Ugo Bienvenu est un réalisateur et dessinateur né en 1987. Il obtient un premier diplôme de métier d'art et d'illustration à l'école Estienne puis intègre la section cinéma et illustration des Gobelins. Suite à un séjour en 2010 au California Institute of the arts de Los Angeles, il s'oriente vers l'animation expérimentale. De retour en France, il intègre le programme "Image Temps Réel" en tant qu'étudiant-chercheur de l'INSAD. Il prolonge ainsi sa formation l'année suivante au sein d'Animation Sans Frontières.
Il réalise et écrits depuis 2010 des clips et des courts-métrages. En 2017, il fait partie du Palmarès des 30 éclaireurs de Vanity Fair. Il signe avec Kevin Manach l'affiche officielle du Festival International du Film d'Animation d'Annecy et il réalise avec Christian Debbane le film d'animation d'ouverture des Nuits de la Photographie des Rencontres Internationales de la Photographie d'Arles. En tant qu'auteur de BD, il se fait remarquer en 2019 avec la publication de Premium + (Realistes) et Préférence Système (Denoël Graphic) qui reçoit le Grand Prix de la critique et fait partie de la sélection officielle du Festival d'Angoulême 2020.
4. Ne pas mettre sa bite dans un grille-pain (Isaac Asimov, extrait des 4 lois de la robotique)
B.0. est un robot sexuel hétérosexuel. Il doit parcourir toute la galaxie afin de satisfaire sa nombreuse clientèle pour ses services. Au détour de ses rencontres avec ses clientes, B.0. nous raconte d'où il vient, ce qu'il est advenu de l'humanité, et plus généralement de la galaxie à la suite de l'arrivée de ces robots sexuels dans le quotidien des gens, mais surtout, pourquoi il est devenu une entité en voie de disparition et foutrement illégale.
"Defunce me !"
Avec sa couverture toute pailletée et son format atypique, on pourrait s'y méprendre sur le contenu de cet ouvrage. Qu'est-ce donc ? Encore une n'ième histoire dont vous êtes le héros ? Bon dieu non ! Si l'ouvrage est soigneusement emballé, c'est avant tout pour la mettre hors de portée vos chastes enfants à la vue de cette BD pornographique qui affiche clairement ses intentions, du cul et encore du cul.
Avec sa patte chromatique et son graphisme rétro, Ugo Bienvenu annonce la couleur, un bien bel hommage à cette époque vintage de la BD érotico-pornographique. Forcément, avec cette histoire de robot sexuel, on pense tout de suite à la série La Survivante de Paul Gillon. Ugo va plus loin en ajoutant de l'exotisme et un rendu encore plus cru des relations sexuelles robot-inter espèces de la galaxie. Ces extra-terrestres de sexe féminin affichent toutes un corps de rêve, dérivées dans des variantes chromatiques, oreilles pointues ou paires de seins supplémentaires. Le but n'est pas tant de chercher à représenter une vision potentiellement réaliste de ces aliens, mais de se faire plaisir à montrer "du cul". On a affaire à une succession de scénarios porno de l'espace avec des répliques plus grotesques les unes que les autres telles que " Madame… J'aurais tant aimé avoir une mère comme vous ! - Oh moi aussi Cindi !". Le porno-trash se mêle ainsi à un humour gras totalement assumé.
Trêves de plaisanteries néanmoins, à cette époque un peu bizarre où à l'aube d'un confinement national, on s'amuse à parler de ventes records de sex-toys. Ugo Bienvenu pointe dans son intrigue de l'espace du futur, un univers où l'Homme (avec un grand H), devient dépendant des machines pour son plaisir sexuel. C'est un futur imaginé dont on entend régulièrement parler quand on évoque le rapport de l'Homme à la machine. Le robot sexuel n'étant qu'une extension de la problématique. Il suffit de compter le nombre de séries, films et romans qui évoquent ce rapport-là pour se rendre compte que sous ce ton apparemment déconnant, qu'il est en fait totalement dans l'ère du temps.
Pour la thématique et le parti pris porno assumé ce n'est certes pas une BD à mettre dans toutes les mains. Mais je pense que les amateurs de BD érotiques prendront autant de plaisir que moi à parcourir ces pages. Ce fut pour ma part une très bonne surprise. J'ai passé un très bon moment de lecture, et cette collection BD cul dont on trouve les précédents tomes en 4ème de couverture ont davantage titillé ma curiosité.
Alors, faites-vous plaisir !
