Forcément bonne cette anthologie. Avec une table des matières qui vous a des airs de générique de superproduction hollywoodienne : Isaac Asimov, A.E Van Vogt, Robert Sheckley, Arthur C. Clarke, Ray Bradbury, Stanley Weinbaum… pour ne citer qu'eux.
Du classique
Il faut dire que cette Histoire de Mondes Etranges, s'inscrit dans le cadre de la Grande Anthologie de la Science Fiction, colossal projet conduit par Klein, Goimard et Ioakimidis. Né en 1966, il avait pour but de présenter sur 40 volumes l'anthologie de référence de la S.F. Aussi n'ont-ils pas hésité à taper parmi les plus prolixes et les plus doués des écrivains de l'Âge d'Or. Donc, pas de jeunes talents ici ; que du confirmé, du classique, du blanchi sous le harnais de la nouvelle à l'américaine. Alors, pas non plus d'auteurs français et encore moins européens, mais on ne va pas cracher dans la soupe, surtout lorsqu'elle est aussi délicatement préparée.
Rien à jeter
Evidemment, avec des anthologistes comme ceux-là, il fallait s'attendre à un résultat de très, très haute tenue. Chaque nouvelle est un petit bijou d'originalité, pas une seule à jeter, que du tout bon. De L'Odyssée Martienne qui ouvre le volume (dans une traduction plus ancienne et bien moins bonne que celle qui figure dans l'Histoire de la SF de Sadoul), à la vision grinçante de l'Utopie que nous livre Robert Sheckley, nous allons passer en revue toutes les définitions possibles d'un monde étrange. Que l'étrangeté vienne du monde en lui-même, comme dans le brutal Bucolique de Van Vogt ou le très sage Icy, il doit y avoir des tigres de Bradbury, qu'elle vienne de ces habitants (l'hilarant Conquête de Tiptree par exemple), ou de l'idée que l'on s'en fait (Un billet pour Tranaï de Sheckley), c'est toute une palette d'interprétations de l'inconnu et de l'insolite qui nous est livrée. Il y a dans ce recueil tout le talent et l'intelligence des meilleurs auteurs du genre, mais on y retrouve aussi le charme un peu magique de cette SF de l'Âge d'Or, subtilement militante, pratiquée par des gentlemen doux-dingues à une époque où tout était plus simple. Le choix des textes n'a vieillit que ce qu'il faut pour lui donner la patine du beau. Espèrons que la présente réedition augure une ressortie des 40 volumes. Ca prend bien un peu de place sur les étagères, mais ça vaut le coup.