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Un martien nommé Jésus
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Un martien nommé Jésus

Farmer, c’est un peu le Dante de la science-fiction. Ses romans, comme La Divine Comédie, explorent bien souvent les enfers, le paradis, le purgatoire, et parfois les trois en même temps. Pourtant, à regarder les photographies représentant ce petit homme grassouillet au sourire patelin, on ne saurait deviner qu’il fut à l'origine de quelques-unes des provocations les plus croustillantes de l’histoire du genre ! Il fut en particulier l’un des premiers à s’intéresser à la sexualité extraterrestre, et par conséquent à un nouvel aspect des relations entre espèces, humanoïdes ou pas. Il devait revenir sur ce domaine fascinant entre tous en donnant à un lectorat passionné d’intéressants détails sur la libido de quelques héros à fort potentiel érotique, parmi lesquels figurent en bonne place Tarzan et Sherlock Holmes. Avec une insolence loin d'être dénuée de profondeur, cet auteur décomplexé s’attaque cette fois à un mythe littéraire majeur, un personnage dont les aventures ont influencé une grande partie de l‘imaginaire et de l'histoire en occident : Jésus Christ, en suaire et en os !

Les aventures de Rabbi Jésus.

Un artefact évoquant furieusement un vaisseau spatial a été repéré par des astronomes terriens à la surface martienne. Il n’en fallait pas plus pour affréter une expédition exploratoire, la première sur la planète rouge. Le début de l’histoire ressemble à un canular : un chrétien, un musulman, un juif et un athée débarquent sur Mars où ils sont accueillis par des extraterrestres humanoïdes et visiblement israélites. Les astronautes ne sont pas au bout de leurs surprises puisque leurs hôtes vont les présenter au Messie en personne ! Il y a de quoi envisager de se convertir, mais un doute subsiste cependant. Même si le rabbi Jésus semble évidemment être celui qu’il prétend, quelle est la véritable nature du Fils de Dieu ? D’où vient-il et d’où tire-t-il son extraordinaire longévité ? Et surtout, quels sont ses projets pour les temps à venir ?
 
L’épître aux martiens selon Saint Farmer.

Depuis que le pape François Ier a déclaré être prêt à bénir les Martiens s’ils existent, la science-fiction pourrait bien connaître un regain d’intérêt pour le fait religieux, et plus particulièrement le christianisme. Le genre a notamment déjà donné un certain nombre de textes importants et quelques chefs-d’œuvre, parmi lesquels figurent en bonne place En remorquant Jéhovah de James Morrow, L’agneau de Christopher Moore, Voici l’homme de Michael Moorcock… Nous abordons ici l’un des thèmes privilégiés de P. J. Farmer : la religion. Notre auteur n’a pas seulement sexué la science-fiction, mais il l'a aussi sanctifiée en lui donnant de formidables romans à propos des fins dernières de l’homme et autres préoccupations spirituelles, dont les plus connus restent ceux du cycle Le Fleuve de l'éternité. Écrit après cette série, Un martien nommé Jésus en reprend un nombre important d’éléments, ce qui laisse à penser qu’il s’agit d‘un univers commun. Les références aux obsessions farmériennes sont bien entendu présentes et ce n’est donc pas un hasard si la chaloupe à bord de laquelle les Terriens débarquent sur la planète rouge s’appelle Barsoom, peut-être afin de rappeler que le pagne sied aussi bien au Christ qu’à Tarzan. Pourtant, et contrairement à ce que le titre pourrait laisser supposer, le roman n’a rien des exquises bouffonneries que livrait parfois P. J. Farmer. Le ton reste ici relativement sérieux, tout en gardant une certaine distance ironique, et les spéculations métaphysico-historiques développées restent suffisamment improbables pour provoquer plus d’un sourire amusé. Largement sous-estimé, Un martien nommé Jésus figure parmi les romans les plus savoureux de P. J. Farmer. 

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