Grands froids
Cela fait largement plus d’une quinzaine d’années que la série Sillage a débuté. Chaque album est l'occasion de retrouver le personnage de Nävis, jeune terrienne orpheline recueillie par la civilisation du gigantesque convoi spatial nommé Sillage et devenue une version galactique de James Bond.
La réussite de la série tient à ce que chaque album constitue un défi supplémentaire pour l’héroïne, qui a perdu son innocence en assistant aux jeux de pouvoir qui agite cette civilisation errante. Pour autant, Nävis a gardé sa fraîcheur et, toujours flanquée de Bobo et Snivel, elle est cette fois-ci embarquée dans une aventure où elle retrouve son grand amour, Clément Vildieu (croisé dans le troisième album, on vieillit).
Son but est simple : lui apprendre qu’il est père d’un enfant de dix-sept ans (il faut relire le volume précédent d’urgence si vous ne savez pas de quoi je parle). Mais la planète de Clément est en pleine révolution et Nävis ne pourra s’empêcher d’y mettre son grain de sel…
Ça marche et on en redemande
Les dix-sept albums que compte Sillage ne sont pas tous du même niveau. Il y en a des bons, des moins bons, des excellents et des médiocres, comme dans toute série. Malgré cela, la série fonctionne et ce d’abord grâce au scénariste, Jean-David Morvan qui sait doser son scénario : il faut de l’action (chaque album comporte sa dose de combats et de rebondissements), de l’exotisme (on ne se lasse jamais de la description truculente des races extra-terrestres qui peuplent Sillage et de leur coexistence compliquée : Morvan est ici un héritier direct de Jack Vance) et de l’empathie : le public ne se lasse jamais de Nävis et la suit dans chacune de ses péripéties.
Saluons aussi le graphisme de Philippe Buchet qui n’a pas son pareil pour décrire l’univers de la série (Jean-Claude Mézières a trouvé son héritier), synthétisant à la fois l’héritage de la BD francophone et l’apport du manga. Cet album-ci, Grands froids, fonctionne assez bien, même s’il innove peu, et ravira les amateurs que nous sommes. Ne boudons pas notre plaisir (rare ces derniers temps) et lisons Sillage !