Souvenir
De l'avis général, Philippe K.Dick est sans doute un des écrivains les plus intéressants de la science-fiction américaine. Auteur de véritables chef-d'oeuvres du genre tels qu'Ubik ou Le maître du Haut Château, il a excellé dans le roman et dans la nouvelle laissant une Suvre foisonnante et riche derrière lui. Le cinéma hollywoodien ne s y est d ailleurs pas trompé. Ses écrits ont inspiré notamment Blade Runner et plus récemment Minority Report. Son succès lui vient surtout de son questionnement perpétuel sur la réalité. Le monde qui nous entoure est-il réel ? Et qu'est ce qui définit un être humain ? Deux questions majeures qui se retrouvent dans ses récits tout au long de sa vie.
Retour sur Le maître du Haut Château
Publié une première fois par les éditions Denoël, l'originalité de ce recueil tient surtout dans les deux textes théoriques qui sont présents au début de l'ouvrage. Et surprise, l'un d eux est entièrement consacré au maître du Haut Château. Dans un style « parlé » et vivant, Dick explique simplement qu il faut enterrer ses divergences avec l'Allemagne. Quinze ans après la fin de la guerre, il s échine à démontrer que non, tous les Allemands ne sont pas des nazis dans l'âme et qu il est possible de tendre à nouveau la main vers ce pays déchiré. Des propos peut-être pas si évidents à tenir en 1964.
Côté nouvelles, l'ensemble de ce livre est composé de textes datant de 1954. Alors jeune auteur (il avait 26 ans), Dick explore notamment les voyages dans le temps et les conséquences de ceux-ci. A noter sur ce thème Interférence, une nouvelle dans laquelle des savants sont paniqués après un voyage vers le futur : en moins d un siècle les humains auront totalement disparu de la planète. On y trouve également les prémices de sa réflexion sur la réalité et sur la manipulation du commun des mortels. D une part Rajustement et la drôle d expérience d un homme qui découvre ce qu il n aurait jamais dû voir, d autre part Progéniture, un texte décrivant un futur où l éducation des enfants est entièrement contrôlée par les robots.
Pas indispensable
Souvenir n est pas un mauvais recueil. Néanmoins, si la nouvelle éponyme est excellente, le reste n 'est au mieux qu'agréable. Dick n y donne pas encore le meilleur de lui-même. Quant aux deux textes théoriques, il faut du courage pour s'y attaquer (surtout pour La schizophrénie et le Livre des Changements). De toute façon, ils n intéresseront véritablement que les fans qui veulent en savoir toujours plus sur l'auteur d'Ubik. En résumé, sans être détestable, Souvenir n'est pas un recueil indispensable de Philip K.Dick.