Demain les chiens

Demain les chiens

Demain les chiens est un chef-d'œuvre. Un des piliers de la SF moderne. La rédaction des huit nouvelles qui le composent s'étend de 1944 à 1951 et c'est en 1952 qu'il fut publié aux USA sous la forme d'un roman. Couronné du Prix International de Fiction, il fut immédiatement traduit en France par lLe Club Français du Livre. Parmi les autres grandes réussites de l'auteur, on pourra citer les excellents : Le Pêcheur, Dans le torrent des siècles ou encore Au carrefour des étoiles.

Un peu d'histoire…

Entre 1944 et 1951, la période est plus que mouvementée. La Seconde Guerre Mondiale s'achève sur Hiroshima et Nagasaki, on découvre l'horreur des camps de concentration et de l'application des théories nazies. La philosophie progressiste s'effondre sur elle-même. Comment peut-on encore penser que l'humanité va lentement mais sûrement vers un mieux alors que la plus puissante invention humaine vient de se transformer en instrument de mort absolu ? Dans un Occident soi-disant civilisé ont germé des idées capables de créer des lois, de mettre en place une industrie complète dans le seul but d'exterminer une partie de notre espèce. Pire encore, on sait désormais que la prochaine guerre mondiale sera la dernière : la fin du monde en une apocalypse nucléaire. Les lendemains ne chantent plus, le retour sur Terre est brutal et horriblement douloureux.

La science devait servir le progrès…

Après un tel choc, les thématiques des auteurs de SF se recentrent. Schématiquement, le sujet abordé passe de la conquête des étoiles aux différentes formes possibles de suicides de l'humanité. Dès lors, plus besoin d'ET belliqueux, il nous suffit d'une bonne grosse guerre des familles qui fleure bon l'uranium pour atomiser le système. L'humanité, tel un parasite est capable de déclencher n'importe quel cataclysme : hiver nucléaire, attaque bactériologique, désastre écologique, guerre civile…

…on sait désormais qu'elle peut être l'outil de la destruction absolue

La démarche de Simak est toute autre car s'il envisage bel et bien notre anéantissement, cela ne se déroule pas dans un bain de sang. L'homme est simplement supplanté par une nouvelle espèce intelligente : le chien. Ces huit tableaux se succèdent en montrant notre espèce se retirer petit à petit, sans violence, juste par lassitude de la vie. Les canidés que nous avons rendus conscients nous accompagnent tout d'abord - ultime démonstration de fidélité - pour ensuite nous oublier. L'humain ne subsistera dans la mémoire des chiens qu'à l'état de légende…

Un conte philosophique inoubliable

Certains recueils de nouvelles sont assimilables au roman tant les textes qui le composent forment un tout cohérent. Demain les chiens fait partie des tous meilleurs comme Les Monades urbaines de Silverberg ou plus récemment de Kirinyaga de Resnick. Très justement considéré comme un chef-d'œuvre incontournable, Demain les chiens est un conte philosophique à savourer au moins une fois dans son existence.