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Trois raisons de lire 47 cordes de Timothé le Boucher
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Trois raisons de lire 47 cordes de Timothé le Boucher

Aujourd'hui, je vous propose de découvrir 47 Cordes, la nouveauté BD hyper attendue du mois de novembre, œuvre de Timothé Le Boucher aux éditions Glénat !

Si vous ne connaissez pas Le Boucher, il FAUT absolument que vous y remédiiez ! En quelques années, et avec ses deux dernières BD, Ces jours qui disparaissent (2017) et Le Patient (2019), le jeune auteur est devenu le maître du thriller psychologique en roman graphique ! Cette fois, je peux vous parler de lui parce que 47 cordes parle de l'histoire d'amour d'une métamorphe et aborde enfin vraiment le fantastique.

Un univers envoûtant

Un livre de Timothé Le Boucher, ça se reconnaît. C'est beau : un dessin qui s'inspire du manga pour mieux frapper, que ce soit par l'horrifique ou la sensualité, des aplats de couleurs harmonieuses, c'est gros : près de 400 pages cette fois-ci, et c'est une histoire qui vous embarque tout de suite et qui vous marque à vie. Le jeune auteur a l'art de poser son atmosphère, qui s'empare alors de vous et ne vous relâche que lorsque vous aurez dévoré toutes ces pages. Et encore. Moi j'y repense à tout bout de champ, car c'est une expérience de lecture.

47 cordes se passe aujourd'hui, dans le sud de la France, où vit richement une créature métamorphe, à l'abri des regards bien sûr. Plage privée, yacht, manoir/villa, une vraie débauche de richesse. Sauf que son chemin va croiser celui d'un humain : Ambroise, un jeune homme qui vient d'arriver en ville et d'entrer dans l'orchestre de musique classique au poste de harpiste. Et elle va en tomber amoureuse. Pourquoi ce titre 47 cordes ? Parce que sous le couvert de l'un de ses alias, elle va lui proposer de lui offrir une harpe magnifique, dont la valeur est certaine, en échange de 47 défis ; un pour chaque corde de l'instrument.

Le dessin est simple mais poétique, il va à l'essentiel mais il est maîtrisé, tout en laissant l'auteur explorer son propre plaisir et s'exprimer ! La mise en scène est porteuse d'un sens instinctif, et d'une atmosphère hypnotique, envoûtante ! Les regards et les expressions des personnages vous parleront directement, parfois en double sens. Nous, on sait que la métamorphe se transforme en tel ou tel personnage, mais Ambroise lui ne le sait pas. Les romans graphiques de Timothé Le Boucher, ça se relit aussi.

"Tu finiras bien par m’appartenir, ma jolie proie."

Un jour, une métamorphe tombe amoureuse d’un jeune homme nommé Ambroise. Elle peut changer de forme à volonté, mais des questions finissent par la hanter : quel visage doit-elle incarner pour se faire aimer ? Qui doit-elle être pour conquérir sa proie ?

Inconscient de l’obsession dont il est l’objet, ignorant la vraie nature de la créature, Ambroise cherche à acquérir une légitimité au sein de l’orchestre qu’il vient d’intégrer en tant que harpiste. C’est alors qu’il rencontre Francesca Forabosco – cantatrice aussi excentrique que renommée – qui va le prendre sous son aile. Elle lui propose un marché. S’il veut obtenir la harpe de ses rêves, Ambroise devra relever 47 défis. Un seul échec, et l’instrument lui échappe...

L'ambivalence de la psyché

Dans toute son œuvre, Timothé Le Boucher s'intéresse à des thèmes profonds, sociétaux ou très actuels, et il le fait bien.

Il aborde de manière complexe et approfondie des facettes ambivalentes de la psychologie humaine et de son identité : le genre, la sexualité, le rapport au corps, la maladie, et bien d'autres. Il s'intéresse à notre construction individuelle par le rapport à l'autre (la famille, les amis, l'amour ou le désir), et il réussit grâce à des personnages incarnés et construits, par ses mains pour le coup, avec brio. Avec un métamorphe c'est encore plus marrant : plusieurs formes, c'est plusieurs personnalités !

Certains thèmes reviennent souvent : l'obsession, le désir, les pulsions, la maladie et les troubles psychiques. Ici, Ambroise n'est pas très à l'aise socialement parlant. Il est renfermé, calme, timide, plutôt renfrogné et solitaire. C'est naturellement qu'il rejette cette étrange femme lors de leur première rencontre, et c'est exactement cela qui fera que la métamorphe le voudra absolument. Que ferait une créature qui peut changer de forme pour assouvir son désir obsessionnel et avoir ce qu'elle veut ? Car les défis imposés au jeune homme l'amèneront évidemment à évoluer, en bien, bien sûr, mais pas que... Lorsqu'on étudie l'ambivalence de la psyché humaine, on se promène parfois dans le plus grand des malaises !

Des traces indélébiles

Construite en deux parties, l'histoire de 47 Cordes - Première partie ne fait que commencer, mais, comme dans le reste de ses productions, on y sent bien la cruauté d'une réalité implacable et menaçante. Si le pouvoir de changer de forme amène une liberté incroyable, la métamorphe fait partie d'un cercle, où il y a des règles, et d'autres métamorphes... qu'on sent plus ou moins bienveillants et qui n'aiment pas qu'on transgresse leurs règles. Amour ? Manipulation ? Ce tome finit en beauté avec un énorme cliffhanger comme on les adore (ou abhorre, c'est vous qui choisissez) !

On attend donc le tome 2 avec graaaande impatience, sachant que tout est enfin installé dans ce premier tome sensuel et kaléidoscopique, on s'attend à ce que tout s'accélère et se rejoigne dans la suite, prévue pour fin 2022 !

Attention, on ne ressort pas de la lecture de Timothée Le Boucher tout à fait semblable à ce qu'on était lorsqu'on a commencé !

Découvrez en un extrait sur le site de Glénat : ici !

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