Cela fait déjà quelques années que Bifrost est sur les rails. La formule est bien rodée et c'est toujours avec plaisir que l'on reçoit un nouveau numéro dans sa boîte aux lettres. Pour son 26ème opus, pas de changements au programme : trois nouvelles et une partie critique copieuse.
3 bonnes nouvelles...
Côté fictions, Thomas Day, Francis Berthelot et Karl Schroeder se partagent le sommaire. Trois auteurs à qui l'on peut décerner un coup de chapeau. Le premier, Thomas Day, nous livre une nouvelle bien sympathique. Un homme raconte sa folle histoire à un ours polaire autour d'un bon feu de camp. La situation est cocasse et son récit l'est tout autant. American Drug trip vaut surtout pour le bagou du narrateur qui est aussi le personnage principal. Son langage fleurit rend l'aventure de cette petite frappe issue d'une banlieue miteuse, légère et croustillante. On aime la balade délirante. Bref on s'amuse et l'on ne s'en plaindra pas. Peinture de Nuit de Francis Berthelot est déjà plus sérieux. L'auteur de Rivages des intouchables, Khanaor et Le Jeu du cormoran met en scène le dialogue d'un peintre avec le personnage principal de l'un de ses tableaux. En toile de fond, le lecteur a le droit à une petite réflexion sur l'acte de création. Peinture de nuit a ceci de particulier qu'il n'y a quasiment pas d'action. Le récit est basé sur une idée forte et sur la relation entre les deux protagonistes. Voilà qui est rare à lire dans la production actuelle de nouvelles en science fiction et qui rend ce texte d'autant plus intéressant même s'il peut sans doute en dérouter certain.
... et un petit nouveau !
Le troisième et dernier auteur de ce numéro est un parfait inconnu. Karl Schroeder est un auteur canadien né en 1962 et qui a pour titre de gloire d'avoir écrit un roman, Ventus, que l'on nous annonce comme un nouvel Hypérion et qui paraîtra en juin prochain chez Denoël. C'est normalement LA révélation de l'été à venir. En attendant cette révolution annoncée, Bifrost publie donc une novella de Karl Schroeder (presque 50 pages). Le thème ? Une espèce d'aventurier partant pour Tchernobyle pour démêler une bien étrange intrigue autour de la centrale nucléaire. Selon certaines sources, il y aurait un dragon qui vivrait dans le coin. Une hypothèse peu crédible à l'heure d'internet. La dernière page tournée, le bilan est plutôt positif. On se prend facilement au jeu de cette histoire à l'ambiance assez étrange. L'écriture est agréable, l'originalité aussi. Bref, voici un premier bon point pour Karl Schroeder. Espérons que Ventus confirme maintenant toutes nos attentes.
Good news...
Pas grand chose à dire de la partie critique de Bifrost, si ce n'est qu'elle est toujours excellente. A signaler quand même l'interview de Jacques Chambon après celle de Michel Demuth dans le dernier numéro. Ces deux là on bien des choses à raconter et des souvenirs passionnants (Jacques Chambon a notamment été directeur de collection chez Denoël et occupe aujourd'hui ce même poste chez Flammarion).
La conclusion de cette chronique sera rapide. Ce numéro est excellent, tout simplement. Une bonne revue que l'on aime lorsqu'elle est de ce niveau là.