularités que ce jeu nous offre. En plus du système classique avec une quête principale et des monstres à tuer sur notre chemin, Jonathan se retrouve face à des choix, et nous sommes ceux qui prenons les décisions. Lire ou non une lettre qu’on nous a demandé de ne surtout pas ouvrir. Rendre un objet ou le garder. Transformer quelqu’un en vampire, le tuer, le laisser vivre.

Nos choix affectent l’évolution de Jonathan et diront ce qu’il devient, à quel point son humanité disparaitra. Ces choix influent aussi sur d’autres domaines, comme par exemple notre puissance. Le jeu fonctionne sur un système d'expérience, les XP, accompagnés de son petit arbre de compétences. On peut s’occuper d’améliorer notre défense ou l’attaque, et l’on peut obtenir des pouvoirs vampiriques comme des piques de sang, un bref bouclier de sang, un sort d’invisibilité (très pratique celui-ci). On peut aussi dépenser nos XP pour augmenter notre jauge de sang (que l’on peut utiliser pour les pouvoirs vampiriques et pour se soigner), notre jauge d’endurance. Et pour gagner ces XP l’option la plus facile reste le sang. Puisque oui, tuer les chers habitants de notre ville nous permet d’être plus fort. La jauge d’XP par individu peut même être augmentée, sous un voile de fausse gentillesse en soignant les gens et en se renseignant sur eux. Rien de mieux pour un connaisseur, qu’un sang bien renseigné comme connaître le cépage d’un vin avant de choisir.

Cependant, un dilemme se forme : tuer les gens pour gagner en puissance, mais donc dégrader la situation sanitaire du quartier, permettant la prolifération des monstres. Ou garder les quartiers assez sécurisés, mais obtenir peut d’XP. Il faut peser la balance entre les conséquences d’un bon docteur et celle d’un vampire sanguinaire.

Pour connaître les conséquences de ces actes, il faut attendre le lendemain matin, et les articles qui paraissent. Ces derniers s’affichent sur l’écran suivi par un récapitulatif de la situation sanitaire de chaque quartier, et l’état de santé de chacun. Tout peut se dégrader extrêmement vite, des portraits jusque là vivants, brusquement rayés, morts. Plus un quartier devient critique, plus on croisera de skals, de monstres lycans et de colosses. On peut même finir par perdre les quartiers si l’on ne fait pas attention. Tout le monde y sera tué ou transformé. Notre ligne de conduite doit donc être réfléchie.

QUI SONT CES VISAGES QUI ME POURSUIVENT ?

Choisir de jouer Jonathan dans sa lignée de vampire assoiffé peut être un choix. Cela peut même s'avérer assez amusant, selon. Cependant, derrière ou plutôt devant chaque système sanguin se trouve une personne. Entre les quatre quartiers, une soixantaine de PNJ sont répartis, que l’on peut manipuler et tuer. La majorité possèdent leur histoire personnelle, tout comme leurs envies, leurs petits secrets qu’il faudra percer à jour. Pour cela, il faut discuter avec eux. Apprendre à les connaître, découvrir les liens qu’ils possèdent entre eux, interroger les voisins, trouver des objets, faire les quêtes qu’ils nous donnent (ces dernières nous offrent quelques XP, en plus des ennemis tués). Ce n’est qu’au prix d’un certains nombres d'efforts, complétés par la nécessité de crafter nous-mêmes les remèdes (même chose pour les armes et nos propres potions, quelques éléments disponibles auprès des marchands) contre les maladies qui fatiguent nos concitoyens, que l’on peut embrasser la mort et se repaître du sang encore chaud de nos victimes. Mais en aurez-vous encore l’envie ? Tuer des inconnus, la tâche peut être assez facile, mais tuer des gens que vous connaissez, que vous avez aidé, cela devient plus ardu. On ne peut éviter un pincement de notre cœur (qui ne bat plus) et une hésitation avant de valider. Pour bien nous faire culpabiliser, les personnages, sur les bords de la mort, nous adressent un dernier mot ou un petit message trouvé dans leurs poches.

Cette connaissance que l’on accroît sur chaque personnage, sur la vie dans un quartier nous permet de développer des options de dialogues et d’actions lors de moments critiques. Prendre un temps pour discuter avec chacun est donc assez intéressant et important. Pour les amateurs de Beckett, nous avons même droit à une petite scène à la En Attendant Godot dans le West End.

 
Entre une ambiance sombre et envoûtante, un lore détaillé, un personnage que l’on construit sur l’alignement de notre choix (avec un petit côté piquant dans certaines de ses remarques) et des PNJ bien présents nous offrant des heures de dialogues à choix et de quêtes, ce jeu nous propose un bon moment. Il reste accessible à tout niveau de joueurs, les combats contre les différents boss se faisant assez bien. Le gameplay peut justement être un peu redondant pour les joueurs s’attendant à des mécaniques de combats variées, avec un bel arbre de compétence à la Shadow of War, mais les efforts restent tout de même appréciables. Je note cependant une fin un peu décevante, qui retombe, avec un boss final assez simple en fin de compte.

 

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