Venise noire

Pour son cinquième numéro (déjà !) l'anthologie périodique des éditions de l'Oxymore s'attaque à Venise. Ville mythique aux multiples légendes, le choix d'Emblèmes n'a rien d'étonnant. La cité des Doge possède assez de mystère pour inspirer bon nombre d'écrivains. D'ailleurs, les articles de Léa Silhol et Fabrice Colin en fin d'ouvrage montre bien la fascination qu'a exercé Venise sur des auteurs comme Chateaubriand ou Byron.

8 + 1

Au sommaire de ce nouvel opus, neuf écrivains ont répondu présent (enfin huit si on exclue Théophile Gautier). Peu de grands noms au programme à part Tanith Lee mais surtout des habitués des anthologies françaises en ce moment. Jess Kaan, Denis Labbé, Mélanie Fazi, David Cathiaux… autant d'auteurs dont les noms ne nous sont pas vraiment inconnus même s'ils leurs manquent encore un roman pour véritablement s'imposer. Parmi leurs visions de Venise, celle de Mélanie Fazi (De minuit à minuit, Douces ou cruelles, Ténèbres 2000) est sans doute la plus poétique. Un homme est condamné par la cité à capturer des soupirs. L'idée est belle et il faut vraiment lire cette petite histoire. Côté ingéniosité, citons aussi David Cathiaux et son 1575 - 1577. Encore une nouvelle dont on ne peut révéler grand chose, sauf qu'il s'agit du récit d'un peuple traqué. Les textes de Denis Labbé et Jess Kaan (Lilith et ses sœurs, Science et sortilèges, Jour de l'an 1000) sont eux plus sanglants, plus noirs mais tout aussi divertissants.

Autre noirceur, celle d'un nouveau venu, Léo Henry. Notes pour un Labyrinthe joue avec l'amnésie d'un homme qui tente d'écrire pour lutter contre l'oubli. Quel lourd secret sa mémoire lui cache-t-elle ? La partition est classique mais la qualité est au rendez-vous et on se laisse prendre facilement par ce texte. Une première réussite. De même dans la frénésie de compliments, saluons les nouvelles de Luvan et de Charlotte Bousquet.

Bravo

En prenant un peu de recul, ce numéro 5 d'Emblèmes n'a que peu de défauts. Il n'y a pratiquement rien à jeter. A peine pouvons-nous nous interroger sur l'opportunité de publier le début d'un roman de Théophile Gautier. Mais il s'agit vraiment de pinaillage. Venise Noire est très clairement une réussite avec des nouvelles de qualité et une partie analyse un peu plus étoffée. Rien à dire. Bravo.