Floriane Soulas est née en 1989, après des études en école d’ingénieur, elle obtient un doctorat en génie mécanique, mais la littérature qu’elle dévore dès son plus jeune âge la rattrape. De son amour pour les auteurs du XIXe (Zola et Hugo) et les grands maîtres de la science-fiction (Asimov et Orwell). Elle a fait une entrée remarquée dans les littératures de l’Imaginaire avec son premier roman steampunk Rouille (Scrineo, 2018) couronné par le Prix ActuSF de l’Uchronie, le Prix Imaginales des Lycéens et le Prix Chrysalis – European Society of Science-Fiction. L’année suivante, elle emmène ses lecteurs dans la fantasy d’un Japon médiéval avec Les Noces de la renarde (Scrineo, 2019). Mais c'est surtout avec les Oubliés de l'Amas (Scrineo 2021), un roman de space opera (Prix Utopiales 2022) qu'elle acquiert rapidement le statut d'autrice d'Imaginaire incontournable. On la retrouve également dans le recueil de nouvelles Nous parlons depuis les ténèbres (Goater 2023).
Un récit post-apocalyptique d'une grande noirceur
Dans un monde en ruines, rongé par la maladie, les difformités et les inégalités. Férale est traitée comme un monstre, autrefois exhibée comme un animal de foire, Lottie la sauve de l'enfer pour lui apprendre à survivre dans ces plaines de cendre, vivant au jour le jour en protégeant les convois de caravanes contre les attaques potentielles.
C'est dans ce contexte que le passé de Lottie la rattrape, alors qu'elle avait juré de ne jamais retourner à Tonnerre, cette cité close aseptisée où des chercheurs chercheraient à comprendre les mutations humaines, les événements en ont décidé autrement, et les deux femmes vont alors devoir s'y rendre. L'une cherchant à trouver les réponses sur ses origines de mutante, l'autre essayant de préserver sa protégée de la cupidité des Hommes.
Un coup de cœur
Tonnerre après les Ruines est incontestablement la preuve qu'on peut encore écrire un récit sur un sujet ma foi déjà fort éculé, le genre post-apocalyptique et réussir à provoquer une grosse claque littéraire. Le récit s'articule en première partie sur un genre plutôt road trip, avec un rythme assez lent mais une tension latente qui ne nous quitte pas. Elle décrit avec brio les conditions sommaires de ce duo de femmes hors du commun, nous permettant ainsi de nous attacher à ces figures en quelques pages seulement. Avec leurs qualités et leurs défauts, ce ne sont pas seulement des femmes badass, elles ont leurs qualités et leurs défauts. Férale fait preuve d'une grande immaturité émotionnelle. Quant à Lottie, son impulsivité et sa froideur a de quoi énerver. Mais qui pourrait lui reprocher son attitude dans ce monde où l'on peut mourir n'importe quand ?
D'autre part, j'ai été tout simplement bluffée dans les descriptions de ses ambiances. Je me rends compte que c'est la première fois que j'ai pu lire et imaginer avec précision l'horreur, sentir et voire la pourriture en lisant ses mots. On imagine aisément la grisaille omniprésente, et ces pluies acides qu'on doit éviter à tout prix, elle arrive à susciter l'effroi dans ses descriptions de monstruosités mi humaines mi animales.
La seconde partie du récit marque une accélération notable de l'intrigue, davantage inspiré du thriller et du roman noir. A un rythme tout simplement haletant, à l'image des péripéties de nos héroïnes, j'ai été tout simplement happée et captivée par son récit.
En bref, une très bonne cuvée pour les amateurs du genre. Ne passez pas à côté.